
C’est quoi Lifou ? Lifou, c’est d’abord une des quatre îles Loyauté (avec Maré, Ouvéa et Tiga), située au nord-est de la Nouvelle-Calédonie. Lifou, c’est notre énorme coup de cœur d’il y a 13 ans lors de notre première venue sur le Caillou avec notre Mariette préférée, et ce sont d’excellents souvenirs partagés 7 ans plus tard avec Marianne et Nicolas, des copains médecins qui sont venus y vivre et travailler au dispensaire de santé pendant trois ans. Il se trouve que Lifou est devenue maintenant la terre d’accueil pour quatre ans de Coco et Nico, un des collègues d’EPS de Pierre ayant obtenu sa mutation pour la Nouvelle-Calédonie en février dernier ! On y revient donc avec un bonheur immense, bonheur de retrouver des émotions uniques liées aux couleurs, aux paysages, à la culture kanak, à la population, et bonheur d’y découvrir encore de nouvelles choses, guidés par nos amis adoptés désormais par la population ! Lifou c’est son minuscule aéroport et son agitation heureuse, où les femmes en robe-mission viennent chercher le fret expédié de Nouméa. Lifou, ce sont ces terres organisées en tribus, qui n’appartiennent qu’à elles-mêmes, et où chaque touriste (pas très nombreux !) doit se considérer comme invité respectueux. Lifou, c’est le temps qui s’étire au rythme nonchalant de ces autochtones, pour qui l’échelle de la journée est en phase avec la nature, pourquoi se presser ? Lifou, ce sont ces terrains herbeux avec leurs petites clôtures taillées dans le bois, organisés dans un joyeux bazar entre les cases en dur, les cases de taule et surtout les cases traditionnelles rondes en paille, qui elles ont résisté aux cyclones de février ! Lifou ce sont ces sculptures taillées dans les troncs, aux figures primitives mélanésiennes, qui rappellent à quel point la culture kanak tribale est ancrée ici. Lifou c’est la grande chefferie et les sous-chefs, qui régissent l’organisation parfaitement hiérarchisée de l’île, avec un absolu respect des coutumes, des tabous, des terres. Lifou, c’est un signe de la main à chaque personne croisée, à chaque voiture croisée : on se présente toujours les uns aux autres. Lifou, ce sont ces visages kanak initialement fermés, qui se dérident en un large sourire à chaque fois que vous vous adressez à eux pour un bonjour, un merci, un renseignement. Lifou, ce sont ces petites routes sans panneau au milieu d’une végétation luxuriante, et ce sont ces gens qui vous répondent quand on demande son chemin : « ben tu vas par là comme ça, et puis encore comme ça » et qui font que tu n’es pas sûre d’avoir compris le chemin une fois que tu refermes ta portière. Lifou, ce sont ces gens qui te répondent de leur fameux haussement de sourcil impassible pour te dire « oui » comme pour te dire « non ». Lifou, ce sont ces gens qui communiquent entre eux lorsqu’ils ne sont pas côte à côte avec des grands signes et des paroles muettes qu’on lit sur les lèvres ! Lifou, c’est une île toute plate recouverte de forêt primaire, posée dans un lagon extraordinaire, aux camaïeux de bleus incroyables à la lumière du matin si le soleil est au rendez-vous. Lifou s’appelle Drehu en langage lifou (prononcer « Djéou »), où les « J » se prononcent « Z », où les « Q » se prononcent « R », où les « X » se prononcent « CH », où les « R » se prononcent « J ». Lifou ce sont des plages sublimes de sable farineux, ce sont des roches au milieu des baies, ce sont des PMT géniaux, ce sont des falaises sublimes plongeant dans le turquoise. Lifou, c’est une flore multicolore de frangipaniers, hibiscus, amarylis, papayers, corrosols, palétuviers, cocotiers à foisons, et pins colonaires. Lifou, c’est les poules et leurs poussins en liberté, les cochons sauvages, les chiens et les chats maigrichons qui circulent partout. Lifou, c’est les enfants qui jouent au foot et te font des grands bonjours quand tu passes, c’est les enfants qui plongent dans leur lagon. Lifou, ce sont ces pêcheurs en chasse sous-marine, c’est cette faune sous-marine incroyablement riche, des plus petits poissons aux plus gros mammifères (les baleines et leurs bébés en saison), ce sont ces gorgones géantes et ces galeries de calcaire sous le grand bleu. Lifou, c’est nos premiers tremblements de terre et notre première alerte au tsunami, des sensations vertigineuses et angoissantes où la nature te rappelle que c’est elle qui commande ! Lifou, c’est le bruit des vagues qui se cassent sur le sable quand tu t’endors, et qui est toujours là quand tu te réveilles… Lifou, c’est un petit paradis qui se mérite, loin du tourisme habituel, loin des codes occidentaux, où il faut toujours, à l’image de son peuple, se considérer avec humilité et respect pour pouvoir jouir de ces formidables paysages.