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Traverser le Montana

  • chamcamille
  • 9 août
  • 4 min de lecture
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Ce road-trip est né d’une double envie.


Celle de Basile, qui rêvait de Canada en famille pour l’année de ses 18 ans.

La nôtre, qui fantasmions sur ces états du centre ouest américain depuis que mon frère eut traversé en voiture d’ouest en est les Etats-Unis pour déménager de San Francisco à Albany il y a deux ans, et nous avait écrit «  le Wyoming est le plus bel état que j’ai jamais vu ici… »


« Au loin », la chanson d’Oldelaf devenue notre mantra : « voir des dahus dans l’Idaho, faire des youyou dans l’Iowa, voir le Bayou ou l’Ohio, et m’évader au Nevada ».


Basile encore, et sa passion des bisons quand il était plus jeune, on les avait vus dans le Gard, il nous manquait les prairies indiennes à perte de vue.


Et quand je réalisai que les Rocheuses canadiennes n’étaient qu’à une dizaine d’heures de route de l’entrée nord de Yellowstone, l’évidence s’imposa à moi : un camping-car, trois semaines de road-trip estival, à nous les Rocheuses américaines et canadiennes dans le même voyage !


Nous avons atterri à Calgary: après une étude minutieuse du cout des vols et des temps de transport, c’était l’option la plus rentable avec un départ de Toulouse et un court transit à Montreal.

Avec la possibilité d’y louer un camping-car moins cher que les devis américains (il semble que c’était l’inverse il y a quelques années, même si « moins cher » est assez relatif quand on constate les prix qui ont explosé sur ce continent depuis notre passage au Nouveau-Mexique en 2019), et de voyager jusqu’aux Etats-Unis sur une boucle qui nous ramène au Canada, on réunissait les conditions nécessaires pour caler un parcours à cheval sur les deux pays.


Yellowstone, Grand Téton National Park (oui, oui, évidemment gros fou-rires de notre Félix, 15 ans, à chaque fois que j’évoque ce nom), puis les Rocheuses canadiennes et sa fameuse route des Glaciers : la trace promet d’être grandiose !


En attendant, il nous faut rejoindre la frontière américaine et gagner le Montana pour une première étape de campement, dans la campagne de la ville de Helena. (et forcément on repense à Oldelaf et à son Michel Montana imaginaire !!!).


J’ai trouvé sur Hip Camp des particuliers qui louent leurs prairies pour des sommes raisonnables car les campings équipés sont à un tarif exorbitant ! C’est donc Erik qui nous accueille ce soir, avec son chapeau de cow-boy sur la photo !


Stop pour les courses indispensable, les plaines tantôt dorées tantôt vertes défilent sous nos yeux sous un ciel lourd, et les chaines de montagnes bordent l’horizon à notre droite. Ici une grange, là une église en bois, nous rappellent qu’on est bien sur le Nouveau Continent.


En quatre heures de route nous atteignons Browning, une petite ville au coeur de la réserve indienne des Blackfeet. Ambiance de fin du monde…

On se sent perdus ici, pas grand monde sur les trottoirs, ça transpire l’injuste pauvreté des laissés pour compte, dans une atmosphère digne d’un bon polar de séries Netflix.

Ça me rappelle surtout ce qu’on ressent dans les réserves aborigènes d’Australie, où ces peuples détruits à jamais par l’envahisseur n’ont jamais réellement retrouvé leur place…


On s’arrête dans un casino qui sert de « dinner » aussi, où les Indiens du coin se sont donnés rendez-vous : ils sont clairement majoritaires ici, et c’est assez fascinant d’observer les traits et les attitudes qui descendent avec évidence des grands chefs de tribus: la casquette a remplacé la coiffe en plumes, mais la gravité du regard est le même.

Les enfants se régalent de burgers, un puma empaillé nous menace depuis son mur en pierre, et je me replonge avec délectation dans l’ambiance décrite par Pete Fromm.


On traverse la route pour rejoindre le Grocery Store, il nous faut faire un plein de courses avant de pénétrer demain dans Yellowstone : les tarifs sont toujours aussi prohibitifs et je me demande comment la population d’ici fait pour survivre.

Un jeune homme, Indien lui aussi, nous met les courses dans les sacs en papier avec beaucoup de précaution: ses cheveux coupés au carré, noir de jais, lui tombent dans les yeux, on le sent timide et appliqué, et quand il nous accompagne au camping-car pour nous aider à porter les paquets, je me dis qu’il attend probablement un petit pourboire. Par chance on a quelques dollars dans le sac à dos, des restes de notre passage à Hawaii l’an dernier, et quand son visage s’illumine à la vue des  billets que je lui tends, et qu’il nous remercie dans un sourire si sincère, je me dis qu’effectivement le quotidien ici ne doit pas être facile.

Celui-là m’a touchée.


On reprend la route, et on prend en pleine face l’immensité de ce pays, face à ces étendues sans fin de plateaux et de collines herbeuses sous ce ciel gris d’aquarelle.


Ici quelques bisons, là des chevaux de la même robe que Petit Tonnerre : pas de doute, on a pénétré le territoire de Yakari! 


Et puis bientôt, dans cette fin d’après-midi de parfaite solitude, le soleil ponctue les prairies de quelques trouées, et illumine le gris de l’horizon.

Voilà, on sait ce qu’on est venu chercher.


« Mais coûte que coûte, je veux traverser le monde,

Emmener sur la route mon âme vagabonde,

Vers l’horizon, jusqu’au bout du chemin, 

Et laisser ma maison au loin… »   (Au loin, Oldelaf)




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