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Attachante Taroudant, ou la rencontre inattendue avec son uluberlu!








Taroudant, pour deux nuits. Cette fois, nous allons nous poser en ville, dans une cité marocaine pur jus!

Taroudant ne se visite pas, Taroudant se vit.

Taroudant n’est pas une ville touristique, c’est une ville qui fonctionne avant tout pour ses habitants, et c’est ce qui la rend si attachante.

Mais le double effet kiss-kool, c’est la rencontre inattendue que nous y avons faite, avec Yves.

Yves, c’est notre hôte, le Breton émigré depuis plus de quinze ans au Maroc. Nous avons réservé dans son riad (qui veut dire "paradis“ en arabe), un hâvre de paix, plutôt hors-normes!!! Deux huskies recueillis absolument adorables (Croc-Blanc et Shakira, qui deviendront les meilleurs amis des enfants le temps de notre court séjour), une femelle sanglier élégamment prénomée Putina – qui se fait la malle tous les soirs dans le quartier en s’échappant de son enclos et oblige son propriétaire à une course poursuite infernale dans le labyrinthe de la ville -, et une équipe de choc autour de lui, dont la belle Fatim-Zara - à l’énergie débordante et la bonne humeur permanente -, le chef-cuistot dont la douceur appelle forcément des plats délicieux, et son bras droit philosophe, pour accueillir avec sagesse les folies de son patron. Parce que le patron, c’est un phénomène! On le comprend tout de suite : il avoue nous avoir oubliés, mais ce n’est pas un problème car il a de place, il nous installe même généreusement dans deux chambres alors que je n’en avais réservé qu’une! Il promet à Zoé son lit de princesse et elle n’est pas déçue! Il nous fait tout de suite rentrer dans son univers, celui d’un génie visionnaire, dont le cerveau turbine à 100 à l’heure du lever au coucher du soleil… Initialement commercial puis programmateur informatique, cet amoureux du Maroc est aujourd'hui devenu un Géo-Trouve-Tout déroutant: architecte, designer, il fourmille d’idées pour de nouveaux projets en cours. Escape-game dans le désert, restaurant "Hello Kitty“ réservé aux femmes qui n’ont pas de lieux pour elles au Maroc en dehors du foyer - où chaque élément n’est qu’une bonne idée doublée d’ingéniosité technique -, structures en métal en prototypes pour devenir des cavernes- chambres d'hôtel en pisé avec une partie souterraine, le tout consigné dans un carnet de dessins à la ceinture. Il nous fait nous gratter la tête sur une énigme dans les carreaux de ciment de la courette d’entrée de son riad: le bougre a composé, au moyen de carreaux de couleurs, des mots en morse qu’il faut déchiffrer et qui signifient "amour“ en plusieurs langues. Mais Yves nous a surtout offert le moment le plus insolite de notre voyage, et peut-être même de tous nos voyages : un tour en vélo dans la ville assez inédit. Imaginez-le sur son destrier à deux roues, drapeau breton d’un côté, drapeau berbère de l’autre, fleurs en plastique et moulin à vent à l’avant, une grosse baffle connectée à son téléphone sur le siège arrière, avec les deux huskies attachés ensemble qui le suivent fidèlement : et c’est parti, la musique à fond pour un parcours à travers les ruelles de la ville, dans un éclectisme étonnant de sa play -list en commençant par "Dance Monkey“, puis "Allumer le feu“ dans le souk (un mélange de honte assumée, d'amusement et de fascination face à ce grand provocateur!!), "La vie en rose“, des musiques de film russes, Nirvana, la fanfare républicaine française, ou encore la si jolie musique de "la Chèvre“, qui restera pour moi à jamais gravée comme la mélodie associée à nos déambulations dans Taroudant…cette ville qui semble figée dans la première moitié du XXe siècle. Imaginez les réactions de cette population malgré tout encore très conservatrice à son passage : Yves, en fait, c’est aussi une oeuvre d’art à lui tout seul, qui inspire tantôt la joie, tantôt les rires, tantôt la colère, ou la réprobation… mais il ne laisse absolument personne indifférent… Un doux dingue finalement… qu’il faut parvenir à suivre!!! Mais la musique tonitruante permet toujours de s’orienter pour le retrouver! Promenade le premier après-midi pour nous faire découvrir sa ville, puis nouvelle déambulation le lendemain midi pour nous emmener manger un délicieux tajine de rue pour 15 Dirhams la part (1.50 euros), puis acheter des pâtisseries marocaines (oh le souvenir de ces cornes de gazelle de la Boulangerie Pâtisserie El Wedad!). Zoé a conquis le staff, qui l’a rebaptisée "Fatma“ puisqu’elle est devenue 100% berbère avec sa tenue qu’elle ne veut plus quitter! Elle tient compagnie aux dames de la cuisine, leur chante des chansons inventées avec la voix très haut perchée, leur fait des pas de danse classique, bref, elle leur met l’animation! Il n’y a pas meilleur outil que "Zoé la Zouina“ pour créer instantanément un lien fort avec les autochtones! On découvre aussi seuls et à pieds l’attachante Taroudant: ses ruelles aux murs couleurs pastels que j’adore, ses vélos partout, il faut sans cesse faire attention aux coins des rues! Ses charrettes immenses gavées de fruits et de légumes, son petit souk sombre si odorant, les épices, l’argan, le savon noir, la menthe fraîche en bouquets partout, ses vendeurs de tapis, ses artisans joaillers, ses réparateurs d’appareils en tous genres des années 40 à 60 qui trouvent ici une vie éternelle, ses calèches et ses odeurs de chevaux, ses remparts des XI puis XVIe siècles aux couleurs si douces… les appels à la prière qui rythment les journées, les terrasses emplies d’hommes devant le thé, les joueurs de dames… Le deuxième jour nous aurons droit à un hammam de quartier traditionnel, je rêvais d’y emmener toute la famille après mon expérience inoubliable avec les copines de „Fes-toi-la malle“: Fatim-Zara nous y amène, les serviettes sous le bras. Les garçons font la tête, ils sont morts d’appréhension, elle les confie à un monsieur qui respire la bonhommie et transformera l’essai. Résultat, à leur sortie, ils ont le sourire aux lèvres, ont passé des moments de gros éclats de rire, et Basile même m’en redemande!!! Zoé et moi avons passé un moment magique dans le secret de ce gynécée, où la gentillesse des femmes efface d’un coup la pudeur, à nous faire chouchouter par Fatim: lavage au savon noir, gommage très appuyé minutieux, rinçages, masque intégral au rassoul, shampoing, eau chaude, eau tiède, nous sommes restées deux heures dans la chaleur rassurante du hammam… Moments insolites où ma fille, nue comme un ver, joue de clins d’oeil et d’éclats de rires avec une très très vieille dame, nullement choquée par le corps face à elle totalement frippé et ratatiné par le temps ; il me semble que seul le hammam permet ces rencontres générationnelles sans culotte! Nous passons enfin deux superbes ballades en calèche avec Rachid, à l’oeil photogénique si fin, au pied des remparts. Il fait rire les enfants avec sa litanie des villes du Maroc dans son accent craquant : "Taroudant c’est bien tout le temps", "Marrakech Arnakech", "Zagora on r’viendra", "Safi ça suffit", "Casablanca que du bla-bla", "Agadir rien à dire", "Essaouira ça ira", "Rabat c’est le roi", "Ouarzazate faut le 4x4", et explosion de rire évidemment avec "Tafraoute rien à foutre"!!! Lui aussi craque sur notre dernière, qu’il promène à ses côtés comme une princesse; il nous explique qu’il adore sa joie de vivre, communicative il faut le dire… Dernière soirée de discussions passionnantes avec notre hôte, Basile se relance dans ses tours de carte pour notre plus grand plaisir, et il est temps d’aller se coucher. Merci Yves pour ces toutes ces furtives mais si précieuses rencontres, qui marquent le voyage pour toujours, nous n’oublierons pas les vélos bleus… Etonnante Taroudant!











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