Northern Territory.
Le Top End.
Le territoire le plus au nord.
Le bout du bout.
Pour qui connaît un peu l’Australie, voilà la promesse des étendues les plus sauvages de l’immense continent, celles du Nord, où la vie peut être si hostile entre le Wetland et ses billabong enchevêtrés. Ces crocodiles, ces saisons de mousson où tout le territoire est inondé et coupé du monde, avant de révéler ses splendeurs à la saison sèche quand l’eau s’est retirée. Ces pistes cahotiques, ces chutes d’eau et ses piscines naturelles qui dominent les plaines.
Mais ce territoire sauvage dégage pourtant une poésie insoupçonnée, qu’on ne touche du doigt qu’en « vivant » le Northern Territory.
Pour notre troisième épopée en Australie, après avoir été subjugués par la liberté et la splendeur des paysages procurées par la Côte Ouest parcourue du Nord au Sud, on voulait désormais « se frotter » à l’Australie des aventuriers, celle de Crocodile Dundie, et lâcher le camping-car pour découvrir la conduite en 4x4, le camping plus sauvage.
Je me souviens de notre vol qui quittait le pays en 2017, avec des nouveaux rêves de territoire nord en tête : on y est !
Cette poésie que je ne soupçonnais pas, voilà que nous la trouvons au milieu de ces terres hostiles !
La météo d’abord : nous sommes au cœur de la saison sèche, avec ses températures clémentes de 25 à 30 degrés le jour, adoucies par une brise constante et rafraîchissante, qui fait chanter les eucalyptus.
Sa végétation ensuite : les pandanus foisonnent ici, et leur vert éclatant contraste très joliment avec les troncs blancs des niaoulis et des eucalyptus ; les étendues humides zébrées des billabong - le nom qu’on donne ici aux bras morts d’eau marine - à l’atmosphère si calme, si reposante, où règne un silence qui n’est entamé que par le cri des cacatoès blancs qui envahissent les arbres partout et valsent d’une branche à l’autre en solitaire comme en escadrille.
Et puis la poésie, nous la ressentons d’emblée par la culture aborigène très forte dans ce territoire, et qui a su, de façon assez exceptionnelle comparativement au reste du pays, préserver ses richesses naturelles et son histoire.
Les chaos rocheux abritent ici des centaines de peintures rupestres aborigènes, dont les plus anciennes datent de 2000 ans, qui racontent le quotidien aborigène mais surtout les légendes, « le Rêve aborigène » qui transmet de génération en génération l’histoire de la genèse de son peuple, rendant sans cesse hommage aux esprits ancestraux créateurs.
Il faut l’avouer, nos premiers pas à Darwin n’ont pas été de tout repos : la logistique pour préparer cette incursion de 15 jours dans ces terres sauvages est un peu lourde ! Anticiper les courses et les envisager avec peu de ravitaillement possible et le seul coffre d’un 4x4, récupérer des plaques de désensablement gentiment prêtées par un contact français qui vit ici, aller chercher le 4x4 loué chez Britz, dont l’agence était totalement débordée et dans l’incapacité de nous « expliquer » le véhicule en détail (démerdez-vous !), essuyer des sueurs froides en découvrant qu’avec tout l’équipement fourni, il n’y a plus de place pour les bagages, ou pour les enfants -au choix -, et commencer le périple par une belle partie de Tétris pour tout caser (on a réussi, plutôt bien fait finalement le 4x4…), trouver une boutique pour se faire créer un numéro australien car ici l’opérateur qui dessert « le mieux » (tout est relatif) la région ne fonctionne pas avec des cartes Sim sur téléphone européen (n’ayant pas de téléphone satellite, on voulait au moins pouvoir appeler des secours si besoin), il y avait de quoi ne pas partir sereins.
Et puis la route vers le Kakadu National Park, notre première étape de quatre jours dans le Northern Territory, a fait s’éloigner les doutes et les angoisses : l’Australie était là, ses paysages immenses, ses routes où l’on est seuls au monde, ses perroquets, et le rêve aborigène. Allez, c’est parti, on vous emmène avec nous !
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