
Nous avons quitté Sajama pour une très longue route qui vise à nous rapprocher du nord du salar d’Uyuni, ce plus grand désert de sel au monde.. Au début les paysages continuent de ressembler à Sajama, avec ses volcans et ses lamas, d’ailleurs le volcan Sajama et ses jumeaux nous surveillent longtemps dans notre épopée ! Puis nous arrivons à la laguna Macaya, surmontée de sa croquignolette église blanche, et cernée de lamas : là encore, personne, je crois qu’on n’est vraiment pas sur des routes touristiques, on en profite et on savoure avant d’attaquer le Sud-Lipez dans quelques jours ! Puis la piste devient totalement désertique, et la route éprouvante : pas d’asphalte, que du caillou et du sable, la route qui était initialement prévue a été déconseillée à Edwin par un ami, en raison de risques liés aux contrebandiers, et nous sommes contraints de couper à travers le désert. Parfois deux pistes nous laissent le choix, il faut essayer de se repérer sur la carte, avec toutes les approximations qu’elle amène. Edwin demande son chemin à chaque (très rare !) habitant que l’on croise, et les indications semblent elles aussi hasardeuses !! On est contents de s’arrêter dans un village-fantôme (personne !!) pour le déjeuner dressé par Mirtha à l’arrière du 4x4 : elle se lève à l’aube pour nous préparer ses délices ! Aujourd’hui, alpaca à la milanaise ! oui, oui !! Du délire ! Mais une sacrée récompense pour la route endurée ! On reprend le chemin et on roule ainsi pendant dix heures au total, pour arriver au village de Salinas de Garsi Mendosa, dans le froid, où une petite bonne femme au doux sourire nous attend dans son auberge. Encore tout seuls ici, pas même l’éternel petit couple de frenchies aventureux ! Edwin est désolé de nous avoir imposé ça, mais il était plus prudent de rouler dans le désert que sur la route officielle manifestement, et Mirtha, encore une fois, nous rattrape ça avec ses doigts de fée : à peine arrivés qu’elle nous a déjà dressé une table de goûter tardif avec chocolat chaud et petits gâteaux, pour nous faire patienter jusqu’au dîner ! Chambres toutes simples encore une fois, mais ce soir les enfants préfèrent qu’on se partage à 5 les trois lits d’une des chambres pour se tenir chaud ! Pas d’eau chaude pour ce soir (malgré ce qui est indiqué dans la salle de bain !), je demande comme les deux autres soirs à Mirtha de me faire bouillir de l’eau pour nos bouillottes, et on se glisse dans les duvets avec plaisir ! Je suis contente de voir que même Félix, toujours un peu réticent au manque de confort, apprécie ce petit plaisir tout simple du contact de la chaleur sous les pieds pour se mettre au lit dans cet univers qui pourrait sembler tout de même un peu hostile à nos habitudes d’Européens… La nuit me semble moins froide qu’à Sajama, le vent nocturne est moins mordant ici, et nous nous levons tôt pour poursuivre la route, qui nous emmène cette fois à l’entrée du Salar d’Uyuni par le Nord ! Ce sera une petite incursion, la vraie journée sur le Salar est prévue pour le dernier jour de road-trip, nous aurons donc la chance de rouler plusieurs fois sur cette merveille de la nature ! La vue à l’arrivée impressionne ! Nous arrivons par le village de Tahua puis nous gagnons Coquesa, au pied du volcan Tunupa (5435 mètres) au cratère multicolore, d’où la vue sur le salar depuis un mirador est inédite ! Nouvelle photo aux pauses égyptiennes, devenues notre fil rouge !! (Zoé tellement heureuse..) Les flancs de ce volcan cachent des cavernes avec de vraies momies encore présentes, datant d’entre 1000 et 2000 ans avant JC, d’une conservation exceptionnelle liée au climat froid et sec du milieu : simplement vertigineux de voir ce que l’on a sous les yeux ! Petit détour par le « musée artisanal », où l’on observe les différentes variétés de quinoa, un puma, des chats sauvages et un tatoo empaillés (ils vivent ici dans la montagne), et nous voilà vraiment rentrés sur le Salar d’Uyuni ! Ici aussi, personne !! Ce n’est pas l’entrée empruntée par les circuits. On admire ce sol blanc infini, les reflets dans les zones humides, puis on roule une quarantaine de kilomètres droit devant, en direction de l’Isla Incahuasi, la fameuse île aux cactus cierges d’Uyuni. Je vous rassure, là, il y a du touriste ! Plusieurs 4x4 sont déjà présents pour le déjeuner, mais l’horizon est tellement grand qu’on n’a pas de quoi se gêner ! Les tortillas de Mirtha sont à tomber, le pique-nique sur le salar, les fesses posées sur des petits bancs de sel, est assez insolite ! Marche digestive en suivant sur l’île, envahie de cactus cierges de toutes formes, évidemment toutes plus salaces les unes que les autres, au grand bonheur des enfants. Je pense évidemment au t-shirt acheté il y a quelques années à notre copain Stéphane pour leur propre voyage en Amérique du Sud (demandez-lui de vous envoyer la photo !), et je ne vois plus que des centaines de doigts d’honneur dressés sur le blanc du Salar !!! Le décor est irréel, unique en fait, et la balade plait à tous ! On repart en voiture pour des kilomètres avalés sur le désert blanc, c’est totalement hypnotisant, je ne sais pas comment Edwin fait pour tenir la concentration. Par endroit le salar est constellé de formes en nids d’abeille qui scintillent au soleil, la nature a des dons artistiques indéniables… Nous arrivons en fin de journée à Tupiza, à 2950 mètres, au décor naturel radicalement différent ! Ici c’est un univers de western qui nous attend, nous sommes proches de l’Argentine, canyons et montagnes rouges flamboient au coucher du soleil. Tupiza est aussi la ville de Edwin et Mirtha, où ils seront contents de retrouver leur petite fille Belen de 5 ans, pour deux nuits. Et de notre côté nous allons apprécier un climat plus doux pour 24 heures, l’assurance d’une douche bien chaude pour deux soirs consécutifs, le luxe !, et SURTOUT, la possibilité de laver le linge accumulé et les pauvres vêtements chauds éprouvés par les plateaux d’altitude et portés en continu depuis 4 jours ! Dans les rues de Tupiza, ce soir, il y a une sorte de défilé festif, c’est sympa, et tous ces touk-touk taxi plus "tunnés" les uns que les autres, on s’endort tout heureux !
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