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La route du Sud : braver les interdits pour gagner le paradis...







Comme je l’ai écrit précédemment, c’est la toute dernière section de la Hana Highway qui est la plus redoutée.

Réputée pour être « interdite » par les sociétés de location de voiture, et annoncée fermée sur des panneaux clignotants bien en amont en sortant du village de Hana, cette tranche de route côtière avait attiré ma curiosité.

J'avais ainsi pu lire différents blogs où leurs auteurs étaient très rassurants : une route un peu délicate sur 10 kilomètres car elle monte en escarpement aveugle à une seule voie par endroit, frissons garantis, mais rien de réellement dangereux et la section non asphaltée est couverte de gravillons et de quelques banals nids de poule. Bref, les avis semblaient bien sécurisants, insistant pour dire que finalement ce sont les kilomètres précédant cette section qui sont plus à risque.


Non pas que je veuille absolument braver les interdits (bien que les enfants me soupçonnent d’aimer être hors-la-loi!), j’avais surtout lu que la route du Sud, la Piilani Highway, faisant suite à cette section en longeant la côte, était splendide, et ça, j’avais très envie de la voir!!! Nous voilà donc embarqués pour tenter l’épreuve du passage.

On s’accorde avec Pierre : si la route est physiquement barrée, on fera demi-tour et on remontera par la Hana road au prix de centaines et centaines de virages; si la route est ouverte, on y va, et on voit.


Après une dizaine de kilomètres scabreux autorisés dans une végétation tropicale foisonnante, et quelques frayeurs avec des véhicules dans le sens opposé, nous voilà à attaquer officiellement les pentes de la route controversée.

On comprend effectivement que tout est fait pour dissuader les touristes d’aller s’engouffrer sur ce chemin délicat car les passages à une seule voie sans dégagement créeraient immédiatement un bouchon insolvable si le trafic y était le même que sur la portion ouest de la Hana road. 

De nombreux Américains ne sont pas habitués à rouler sur ces petites routes à virages comme nous en avons tant en Europe, et on l’a bien constaté avec des vitesses adoptées très très faibles. Ce serait immédiatement un terrible capharnaüm !!!

Mais on réussit à passer, malgré notre voiture bas de caisse, en roulant prudemment, en klaxonnant à tout va à chaque virage, et en serrant les fesses, il faut l’avouer, sur certains passages un peu vertigineux, un petit cap Corse en somme!


Et la récompense est au bout : soudainement après le dernier cap, le paysage change totalement, le grand soleil est de retour et un double arc-en-ciel trône sur l’horizon comme pour saluer notre performance!

C’est une côte sèche battue par les vents qui accueille les flancs sud du volcan Haleakala, avec une route à deux voies splendide qui monte et descend dans ces landes sublimes, enjambée d’arcs en ciel : l’extase totale !!! 

Comme je suis fière d’avoir insisté auprès de mon homme pour franchir ces dix kilomètres qui nous ouvrent le paradis! Pierre ne peut qu’acquiescer, il prend lui aussi un grand plaisir à rouler ici.

Seuls quelques locaux croisent notre chemin, le sentiment de privilège est total.


Au bout d’une heure, nous voilà rentrés sur Kahului: matériel déposé au local de stockage, et on est heureux de retrouver le réconfort de la maison de Steve et Estela, où une douche chaude est bienvenue!

Nos hôtes rentrent plus tard dans la soirée et voilà que commencent avec eux des échanges passionnants sur la vie à Hawaii, les relations avec les Hawaiiens natifs, les voyages, les échanges de maison, les enfants, Cuba… On partage notre parcours incroyable en Polynésie française, ils sont épatés de notre débrouillardise : «  oh you’re french, you’re hardcore!!! » m’avait dit Estela en plaisantant quand j’avais décliné sa gentille proposition de prêt d'une couverture pour le pique-nique au volcan. « Nous mangeons assis sur les pierres, pas de problème! », lui avais-je répondu : si elle avait su qu’on y avait même fait la sieste!!! 

On prend aussi des nouvelles de Laihana, cette ville à l'ouest de Maui qui a fait dramatiquement la une des nouvelles l'été dernier, ravagée par de terribles incendies. Je pensais naïvement que la vie avait repris et que la ville était sur le chemin de la reconstruction : il n'en est rien. Laihana a été complètement rayée de la carte, et ne pourra jamais se relever, les sols ayant été contaminés par des produits chimiques... c'est fou d'imaginer qu'une telle tragédie ait pu avoir lieu dans un pays comme celui-ci, mais les feux sont incroyablement destructeurs, je l'ai compris en mesurant la force du vent sur la route du Sud, contre lequel j'avais du mal à tenir debout à certains endroits...


On prend du temps ensemble, comme c’est agréable après ces trois jours d’exploration intense où l’on s’était si peu croisés! On papote ainsi jusque 23h30, incorrigible bavarde que je suis, mais on est ravis d’avoir tissé plus de liens avec Steve et Estela qui nous accueillent avec tant de bienveillance dans leur belle maison de Maui…

Demain matin, ils nous emmènent au Farmer Market du samedi, on a décidé de leur faire la cuisine pour le dîner du samedi soir, il nous faut donc quelques ingrédients pour passer à l’action ! 




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