Marche éducative le matin, sieste dans la chaleur de l'après-midi et tempête de sable le soir !




Nous avons quitté Kolmanskop et roulé pendant plus de cinq heures pour gagner la Namibrand Nature Reserve, en bordure du désert du Namib. Voilà le plus ancien désert de la planète, qui couvre la plus grande partie de la Namibie centrale. D’ailleurs, « namib », le mot Nama qui a donné son nom au pays, signifie « vaste plaine aride », je crois que ça définit bien l’endroit!
Il recèle entre autre la zone de Sossusleiv que nous gagnerons le lendemain, avec ces immenses dunes de sable orange, certains culminant à plus de 300 mètres.
Ce qui est bien quand on planifie autant ces voyages à l’avance tel que j’ai l’habitude de le faire, c’est qu’on ne se souvient pas toujours pourquoi on a réservé certains endroits!
La découverte de cet environnement incroyable dans lequel est implanté notre campement me ravive la mémoire : c’est bien pour vivre le désert que nous sommes ici pour une nuit!
Il n’y a que trois campsite dans cette réserve, espacés de 2 km les uns des autres, on ne risque pas de croiser son voisin! C’est Adam qui nous accueille et nous indique les pistes à suivre. Le campement est fantastique, au pied d’une petite dune, au milieu des oryx et de leurs cornes majestueuses. On a notre propre paillote de douche, WC et lavabo, une table, des bâches pour se protéger du vent et du soleil, et l’immensité du sable autour de nous. En ce milieu d’après-midi le soleil est mordant et la chaleur pesante. Une petite sieste s’impose sur nos fauteuils de camping!
La soif se fait vite sentir, les lèvres s’assèchent, et les mouches sont tenaces! Basile ne se lasse pas de faire des clichés de l’oryx qui broute tout près de nous, mais ne se laisse pas approcher de si près pour autant.
Vers 16h30, le vent se lève et l’atmosphère devient plus supportable. On prend la piste pour aller se balader dans les dunes, la lumière rougeoit, c’est très beau. Mais le vent se renforce et bientôt le sable vient s’insinuer partout, il crisse même sous les dents! On rentre au campement et le vent forcit encore, on commence à se dire qu’on ne pourra jamais préparer à manger, et on envisage mal le lever des tentes sur le toit! On se décide à reprendre la voiture pour aller demander conseil au gardien de la réserve, peut-être que le vent va se calmer avec la tombée de la nuit ? Une brume de sable a envahi maintenant les horizons, c’est magnifique mais un peu angoissant! Ambiance mêlant mystère et désolation… On peine à trouver quelqu’un, les habitants de la ferme à l’entrée sont réfugiés chez eux, finalement Adam est de retour : il n’est pas très optimiste sur le fait que le vent tombe cette nuit et il nous guide alors vers une zone de repli. Il nous ouvre une petite fermette configurée pour accueillir des hôtes, et c’est charmant ! On est ravis et soulagés! C’est la fête autour de la table de la cuisine, on a bien faim après cette journée de route sur piste et de chaleur désertique!
Le lendemain, réveil à six heures pour une marche éducative de deux heures que j’avais réservée. Adam vient nous chercher. La nuit a été bonne et le vent est tombé, ouf! Nous voilà partis, dans la lumière du levant, pour une belle découverte de la vie insoupçonnée des dunes. Adam nous apprend à repérer et décrypter les traces dans le sable : différentes espèces de gecko du désert, petite giboise des sables (trop mignonnes les traces de pattes avant et poser de popotin), les fameux tok-tokkies, ces scarabées haut sur pattes qui se déplacent comme des araignées et laissent des empreintes caractéristiques partout, qu’on prenait pour des traces de serpent! Mes empreintes préférées sont les « fleurs » de l’araignée-danseuse. Une belle araignée blanche dont le mâle, pour attirer la femelle, fait des stop réguliers sur son trajet (tous les mètres environ) pour faire un petit pas de danse sur place qui laisse une trace dans le sable semblable à un dessin de fleur : quelle poésie dans la nature!! On peut ainsi suivre son parcours, puis deviner une zone de piétinement dans le sable, à peine perceptible, qui marque l’entrée de son tunnel creusé sur une trentaine de centimètres et totalement invisible : avec une petite brindille, Adam soulève délicatement le sable et nous ouvre la toute petite porte d’entrée tissée de toile, recouverte de sable; c’est diingue!!! L’ araignée reste invisible car elle loge au fond de son tunnel, on referme alors délicatement sa porte sur ce monde souterrain invisible et fascinant! Les garçons s’amusent alors sur le reste de la balade à trouver les portes d’entrée du royaume des araignées, en prenant bien soin de toujours les refermer sans laisser de trace. On apprend aussi à détecter les trous de scorpions, qui peuvent creuser des tunnels de cinquante centimètres, on voit les traces des renards des sables qui ont pisté les dit-scorpions et ont remué le sable à l’entrée! On devine aussi des empreintes de mammifères : hyènes, oryx, springbok, on peut même distinguer le type de pas : oryx fatigué qui traine la patte ou couple mère-enfant avec le petit qui trotte à côté, on voit aussi les pas de la hyène qui a pisté les srpringbok! On arrive dans une plaine où une dépouille git dans un arbre, en hauteur: la sécheresse du désert l’a très bien conservée, elle est là depuis 2021, une proie hissée dans l’arbre par un guépard, très rare d’observation dans cette région. Toute la viande est mangée, il ne reste plus que le cuir intégral, les sabots et les cornes!
Adam nous explique que la réserve abrite également des zèbres, invisibles ce matin, et est régulièrement traversée de girafes, dont nous observons les toutes petites crottes, assez insolites pour un animal d’une telle taille!
La chaleur monte et on est contents de regagner le véhicule pour rentrer dans la fermette: on s’octroie une petite heure de sieste, et alors qu'on se réveille, un mirage semble arriver aux portes de la maison : un énorme troupeau d'une centaine de zèbres vient lentement vers nous pour s'abreuver au point d'eau qui nous fait face! Incroyable! Quel spectacle! Basile saisit l'objectif et ne peut plus s'arrêter, c'est fascinant! On resterait bien là des heures à les observer mais il nous faut reprendre la route, pour continuer l’exploration de ce monde envoûtant qu’est le désert du Namib! Direction Sesriem et Sossusvlei, les stars du pays!
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