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Reserva Pacuare, un sanctuaire vert qui grouille de vie





Deux jours nous attendent au bout du monde, sur la côte nord de la côte Caraîbes, en bordure du parc national de Tortuguero. Arawak Experience nous a dégoté un petit trésor d’endroit, préservé du tourisme, et entièrement géré par les ticos. Après 2h d’une belle route, puis 30 minutes de piste, puis 30 minutes de barque à moteur à travers les canaux, nous voilà arrivés dans la réserve de Pacuare. Au milieu d’une forêt tropicale humide, en bord d’une plage très sauvage de sable noir, et d’un réseau de canaux humides, une multitude d’écosystèmes costariciens vont se révéler à nous, valant à toute cette belle région du pays le surnom de « Petite Amazonie ». Fondée en 1993, elle doit son existence initiale à un britannique qui avait acheté les terres dans le but initial de cultiver la banane avec les ticos. Heureusement il prend rapidement conscience que ses terres étaient sur une plage de 6 km de long qui s’avérait être le lieu de ponte le plus important de toute la zone caribéenne pour la tortue Luth, la plus grosse tortue de mer au monde ! Le projet change alors de cap, et il fonde une réserve, protégée de la déforestation et des cultures, entièrement gérée par les locaux, qui accueille en son sein une association internationale de protection des tortues, pour un travail quotidien de titan d’observation et de recensement des populations de tortue de mer sur le secteur. Nous sommes logés dans des chambres tout en bois, ça sent bon la cire, perchées à l’étage d’un grand carbet, toutes simples, avec ventilation naturelle par les ouvertures et moustiquaires. Le repas est servi dans un autre bâtiment de bois et de tôle, et on se régale : la cuisine est mitonnée toute la journée par des cuisinières ticos aux doigts d’or : du petit déjeuner au dîner, tout est fait maison, en toute simplicité mais quel régal ! Jus frais à chaque repas, petites crêpes faritas au fromage, beignets de banane plantain, légumes mijotés, fruits et confiture d’ananas mémorable ! et bien sûr à chaque repas le riz et les haricots rouges, savoureux ! Nous sommes ici avec les ticos qui gèrent la réserve, et les volontaires de l’association internationale, c’est donc une vie bien réglée qui s’offre à nous, une vie communautaire très appréciable ! Mais la Réserve Pacuare c’est aussi et surtout un véritable jardin d’Eden qui nous entoure, ça grouille de vie ici ! De la vie microscopique avec des autoroutes entières de fourmis rouges sillonnant le sol, dans un chassé-croisé continu de travailleuses portant des morceaux de feuilles sur le dos, à la vie reptilienne en passant par les singes capucins, les signes hurleurs, les énormes crabes, les iguanes, et les oiseaux, on ne sait plus où donner de la tête ! Les stars du coin au sol sont les lézards coureurs : le fameux Basilic vert (Basiliscus verde), adoré de Basile depuis toujours grâce à son nom !, et le lézard Jesus Christ, appelé ainsi car il marche sur l’eau ! Il y en a plein le jardin, cachés sous les fougères, sur les troncs des cocotiers, mais ils ne se laissent pas approcher et s’enfuient aussitôt devant nous dans cette course debout sur pattes très rigolote et ultra rapide ! Basile a réussi à filmer une femelle vert vif galopant sur un marécage au cours d’une balade dans la forêt avec une guide, et la transformation au ralenti de la vidéo est géniale pour comprendre le mode de course de l’animal ! Nous sommes aussi entourés de singes capucins à face blanche, qui font remuer les palmiers dans tous les sens, mais restent sauvages et se méfient, n’approchant jamais l’Homme de très près. Leur regard est perçant et si expressif, ils font preuve d’une telle ingéniosité pour manger de la coco, on reste ébahis devant nos cousins… Une belle balade le matin au cœur de la forêt tropicale humide de la réserve, accompagnée d’une guide ticos, est un merveilleux cours de biologie ! Feuilles qui se referment quand on les touche, fruit qu’on presse pour avoir de l’eau, nécessaire en cas de survie dans la jungle, observation des interactions entre capucins à face blanche, singes araignées, et singes hurleurs (Mono Congo), on découvre au sol une nouvelle variété de toute petite grenouille : la grenouille dite « en jean’s bleu » !!! 2.5 cm, assez difficile d’approche, il faut jouer de prudence pour réussir ses clichés ! Appelée ainsi car ses pattes arrière sont noires à bleu foncé, mimant le port d’un jean’s ! Le t-shirt lui est tout rouge à points noirs ! Il y en a partout et les yeux de plus en plus affutés finissent par la repérer sans guide. Les insectes sont aussi remarquables : on voit en se levant sur la moustiquaire un phasme, géni du camouflage, en forme de feuille vert vif, et la balade nous révèle sur un tronc un immense papillon, de la taille d’une main ouverte, avec un œil jaune et bleu au centre de l’aile inférieure, le « Caligo Eurilochus ». Partout les fourmis poursuivent leur inlassable labeur de transport de feuilles, et nous finissons la promenade avec quelques frissons : juste en bordure de chemin, sur une fougère, un petit serpent fondu dans le décor, qu’on prendrait pour une simple fine liane… Mais la tête est là et guette, et je parviens même à filmer la minuscule langue qui siffle devant nous… La réserve est aussi réputée pour ses oiseaux pêcheurs, et accueille notamment une colonie de hérons bleus superbes, les Agami, dont nous avons compris que leur présence est exceptionnelle, endémique du lieu, le héron étant habituellement un oiseau solitaire. Je vous laisse donc une jolie collection d’images animalières, merci aussi à notre guide qui nous a passé certaines des photos prises avec nous car mon zoom n’était pas assez puissant. Elle a eu la chance de vivre un regard croisé avec un jaguar il y a trois semaines, exactement où nous sommes passés avec elle, sa photo est superbe... et de voir traverser un puma dans le canal la semaine passée!! Basile est aux anges, et exerce ses talents de cameraman, et Zoé se sent maintenant une âme d’exploratrice, fière, avec son chapeau et sa petite lampe torche (Reine des Neiges..) d’ouvrir la marche la nuit pour nous éviter les crabes et les gros crapauds ! Imaginez pour finir ces journées si riches ponctuées d’un moment de poésie absolue une fois la nuit tombée : le jardin et le chemin qui nous ramènent aux chambres s’illuminent de petits scintillements verts qui clignotent ça et là, les lucioles enchantent nos allers et retours dans la nuit ! Je ne peux m’empêcher de penser au monde fantastique du film Avatar, décidément ce pays est un véritable sanctuaire de vie sauvage !





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