Et voilà, la découverte du Costa Rica touche doucement à sa fin, il est temps de remonter et de se rapprocher de l’aéroport, pour un vol le lendemain. Nous continuons notre beau périple latin vers les Galapagos, alors forcément, c’est moins difficile d’envisager de partir… Nous profitons de cette dernière (longue !) route pour s’imprégner encore de l’ambiance costaricienne et de son éternel « Pura Vida ! ». La route sur la péninsule est toujours aussi belle, les points de vue sur le Golfo Duce sont superbes. On s’arrête au bord de la route auprès d’une de ces petites paillotes qu’on trouve régulièrement, vendant du ceviche à emporter, ce plat national de poisson cru mariné dans le citron vert et la coriandre : 1500 colones la portion, soit 2 euros environ, ça vaut le coup ! Voilà qui complète bien le pique-nique prévu sur la plage publique de Manuel Antonio, sur la côte Pacifique. Manuel Antonio, c’est avant tout le parc national le plus connu du pays, le plus couru aussi, raison pour laquelle nous avions fait l’impasse, ce d’autant que nous avions la chance d’aller voir des endroits plus confidentiels mais tout aussi riches en faune. Alors effectivement, il y a plus de monde que partout ailleurs, mais ce n’est quand même pas le tourisme de masse ! On y perçoit bien la présence des jeunes surfeurs américains : les environs, perchés sur un promontoire avec des routes étroites et très pentues (comme Pierre les adore… no comment…), sont bordés de resto, hôtels, petites boutiques, l’ambiance est très « à la cool » mais donnent une vue impressionnante par endroits sur la baie et son parc national. Vincent et Karina nous avaient donné le bon plan du pique-nique sur la plage publique Espadilla Norte, qui est en dehors du parc national, et qui permet de se garer devant la plage, gratuitement. La plage est immense, c’est marée basse, et on pose nos fesses pour ravitailler les estomacs, réveillés depuis 6h30. Le ceviche est excellent, on regrette de ne pas en avoir acheté plus ! C’est alors que Zoé et Félix réclament d’aller voir le marchand de glaces ambulant… alors comment dire… « glaces »… un peu spéciales quand même !! De la glace qu’il récolte au grattoir, qu’il tasse dans un gobelet, arrose d’un sirop fluo absolument chimique puis recouvre le tout de lait concentré sucré, une paille, et hop ! Pas grand succès auprès de Félix, Zoé, elle est ravie… mais c’était sans compter les guêpes qui repèrent à des kilomètres nos mixtures et nous foncent dessus, abrégeant la pause ! On ne les avait pas encore vues celles-ci en 13 jours de voyage, on peut dire que cette faune-là ne nous avait pas manqué ! La route se poursuit, nouvel arrêt pour acheter un dernier savoureux ananas, juteux à souhait, les fruits vont peut-être nous manquer dans la suite de notre périple ! Nous arrivons en fin de journée dans la région de Tarcoles, à 1h30 de l’aéroport, pour notre dernière soirée et dernière nuit costaricienne… petite nostalgie quand même, on profite de la piscine avant la tombée de la nuit, et voilà encore un orage terrifiant avec ses trombes d’eau aux allures de fin de monde ! La foudre tombe juste à côté de nous, on est saisis !! Le lendemain matin, au cours du petit déjeuner, on assiste au survol de nos derniers aras macaos, trois couples se succèdent devant nos yeux et déploient leurs couleurs sublimes pour nous saluer (Zoé nous tue : « oh mais j’avais pas vu comment ils avaient de si belles couleurs !!!) et voilà, en route pour Santa Ana : on doit repasser chez Vincent et Karina pour récupérer nos doudounes prévues pour la suite du voyage, et réorganiser les bagages pour l’avion, notre éternel casse-tête. Ils sont partis quelques jours au Mexique, et le hasard, heureux, fait qu’ils atterrissent à l’heure où l’on doit gagner l’aéroport, on fera donc le transfert de voiture à ce moment-là, leur super 4x4 qui nous aura bien rendu service sur certaines pistes ! C’était sans compter le dernier rebondissement final, alors qu’on roule tranquillement dans la ville, à 15 minutes d’arriver sur l’aéroport : dans une rue étroite, un camion arrivant en sens inverse nous contraint à nous déporter sur la droite, très près (trop près !) du caniveau, pour pouvoir lui laisser le passage ; alors qu’on redémarre, blam !, notre roue avant droite tombe dans un énorme trou de caniveau et la voiture tout entière est coincée, la roue dans le vide. Prise de panique à l’idée que le pneu soit déchiqueté ou la voiture définitivement immobilisée alors que notre vol est dans 3 heures ( on a suffisamment vu ce que donnaient les accrochages et accidents nécessitant l’attente de la « policia de transito », qui créé des heures de bouchon !!), je sors de la voiture et arrête aussitôt un automobiliste qui par chance a quelques notions d’anglais ; c’est alors que l’on vit subitement le formidable élan de solidarité des Costa Riciens : tout le monde s’arrête, descend de voiture et de motos, et s’organise pour nous aider ; un gentil monsieur torse nu aux dents douteuses me répète de façon incessante « tranquille », « tranquille », de son regard bienveillant, pour me faire comprendre qu’on va réussir à sortir la voiture de là, ils ont pleinement confiance. Je repense aussitôt à ce qu’on avait vécu avec les 4 x 4 au Khirgzistan, embourbés à 3500 mètres d’altitude sur des routes vertigineuses dans les 1 mètres de neige tombés la nuit en quelques heures, et à quel point j’avais été soulagée par la présence d’un groupe de Kazak échaudés à la vodka en mode « des hommes des vrais qui n’ont peur de rien et se sortent de tout » !!! Ils sont 5 à tenter de soulever la voiture par l’avant pendant que Pierre essaie de faire marche arrière dans un crissement de pneus et une odeur de goudron brûlé terribles. Echec. Je demande à un des hommes de prendre le volant, ayant probablement plus l’habitude que nous de manier ces véhicules monstrueux (Vincent nous avait expliqué que le 4X4 était plus important que la maison pour le ticos, prêt à s’endetter à vie pour en posséder un… il faut dire que dans ce pays, et en pleine saison des pluies, on a vite saisi à quel point il est indispensable !). Nouvel essai. Ca crisse encore, le moteur hurle, échec. Je ne peux pas m’empêcher de penser à la catastrophe que ce serait de louper l’avion et toutes les correspondances qui suivent, en plus d’abîmer le véhicule, et de me dire en boucle que franchement, à 15 minutes de l’aéroport, cette situation est la poisse absolue. Je fais sortir les enfants en me disant que ça pourra alléger un peu, je les mets en sécurité, le monsieur torse-nu continue de tenter de me rassurer : ils vont y arriver. C’est alors que l’un deux a l’idée d’ouvrir le coffre, on sort deux gros sacs, ils sont deux à monter debout sur le pare-choc arrière et les voilà qui secouent le 4x4 de bas en haut comme des damnés sur une balançoire pour faire contrepoids et permettre aux hommes de devant de soulever la bête dans un effort surhumain pendant que le conducteur active la marche arrière. Ca crie, ça hurle, ça s’encourage, je ressens l’adrénaline qui doit parcourir tous les jours les coureurs automobiles du Paris-Dakar dans ces galères de voitures coincées qui patinent. Une, deux, trois tentatives, le suspense est à son comble, je retiens ma respiration, j’ai peur pour ces hommes qui donnent tout pour soulever le monstre et risquent un accident, mais voilà, victoire !Brusquement la roue sort de son piège ! Libérée, délivrée ! Quel soulagement ! Je contiens une énorme envie de sauter dans les bras de tous en même temps ! on les remercie chaleureusement, le pneu semble avoir tenu le coup, et il n’y a pas de dégât sur la roue ou sur la carrosserie. On dégage rapidement le passage pour permettre à la circulation de reprendre, on n’arrive pas à cesser de remercier chacun avec des poignées de main vigoureuses (tant pis pour le Covid !) et ça tombe bien, « muchas gracias » est à peu près la chose qu’on sait dire en espagnol !! Les enfants sont sous le coup du stress et de l'exaltation à la fois! Dans notre élan on donne tout ce qui nous reste de colones (un peu plus de 10 euros) au monsieur torse-nu qui semblait le plus dans le besoin, et qui semble grandement apprécier ! Les autres ont vite repris leur route et leur quotidien, visiblement heureux de nous avoir sortis du pétrin ! Y a pas à dire, quand les hommes, sans se connaître, s’unissent soudainement contre le mauvais sort, ils font de belles choses ! Pura Vida ! Vive le Costa Rica!
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