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Tunis : on vous emmène au hammam de la rue du Pacha !





Le hammam de quartier, rue du Pacha, dans la medina: après celui de Fez et de Taroudant au Maroc, je rêvais de baigner à nouveau dans cette ambiance authentique et féminine, propres aux pays arabes...

Les hammam tiennent leurs origines de l'empire romain et de ses traditions hygiénistes, et le rituel hebdomadaire est bien resté, immuable.


C'est une jolie porte en rouge et vert qui nous fait pénétrer dans ce monde de vapeurs et d'humidité.

La gérante parle un peu français, et après avoir négocié nos tarifs (elle a tenté de nous proposer des prix exorbitants!), nous voilà à nous déshabiller sur le carrelage, laissant les vêtements sur les porte-manteaux.

La timide pudeur des premières fois a bien disparu, il faut dire que ces expériences de nudité me transportent, et après les onsen japonais où l'on est absolument nues comme un ver, le fait de garder ici la culotte rend l'exercice facile !


Trois pièces en enfilade se succèdent, où la chaleur monte en grade. Au fond de la dernière, un bassin d'eau bouillante, en hauteur, délivre le graal par un robinet où les femmes viennent tour à tour remplir leurs seaux.


C'est un tout petit hammam de quartier, on doit être une dizaine de femmes et enfants au total à profiter des lieux.

Comme à chaque fois, tous les âges de la vie sont là pour leurs ablutions. Un petit couple de jumeaux aux jolies bouclettes, fille et garçon, quatre ans peut-être, se font énergiquement laver le corps par leur maman.

On nous donne des seaux et une boite de conserve de tomates recyclée en guise de tasse de rinçage : j'adore ces petits détails épiques !

On commence par le savon noir... qui est bleu!! Cette odeur me replonge dans les délices du Maroc. On se savonne tranquillement tandis que la préposée au gommage, très très en chair, fait ses allers et retours entre nous pour venir chercher de l'eau bouillante : on a droit à des vues vertigineuses sur son gros postérieur ceint d'une fouta trempée très collante, qui se glisse dans tous les interstices et qu'elle va déloger avec élégance face à nos mines effarées et pliées de rire!

Elle nous fait venir ensuite une par une sur l'estrade carrelée, pour le gommage.

Aimable comme une porte de prison, et ne communiquant que par des "petites" claques tout en finesse (!) sur nos cuissots pour nous retourner comme des crêpes, la friction est énergique, mais efficace : les peaux mortes roulent dans les ruisseaux sur les carreaux... et rejoignent les touffes de cheveux qui s'accumulent ça et là dans les coins...


Fous-rires assurés pour les copines qui assistent à la scène depuis la pièce la plus chaude!


Les filles ont décidé de tester le massage: je passe mon tour car j'ai trop peur d'en sortir abîmée, mais finalement, opéré par une autre dame plus douce, il s'avère régénérant.


Il faut encore se faire un shampoing : on hésitait un peu, mais une fois passées par l'étape " allongée à même le carrelage", la tignasse dans les mycoses de nos voisines, il n'y a plus aucune discussion possible : c'est définitivement oui pour le shampoing !


C'est alors qu'une dame sympathique vient me proposer du souek, de l'écorce de noyer, qu'elle utilise pour se nettoyer les dents ! Avide de nouvelles expériences, j'essaie bien sûr : le nettoyage est probablement efficace, au détriment de la couleur de l'émail qui vire au jaune! Nouveaux gloussements dans la vapeur...


On finit la séance en s'enduisant d'argile verte, et on laisse poser, en assistant fascinée à la valse des seaux : eau froide, eau bouillante, mélange, et on recommence, le bruit de l'eau qui coule en continu et remplit les récipients avant de déborder. On vide le seau, et c'est reparti pour un tour. La chaleur est de plus en plus pesante et on se rafraîchit avec bonheur de ces petites giclées d'eau froide au moyen de la boite de conserve de tomates, devenue notre meilleure partenaire! C'est ça le luxe: le plaisir de l'eau, de la vapeur et des soins, dans leur plus simple appareil!!!


On sort vidées, lavées, rincées, toutes neuves, et prêtes à partir à l'assaut de la vieille Tunis qui n'attend plus que nous !

Encore une belle aventure que ce hammam tunisien !




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