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Matera, berceau de l'Humanité... et de James Bond!

  • chamcamille
  • 26 oct.
  • 5 min de lecture
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Parfois, il faut trouver un petit piment pour rendre plus vivante une visite architecturale : Matera m’avait subjuguée il y a quelques années quand je l’avais découverte sur grand écran dans la scène d’ouverture de « Mourir peut attendre », le dernier épisode de James Bond, avec le ténébreux Daniel Craig.

On a donc pris soin de faire goûter ce piment aux enfants en leur projetant les premières minutes du film, après notre orgie d’orecchiette à la maison. Le décor était posé. Haletant et époustouflant.



Classée au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, Matera serait la troisième ville la plus ancienne du monde après Alep et Jericho, rien que ça!

Souvent surnommée « la Jérusalem de l’Ouest », on peut dire qu’elle revient de loin.


Si ses grottes ont hébergé les premiers hommes dès le Paléolithique, ayant toujours été habitées puis surmontées de constructions qui ont traversé le Moyen-Age puis la Renaissance jusqu’à nos jours, Matera faisait encore la honte du pays au début du XXe siècle : les célèbres sassi (« un sasso » = pierre), ces bas quartiers de pierre, au bord du ravin et en contrebas de la cathédrale, servaient alors d’hébergement troglodyte insalubre aux populations pauvres de la région, infestées de malaria.

Dans les années 50, un vaste programme de relogement oblige les habitants à quitter les quartiers et s’installer dans la ville neuve, et la cité antique de Matera devient un village fantôme.

Dans les années 90, une réhabilitation progressive se met en place, et si l’Etat reste propriétaire des murs, les villageois réinvestissent petit à petit ces sassi qui font aujourd’hui tout le charme de la promenade…


Rendue très célèbre par de nombreux tournages de films (« La passion du Christ » de Mel Gibson, « Mourir peut attendre », « Ben Hur »..), les visiteurs viennent désormais du monde entier pour jouir de cette cité exceptionnelle.



Luca est notre guide francophone pour deux heures, et on apprend un tas de choses intéressantes.

Depuis les petits détails architecturaux comme les gouttières en terre cuite soutenues par des … os de vache (les populations précaires font toujours preuve d’une solide ingéniosité !), plus résistants que le bois à l’humidité, jusqu’a Giuliana le plus grand fossile de baleine découvert au monde dans les environs de la ville, en passant par les fossiles de coquilles St Jacques qui constellent les murs de la ville, certaines ruelles témoins d’assassinats à la Renaissance, ou encore l’église du Purgatoire du XVIIIe siècle et ses sculptures de squelettes (parfaites pour la période d’Halloween!), on peut dire que la visite est croustillante! 




Les détails qui nous sont donnés sur le tournage de James Bond complètent avec fascination les informations historiques : pour la scène incroyable du saut en moto (par pitié allez voir cette scène si vous ne l’avez pas en tête), une passerelle a été construite et 30000 dollars de Coca Cola achetés et déversés sur la rampe pour la rendre adhérente!

Luca nous montre aussi une photo du décor de l’hôtel, aux jolis murs bleus, qui n’existe pas dans le réel, mais qui a été construit spécialement pour la scène, avec la vue souhaitée par l’immense fenêtre! Quand l’argent permet tout…

Les scènes mélangent des décors de Matera mais aussi de Gravina, une petite ville voisine (notamment la traversée d’un superbe pont), qui n’a pas été citée dans le générique de fin, provoquant la fureur de son maire en même temps que la fin de sa carrière politique!


Nous passons par plusieurs points de vue qui offrent des vues fantastiques à 180 degrés sur la ville toute en tuf beige, qui semble dégringoler de ses collines, au gré de ses milliers de marches.


La météo est idéale, il fait 25 degrés, on est bercés par une douce brise sous un ciel bleu incroyable: la visite est très paisible en ce 24 octobre, c’est un bonheur total de découvrir les lieux dans ces conditions!

Luca nous montre des photos de la ville sous la neige en hiver, c’est magique… mais dangereux, les escaliers se transformant en une périlleuse patinoire!

On s’arrête dans une boulangerie pour acheter le pain artisanal de Matera, une grosse miche qui prend la forme de l’un des promontoires rocheux du village, et l’on goûte à la spécialité locale : des piments doux séchés au soleil puis baignés dans une huile à 100 degrés pendant 10 secondes, pas une de plus ni une de moins !! A 6 euros les 25 grammes, on se contentera d’un sachet pour ne pas mourir ignorants…



On trouve un endroit parfait au soleil pour le déjeuner, dans des tarifs très raisonnables, et on se prend un bain de lumière chaude totalement bénie avant de rentrer dans l’hiver ! On se laisse dorer comme des lézards en dégustant nos salades automnales (poires et noix à l’huile d’olive) ou brusciette copieusement garnies de tomates séchées, artichauts, fromages succulents et buratta crémeuse, champignons fondants ou jambon de pays en tranches délicates.



La suite de l’après-midi nous permet de continuer à explorer les sassi à notre rythme, et chaque rue, chaque escalier, chaque balcon, débouche sur des vues époustouflantes; l’Histoire ici nous toise de ses millions d’années…

Des petites chiesi (églises) rupestres (elles sont 150 à Matera!) au duomo et sa splendide cathédrale della Madonna della Bruna en douces courbes romanes, on reste bouche bée à chaque virage.

Bouche-bée fut aussi notre réaction quand Luca nous montrât le matin-même en vidéo la fête du 2 juillet qui célèbre la Madonne dans la ville : un char géant en papier mâché est construit patiemment par les habitants tout au long de l’année pour finir dévoré en deux minutes par une foule frénétique, telles des fourmis tueuses, chacun remportant à la maison en guise de bonne augure un morceau de l’édifice, béni par l’évêque la veille.



On s’engage enfin pour la fin d’après-midi sur une belle petite randonnée qui descend depuis la ville jusqu’à la rivière Gravina au fond du ravin, passe sur un pont suspendu puis remonte sur la colline opposée vers un belvédère pour une autre vue superbe sur la ville, extérieure cette fois.

Une jolie suée de cinquante minutes qui passe devant des anfractuosités de roches, véritable habitat en son temps pour l’Homme qui partout s’adaptait à son environnement.



Le soleil se couche sur Matera, il nous faut retourner sur la ville par la même promenade un peu sportive, la glace est une belle récompense finale alors que la nuit transforme les lieux en une Bethléem illuminée, un véritable décor de crèche vivante, on ne serait pas étonnés de trouver une certaine vache et un âne célèbre couchés dans le foin au détour d’une ruelle !


Matera c’était beau, c’était grandiose, c’était inoubliable sous ce délicieux soleil d’octobre !







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