

Le lendemain de cette sacrée journée Machu Picchu, il nous faut refaire le chemin à pied dans l’autre sens pour retrouver Dulio, mais cette fois on marche dans un tout autre état d’esprit ! On quitte la ville d’Aguas Calientes et son paysage de pains de sucre, et on redescend le chemin de fer jusqu’à Hydroelectrotica, en profitant pleinement cette fois du spectacle de la nature. Il fait chaud tout de même et on est contents d’arriver au bout des 10 kilomètres où nous attend Dulio, qui a pu passer jusqu’au bout cette fois. Nous partons pour Cusco. On reprend le même col, mêmes paysages encore plus sublimes, et nous découvrons au bout de 5 heures de route la belle capitale inca. Nous avons trois jours pour la parcourir et on en profite bien. Il fait beau, mais les températures sont un peu déroutantes : on met le manteau avant 10 heures puis brusquement on passe en t-shirt jusque 16h, où à nouveau un petit pull est le bienvenu avant de sortir le bonnet pour la soirée. 3400 mètres d’altitude, on a donc quelques jours pour s’y habituer. Le premier jour la marche est un peu fastidieuse, même à plat, et les montées de marches un supplice, puis progressivement on s’entraîne et dès le lendemain déjà on sent l’amélioration. Mais le cœur bat la chamade comme après un footing d’une heure alors qu’on a grimpé dix marches ! Il ne doit pas faire bon d’être anémique ici !! Dulio nous a expliqué sur la route que de très nombreux Péruviens, aux compétences sportives exceptionnelles du fait de leur aptitude au sport en altitude, auraient pu avoir des carrières olympiques si l’Etat avait décidé de s’investir dans le milieu sportif, ce qui n’est pas le cas. Tous abandonnent alors faute de moyens, quel gâchis ! Dulio lui-même originaire de Puno au bord du lac Titicaca, nageait dans le lac (3800 mètres) et y tenait des apnées de 5 minutes ! mais le manque de moyens l’a empêché de pouvoir se rendre dans des compétitions nationales… Cusco est une ville agréable bien que bondée de monde, la circulation y est dense, on joue des coudes entre piétons sur les trottoirs des grandes avenues, mais dès qu’on s’éloigne dans les ruelles, la promenade redevient très agréable. Les Péruviens sont très à cheval sur le port du masque, en cette période de quatrième vague Covid : ils ont conscience qu’ils n’ont pas les mêmes moyens d’accès aux soins qu’en Europe et sont donc très dociles : la majorité le porte en permanence, y compris dans la rue et dans les grands espaces naturels, et pour prendre l’avion, le bus ou le train, c’est un double masque qui est exigé ! On reprend donc nos anciennes habitudes, un peu délaissées il faut l’avouer au Costa Rica et aux Galapagos. Cusco est donc l’ancienne capitale inca de la Vallée Sacrée, tombée aux mains (et à feu et à sang… des espagnols) au cours du XVIe siècle : c’est une ville qui a la particularité d’avoir de nombreux bâtiments espagnols construits sur des fondations inca, et l’on peut constater ce phénomène dans les rues, avec des agencements de murs incas (pierres parfaitement taillées et imbriquées les unes dans les autres sans aucune jointure) sous les murs de construction espagnole ! La fameuse pierre inca aux 12 angles est l’objet de photographies continues, elle est très importante pour les touristes péruviens qui la touchent comme une pierre sacrée, le bouchon devant son emplacement ne désemplit pas ! La Plazza de Armas et sa cathédrale sont le cœur de la ville, puis on emprunte des ruelles aux murs blancs, aux balconnets en bois ciselés, aux toits de tuiles ocres. Partout en arrière-plan, les montagnes, et ce ciel bleu d’altitude. Le quartier de San Blas, qui domine la ville, est particulièrement agréable, ambiance artiste, il regorge de petites adresses gastronomiques originales mêlant la cuisine péruvienne à d’autres saveurs internationales, et à prix doux, on ne s’est donc pas privés ! On adopte ici un rythme tranquille : on laisse le matin les enfants à l’hôtel qui expriment le besoin de se poser, et on part à deux déambuler dans les quartiers, se prendre un thé ou un jus naturel au soleil. On se retrouve pour le déjeuner, le premier jour on teste une cantine locale : pour l’équivalent de 5 euros au total, on mange à cinq soupe, ceviche, plat de riz-poulet et limonade ! Ca fait des économies pour les resto du soir, qu’on choisit plus élaborés, mais qui restent à des tarifs raisonnables. On découvre notamment une crêperie franco-péruvienne à tomber dans le quartier de San Blas ! et un resto végétarien où nous avons mangé la meilleure salade de quinoa de notre vie : avocats exquis et morceaux de mangue rôtis dont on se souviendra longtemps, le tout arrosé d’une onctueuse sauce aux fruits de la passion…Cette ville peut s’avérer une pépite gastronomique ! On découvre par exemple le maïs soufflé et grillé aux épices, savoureux en amuse-bouche. Bon, on n’a tout de même pas encore osé le cuy rôti (prononcer « couille » !), et oui, le fameux cochon d’Inde !!! Un tour au marché San Pedro s’avère moins écoeurant que ce qu’on a connu en Asie centrale, mais les étalages de boucherie sont tout de même difficiles à gérer… Les vendeurs ambulants sont partout, on nous propose en permanence des massages (Pierre dit qu’il va finir par craquer !), les femmes tiennent les coins de rue avec des boissons (la chicha, à base de maïs fermenté), salades de fruits à arroser de yaourt, brochettes, jus d’orange, et tricotent du matin au soir ! La laine d’alpaga est la matière-phare de la région, et les trottoirs regorgent de chaussettes, bonnets, pulls bariolés. L’artisanat péruvien est très marqué : sacs, pochettes, guirlandes, ponchos, figurines, crèches, écharpes : tout est très coloré ! Difficile de ne pas se laisser tenter ! On craque bien sûr aussi devant ces femmes en tenues traditionnelles chatoyantes qui se promènent avec leurs lamas garnis de pompons, leur laine est d’une douceur incroyable à caresser : après l’otarie dans la piscine, Zoé aimerait « tellement » ramener un lama à la maison… (émoji yeux en l’air !). Visite cet après-midi du musée du Machu Picchu qui permet de bien comprendre le site vu grandeur nature, avec de très belles pièces d’artisanat découvertes lors des fouilles, et des photos de l’expédition de 1911 puis 1912 au parfum d’aventure, et deux momies inca aussi ! La lumière de fin d’après-midi ne fait que sublimer les toits, les balcons, les murs, dans un jeu d’ombres et de lumière très agréable à l’œil… On est bien dans cette petite ville de Cusco !
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