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Petites et grandes sensations



Aéroport d'Auckland, 16 décembre, 18h. Encore près de 38 heures de voyage nous attendent avant de franchir le pas de la maison de Toulouse... C'est le moment de se remémorer toutes ces petites et grandes sensations qui font d'un grand voyage un moment fort dans une tranche de vie. La chaleur pesante des 41 degrés du parc national du Karijini, ses gorges profondes et rouges, la frayeur du serpent Death Adder, l'histoire du bouton d'urgence au milieu de rien.. Etre fasciné par un ciel étoilé lors de la dernière sortie pipi du camping-car à minuit. Monter et démonter chaque jour le lit parapluie de Zoé, inlassablement, au milieu de pas de place! L'odeur des lupins à Cardrona, celle des frangipaniers à Lifou. Le goût délicieusement acidulé des fruits de la passion de l'île des Pins, la découverte de celui des corrosols à Lifou. Des boutons de moustiques qui grattent en Nouvelle-Calédonie, des mouches envahissantes qui tentent de rentrer jusque dans les narines en Australie, la chasse aux sandflies en Nouvelle-Zélande. L'odeur du soleil sur la peau, le goût du sel quand on prend sa douche après une séquence de PMT dans le lagon, chercher encore et partout son petit savon dans la trousse de toilette embouteillée. Le plaisir d'une douche après deux nuits en camp sauvage sans eau ni électricité, le tracas des petits papillons de nuit qui envahissent l'assiette du dîner dans le noir à Karijini ou Lucky Bay. Le bonheur de s'allonger après une journée de route fatigante, celui de se lever au chant des perroquets. Les kangourous, et les bébés dans la poche, la surprise de voir les pattes dépasser! Tous les pipis portés de Zoé dans tous les paysages possibles, ses premières nuits totalement propres! Ses premiers dessins aussi, "vaches et poissons", dans l'avion entre Nouméa et Auckland. L'agacement souvent de pas pouvoir circuler facilement dans la camping-car quand il faut conjuguer cuisine et rangement, mais le petit bonheur de respirer la lessive propre qui sort du lave-linge après plusieurs jours de stagnation dans l'énoooorme sac de linge sale. La faim qui titille mais l'aire de pique-nique qui n'est pas encore là, le pur plaisir de la gorgée de Coca quand on est complètement déshydraté par 40 degrés en Australie. Ce sentiment d'aventure quand on escalade les gorges de Kalbarri au coucher du soleil, quand on est bringueballés dans le 4X4 de Capes dans le sable rouge de François Peron, quand on se trouve au milieu des chauves-souris et des perroquets blancs de Fern Pool. Ce "waoou" intérieur quand on se retrouve nez-à-nez avec une raie aigle énorme tapie sur le sable, avec un Perentie pas engageant sur la route du Cape Range NP, une tortue bonne écaille dans le lagon de Kanumera. Ces tortillements dans le ventre d'admiration devant le panorama époustouflant des côtes du parc national de François Peron, devant les collines illuminées de la route entre Queenstown et Pukaki, devant le turquoise électrique changeant au fil du soleil du lagon de l'île des Pins, devant la découverte de la somptueuse Kiki Beach à Lifou, devant le blanc éclatant du sable de Lucky Bay , les lumières grises du ciel menaçant mêlées au soleil couchant, le plaisir du chocolat chaud pour nous réchauffer sur cette plage éventée, le plaisir du petit carré de chocolat noir au soleil néo-zélandais, de la crêpe sur Kanuméra. Cette sensation de paix absolue sous l'eau face aux coraux, l'observation silencieuse d'un kiwi fouinant avec le bec, l'enthousiasme de la rencontre des kangourous de Bullara Station, la recherche jamais aboutie du Thorny Devil, les poissons-clowns dans l'anémone, les arcs-en ciel de Nouvelle-Zélande, les gouttes d'eau au bout des fougères, l'odeur de mousse et de humus après la pluie aux gorges de Hokitika. La douche de nuit sous le réservoir, chauffée au feu de bois, de Bullara Station, le sable dans les pieds comme de la poudreuse à Lucky Bay, à Luengoni. L'agacement, voire l'énervement pour les devoirs qui n'avancent pas, pour Félix et ses conjugaisons de "être et avoir" qui ne veulent pas rentrer, pour Basile et ses angles droits. Ces "ouh la vache" impossibles à retenir face aux paysages qu'on ne peut pas s'arrêter de photographier: les sources bleues de Te Waihou, une rivière bleue qui nous nargue sur la route, un lac turquoise de Nouvelle-Zélande, un désert australien, ce sentiment de solitude sur la route australienne, ce sentiment de vie sauvage et vulnérable! Les étoiles dans les yeux de Basile après sa rencontre avec Sky et Sofia, les kangourous de Bullara Station, avec ceux de Lucky Bay nous révélant leur bébé dans la poche, avec Alpha la tortue mâle énorme de l'île des Pins, avec les dauphins de Monkey Mia... Ces rencontres humaines anonymes de gens sincèrement gentils partout, attentionnés à l'autre, cette spontanéité de l'être humain à vouloir parler, en savoir plus sur nous, notre parcours, notre ressenti face à leur pays, leur culture: cet australien à la retraite qui fait le tour de son pays en un an à Bullara Station, cette vendeuse de café à Lucky Bay d'origine aborigène, ce cuisinier de Vao à l'île des Pins qui nous a fait visiter son jardin et a eu plaisir à nous couper la coco, Justine et son histoire familiale à la grotte de Xepene, Coco et Nico et leur petite maison adorable des îles... Sentir la terre respirer et fumer à Rotorua, trembler à Lifou, gronder dans les montagnes de Aoraki. La lumière couchante à travers les feuilles de cocotier dans notre gîte de Kanuméra, la peau bronzée de Zozo sous mes doigts, Les expressions de dessins animés sans cesse répétées de Félix, les attitudes d'excitation de Basile face à la nature. Frotter le sable farineux de Luengoni pour se nettoyer les pieds, entendre la douce mélodie des Tui, oiseaux de Nouvelle-Zélande avec leurs deux petits pompons blancs sous la gorge, mettre avec plaisir dans la bouche la première cuillère de nouilles chinoises servies pour la 4e fois dans la même semaine ! Un petit verre de vin rouge dans la chaleur du camping-car lorsqu’il fait 9 degrés le soir au Mont Cook. La saveur du banana bread à Queenstown, ce petit bracelet de graines acheté à Lifou, la satisfaction d’avoir enfin une connexion internet pour faire avancer le blog, l’agacement de voir qu’on met une heure pour télécharger 10 photos ! Les fous-rires de voir Zoé partout chez elle sur son pot, dans tous les décors possible ! Les galères de la mettre aussi-dessus en roulant dans le camping-car, parce que « caca ! caca ! » n’attend pas ! L’émotion entre l’excitation et un peu de trouille de voir passer Monsieur et Madame Emeus, fiers et curieux, au milieu de notre campement, les mini- grenouilles dans les douches du camping désert de Pulbarra, cette famille de Français super sympas en deux 4X4, croisés au Cape Range NP, l’angoisse de la conduite à la tombée de la nuit en Australie, la frayeur de voir les kangourous surgir devant notre nez, la fierté d’avoir frôlé la Montagne du Destin, l’admiration de ce panorama volcanique exceptionnel, les douleurs dans les hanches et les genoux à partir du 14e kilomètre, l’odeur de la crème solaire inlassablement tartinée tous les jours, la déception de ne pas avoir vu Golum au musée Te Papa, la fascination pour le Haka, cette voie lactée de vers-luisants à Hokitika, les tortues qui sortent la tête pour nous narguer à Cape Range, le sable rouge du Nord Ouest australien qui s’infiltre partout, si difficile à nettoyer sous les pieds. Tant et tant de sensations : se souvenir, encore et toujours de toutes ces émotions, petits plaisirs ou grands bonheurs, petits agacements ou stress d'un moment, qui ont fait de ce grand voyage un moment suspendu dans notre vie de famille! Et rentrer avec des rêves plein la tête, pour se dire qu'on récidivera un jour, et qui sait, pour plus longtemps encore que ça ??...!


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