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A Douriez, au coeur du val d'Authie, tous mes souvenirs d'enfance





Nous sommes retournés une petite semaine à Douriez en avril 2022, le village natal de ma mère, au coeur du val d'Authie, dans le Pas de Calais, à une demi-heure de la côte, et à quelques encablures de Montreuil sur Mer.

C'est la maison de mes grands-parents qui nous accueille, que mes parents et mes oncle et tante continuent d'occuper pour les week-ends, les vacances, les journées d'escapade. Année après année, elle retrouve une jeunesse, elle gagne en confort, elle permet d'y passer de bons moments, tout en nous replongeant chacun dans nos souvenirs d'enfance.

Quand on grandit dans un endroit charmant, on ne s'en rend pas toujours compte. C'est devenue adulte que j'ai réalisé à quel point ce petit coin du Nord de la France, que je croyais d'une banalité absolue, était en fait un repaire de mignonneries!

Enfants, on sillonnait le val d'Authie à bord de l'estafette de notre Papy Pierrot menuisier, qui nous prenait devant au volant sur ses genoux et riait tellement de nous faire croire qu'on conduisait seuls comme des grands! On arpentait à pied les rues du village avec Mamie Douriez qui marchait à côté de son vélo, pour faire la tournée des voisines, chez lesquelles on se faisait offrir un "chuc" (sucre) en canard dans un café. Emilienne, Germaine, et tant d'autres avaient tant de plaisir à papoter avec Léone, on imagine bien que leur vie trépidante - au coeur de ce village de quelques âmes - leur permettait d'alimenter les conversations tous les matins! Avec ma soeur, on garde à jamais un souvenir écoeuré de la ferme de Gilberte, à l'infecte odeur de poules qui collait aux narines, où Mamie nous avait obligées à manger la tartine de confiture dégoulinante (de mouches) offerte par la copine. Il ne fallait pas penser à la cuisine de Gilberte (pleine de mouches toujours) lorsque Mamie nous servait la poule au pot tout droit sortie de la dite-ferme...

Douriez, c'est d'autres souvenirs culinaires : la soupe au lait et sa tartine de mie trouée, invariablement servie pour ouvrir le repas lors de nos visites dominicales, qu'on allait terminer dans la salle de bain parce que tout le monde s'obstinait à vouloir nous la faire manger; mais j'ai en mémoire aussi un souvenir autrement plus délicieux, "la poire" (la tisane, pas l'alcool!), que Mamie nous servait le soir après le repas, sur la toile cirée, face à la télé que mes grand-parents regardaient assidument. On trempait des sucres les uns derrière les autres, qu'on suçait avec avidité jusqu'à ce qu'ils éclatent sur le palais, une sacrée madeleine de Proust! Ces soirées éclairées au néon du plafond, chauffés par le poêle à bois de la cuisine, pour compenser la froideur du carrelage moucheté, représentaient pour nous la liberté absolue, celle de pouvoir veiller avec eux avant d'aller monter nous coucher.

La mise au lit, partagée avec ma soeur, dans ce matelas tout mou qui nous accueillait en son creux, était un moment de pure jouissance, car Mamie faisait chauffer une brique sur le poêle, qu'elle entourait ensuite d'une serviette et nous déposait aux pieds sous la couette pour nous réchauffer! "A bonne nuit" était son mantra avant de refermer la porte dont la vitre floutée laissait passer la lumière du palier et le bruit de la télé, rien de mieux pour se sentir en sécurité!

On passait nos journées entre l'atelier de Papy, à jouer dans les copeaux de bois comme on jouerait dans la neige, et la pâture d'à côté, témoin de tous nos jeux d'imagination avec les cousins (jouer à la Petite Maison dans la Prairie a occupé un immense temps de nos vacances, il faut dire que le cadre s'y prêtait bien!).

Ce petit village de l'Authie possède une collégiale remarquable, la collégiale St Riquier de Douriez, qui a vu mes parents se marier, et dans laquelle nous avons enterré mes grand-parents bien sûr.. Elle a été entièrement rénovée et trône fièrement au centre de la bourgade, dans sa blancheur retrouvée.

Les environnements de Douriez sont très agréables à découvrir, que ce soit à pied dans les chemins des bocages, en canoé sur l'Authie, en vélo, la campagne a des airs de prairies anglaises, depuis le traditionnel Moulin de Maintenay, le village de Dominois, la ville de Montreuil sur Mer, jusqu'à l'abbaye de Valloires, autant d'endroits tous plus charmants les uns que les autres!

Valloires est une abbaye cystercienne du XVIIIe siècle (fondée au XIIe siécle puis entièrement reconstruite) qui héberge de superbes jardins à la française, paysagés par Gilles Clément. Elle a abrité un dispensaire pour enfants créé en 1922 par Mademoiselle Papillon, infirmière de la Croix Rouge Française, et aujourd'hui encore certains bâtiments accueillent des enfants au sein d'une MECS (Maison d'Enfants à Caractère Social, des structures qui font de l'accueil temporaire de mineurs au titre de la protection de l'enfance). Elle a aussi été le lieu du tournage de la série télé "Les Combattantes" dans laquelle ma mère joue une nonne en figuration!

Nous avons redécouvert Valloires lors de notre passage de 2022, là encore, j'ai réalisé que des petits bijoux scintillaient dans ces endroits habituels de mon enfance...

Les environs de Douriez, c'est aussi les voisins anglais qui sont bien implantés dans la région, et amènent leur petite touche british : les scones à commander du salon de thé de St Rémi au Bois sont délicieux pour le goûter, couverts de confitures toutes plus originales les unes que les autres! C'est Diana aussi, notre voisine un brin excentrique, dont la vie de babacool est pleine d'anecdotes croustillantes!


Le Val d'Authie, c'est un endroit que je rêve de faire découvrir à mes amis toulousains, mais la distance ne rend pas les choses faciles à organiser! C'est en tous cas aujourd'hui le lieu de villégiature préféré de mes parents, qui ne se lassent pas de son environnement bucolique! Et j'espère que le jour où nous serons grand-parents à notre tour, nous pourrons y faire goûter à nos petits-enfants les saveurs de tous les souvenirs que nous y avons laissés!




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