Les raies manta, joyaux de Maupiti...
- chamcamille
- 28 juil. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 nov. 2024


La spécialité du lagon de Maupiti, ce sont les raies manta.
Après les pastenagues et les aigles, « on aura vu toutes les raies » comme m'a dit mon homme de son oeil lubrique!
Vingt-cinq individus évoluent ici dans le lagon, avec des variantes selon les saisons (certaines font parfois le chemin depuis Bora!) sur des spots connus, où elles viennent se faire nettoyer par des poissons sur des patates de corail…
Leur envergure varie de 2,50 mètres à 4 mètres, et elles volent en cercles interminables autour du corail, portées par le courant ou tournoyant de leurs battements d’ailes élégants.
Que ce soit pour sa plongée, ou pour notre snorkeling du lendemain, la visibilité n’était pas très bonne et assez frustrante (le sable est très remué actuellement, une histoire de marées basses et de courants sortants), mais l’énormité des bestioles fait qu’on les distingue bien tout de même dès qu’elles se rapprochent. Pierre nous raconte notamment qu’il s’est fait survoler et frôler à deux reprises par une énorme raie de 4 mètres d’envergure : le seul dans sa palanquée de quatre à avoir eu ce privilège, alors qu’il était aussi le seul à ne pas avoir de matériel vidéo !!! Il s’agissait d’une femelle que le moniteur n’avait jusqu’alors vu que trois fois sur les deux dernières années ! Il y avait deux autres mâles également. J’ai réussi entretemps à récupérer des images des jeunes plongeuses qui étaient avec lui et logeaient dans la pension d’en face : ouf!
On apprend que l’espèce est protégée, en voie de disparition, et que toucher volontairement une raie manta coûte ici officiellement 150000 euros d’amende et deux ans de prison ! Ce qui n’est pas valable si c’est la raie manta qui vient à ton contact, heureusement.
Si le courant est fort, les raies manta se laissent porter sans bouger dans le courant ascendant ou descendant, si au contraire, le courant est plutôt faible, alors elles doivent nager en tournoyant, dans une interminable chorégraphie autour des amas de coraux.
Nous avons eu nous aussi l’occasion de voir ces monstres en snorkeling, lors d’une sortie en bateau le lendemain.
Une, puis deux, puis trois, elles sont difficiles à distinguer dans le flou de l’eau remuée, mais surgissent dans un virage et semblent alors géantes quand elles arrivent en planant sous nos masques… Bien sûr il faut garder de la distance (et en plongée bouteille se retenir de respirer quand on est survolé car les bulles les dérangent), et on a du mal à se rendre compte en photo des gabarits et des proportions de l’animal. Lorsqu’elles surgissent face à vous, avec leurs mandibules proéminentes, les frissons sont garantis!
Rapidement plusieurs bateaux sont arrivés pour nous rejoindre et des baigneurs se sont mis à l’eau, l’observation est vite devenue assez insupportable. On se hâte de remonter sur le bateau pour que notre jeune capitaine nous emmène sur un autre spot, et là, tout seuls, Pierre et moi avons le privilège (les enfants ont froid) d’admirer de longues minutes une, puis deux, puis trois, puis quatre raies qui tournoient, dont une particulièrement grosse. La nature est magique, le monde océanique est fantastique…
Après les raies manta, on se remet à l’eau tout près du récif pour un PMT dans une eau très limpide, puis on débarque sur un motu près de la passe. Balade à pieds pour en faire le tour, barbecue à la fibre et à la coque de coco, brochettes, poisson cru au lait de coco, pain coco cuit sur le feu (un délice), sieste, apprentissage d’épluchage de coco, baignade, des raies pastenagues partout à nos pieds comme des petits chiens, et surtout des discussions toujours passionnantes avec des locaux. Là une dame de Raiatea qui a sa petite maison sur le motu, venue avec ses enfants et ses neveux, et qui ramasse des coquillages, qu’elle trie et rince patiemment pour son artisanat; ici un capitaine de bateau d’excursion qui écaille le platax qu’il vient de tirer, ici des pêcheurs dont la glacière est pleine à craquer, qui écaillent aussi et vident le poisson directement dans l’eau, pour le bonheur des oiseaux qui guettent avant de plonger (et peut-être des requins qui n’auront pas pu s’approcher si près du bord!). Les Polynésiens sont tous des pêcheurs au plus profond de leurs entrailles, c'est dans leur ADN depuis des milliers d'années. Quand nous admirons les jardins de coraux et leur faune foisonnante, les Polynésiens n'y voient que de futurs succulents repas en famille ! Un savoir-faire précieux, mais qui risque un jour de peut-être devenir un vrai problème car il semble qu'ils ont du mal à se limiter dans leurs pêches, ne s'imposent pas de quotas, et ont tendance à garder les petits poissons pêchés plutôt qu'à les rejeter à la mer : les ressources du lagon ont aussi leurs limites, comment les préserver sans violenter les traditions ?
Le voyage soulève de nombreuses questions sur l'Homme, la Terre, la Mer, et comment continuer de vivre en harmonie et en respect de chaque entité...
Ce lagon est une merveille, on n’aura toujours pas vu les raies du ponton (venues la veille pendant notre soirée au Heiva!), mais qui sait si nous n’en croiserons pas d’autres sur la suite de notre voyage ??
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