

Nous partons ce matin pour une journée sur l’île de Floreana, la plus petite des quatre îles habitées des Galapagos (moins d’une centaine d’insulaires), à 1h30 de vedette à grande vitesse au sud de Santa Cruz. Rendez-vous donné devant l’église, Pierre vient me voir : « je crois que ce mec, là, il m’a proposé de la drogue.. » On applaudit le niveau d’anglais : c’était le guide qui venait offrir des médicaments contre le mal de mer !! Nous avons deux guides, l’un maîtrisant plus l’anglais, un petit côté Al Pacino très enthousiaste, l’autre qui aura dormi à côté de moi tout le trajet, un brin anachronique : le sergent Garcia en personne, même corpulence et même moustache, en petites tennis blanches en toile, assez touchant en fait…Effectivement, même si la météo est aujourd’hui très belle, la mer n’en est pas moins agitée, et le trajet est un peu éprouvant, il faut bien accrocher ses estomacs ! Tout le monde résistera au final, et nous voilà arrivés sur l’île de Floreana, qui semble vierge de vie humaine. On débarque et on commence par s’enfoncer dans l’île pour aller voir quelques tortues terrestres, un labyrinthe naturel de pierre, et un joli point de vue sur la mer, on se régale d’oranges juteuses à souhait, cueillies sur l’arbre. On sympathise avec un couple de retraités baroudeurs espagnols qui sont en vadrouille depuis 5 ans dans toute l'Amérique du Sud avec leur camping-car 4x4 : ils ont tout fait, ne leur manquait que les Galapagos! Ils nous racontent plein d'anecdotes et sont d'accord avec nous pour penser qu'ici tout est très cher (sauf les logements si on s'y prend bien, et les repas du midi (encore qu'avec 5 dollars l'almuerzo (repas complet du midi avec soupe, plat et limonade, ça reste deux fois plus cher que sur le continent!), et que c'est parfois clairement abusé, on se sent un peu des vaches à lait avec ces taxi-boat qui nous font payer 1 dollar par personne à chaque liaison vers un bateau qui mouille au port : à 5, la facture monte rapidement ! On fait nos Européens un peu râleurs mais bon, la suite va nous faire totalement oublier ce ressenti !!
En effet le meilleur reste à venir, on nous emmène enfin sur la Loberia, la plage de sable blanc où nous est promis le snorkelling… Une belle claque : une crique d’eau limpide, sable corallien blanc, une très grosse tortue verte est sortie prendre le soleil, un splendide tapis rouge contraste dans le bleu, le blanc et le vert de ce tableau idyllique, on dirait des algues aux allures de corail, les couleurs sont éclatantes et je me régale avec l’objectif. Les paysages sont ici inédits, on est assez skotchés… Puis on se met à l’eau et on prend une deuxième claque (le retour !) avec plusieurs tortues de mer, des jolis poissons-perroquets et des otaries qui batifolent autour de nous, on n’en croit pas nos yeux !!! Elles évoluent à une vitesse impressionnante, gracieuses, dans un jeu de nage d’une grande intelligence, à nous frôler puis nous éviter, en tournoyant, en virant de bord au dernier moment, à chercher le contact avant de décider soudainement de s’éloigner. Ce qui est fou, c’est que malgré leur corpulence - ce sont de grands mammifères - et malgré la clarté de l’eau, on ne les voit pas arriver, en deux virages on réalise qu’elles nagent à nos côtés, nous touchant presque, et à peine a-t-on le temps de le réaliser qu’elles sont déjà reparties, avant de revenir à nouveau, un vrai jeu de cache-cache dont on se régale ! On se sent littéralement dans un autre monde, un monde extra-terrestre, hors du temps ! On est contents d’avoir les combinaisons, transportées depuis le début du voyage, car l’eau, en cette saison sèche, n’est qu’à 20-21 degrés, et c’est très confortable de pouvoir rester dans l’eau profiter du spectacle. On est conquis. Et on n’a pas du tout envie de sortir malgré les appels du guide !! Mais il est temps de laisser la nature reprendre ses droits en toute solitude, et nous nous dirigeons pour la fin de journée sur une plage de sable brun, très jolie, mais moins peuplée en faune : jolis crabes, des iguanes aux reflets rouges, et une tortue sous l’eau, mais ici la visibilité est clairement moins bonne. En sortant, un échassier marche élégamment devant nous ; la nature a tous les droits, c’est incroyable de pouvoir assister à un tel spectacle. Le retour se fait sous le soleil du soir, des étoiles plein les yeux, je vais rêver longtemps de ces paysages incroyables !
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