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Central Arnhem Road : la route pour voyage, tout au bout du Top End




Terres d’Arnhem. « Arnhem Land », comme on le dit ici. Un nom qui sonne comme un pays imaginaire, presque inaccessible. La partie la plus sauvage et la plus aborigène de tout le Top End, tout à l’Est. Voilà mon rêve depuis notre dernier passage en Australie. Il n’y a qu’en venant ici une première fois, et même une deuxième !, qu’on peut savoir que cet endroit existe. D’ailleurs pour les Australiens eux-mêmes, c’est un peu le Mordor ! On le devine à leurs mines ébahies quand on leur dit qu’on a prévu d’y aller dans notre road-trip ! Un mélange de fascination et de crainte, une envie d’aventure dans l’aventure, un challenge supplémentaire dans ce voyage un peu hors-normes ! Et pour cause, nous allons pénétrer dans des terres exclusivement aborigènes. Les seules sur cet immense continent. Aucun parc national n’a de prise ou de coopération ici. Il faut un permis pour traverser la zone, un permis pour rouler sur la piste, un permis pour s’installer sur les zones de campement, une sacrée logistique pilotée depuis la France il y a déjà plusieurs mois, mais rien d’infaisable, quelques mails et le tour est joué ! A 100 km au sud de Katherine, une piste de 650 km de long nous attend, pour rejoindre la ville de Nulhunbuy, sur la péninsule de Gove, cernée par la mer de Arafura et le golf de Carpentaria. Une route mythique en Australie, qui traverse une terre sauvage et spirituelle. Peu de stations essence sur le trajet, on s’achète un jerrican (encore un truc de plus à caser dans le Tétris du coffre, pas trop envie de fixer ça sur le toit..), on a fait le plein de nourriture et d’eau, on a une roue de secours, et on serre les fesses !!! Avant ça, pour se mettre en forme, Pierre et moi on s’est autorisés un petit footing au lever du jour depuis le camping pour rejoindre les sources chaudes pour un dernier bain rien que tous les deux !! Absolument personne à cette heure matinale ! On a croisé notre premier kangourou, de belle taille, sur le chemin, ils sont sacrément difficiles à observer ici, très sauvages… Et nous voilà partis… La route est tantôt un peu asphaltée, tantôt gravillonnée, tantôt sableuse, tantôt de tôle ondulée infernale, de cailloux, de trous, de couleur rouge, ocre ou grise, bordée d’une forêt aride, brûlée par endroits par les incendies maitrisés des aborigènes, verte à d’autres avec des palmiers fougères, des pandanus encore et toujours, des buissons, de la lande… Les rapaces tournoient au-dessus de nos têtes, en quête d’une dépouille de walabie mort sur la route. Le premier jour de route on fait un stop dans une communauté aborigène, les Djihil, pour faire un tour dans leur petit musée : les tableaux sont superbes, et la boutique vend des objets d’artisanat uniques, à prix inabordables !!! Le village semble désert, ils sont plutôt "taiseux" les Aborigènes, ils me font beaucoup penser aux Kanaks, pas faciles à aborder au premier abord, mais là aussi il y a des origines communes... La route continue, le pique-nique se fait sur un point de vue de fou sur toute la région, c’est très beau ! Les corbeaux croassent d’un cri maléfique, guettant ce qu’on pourrait leur laisser ! Vers 16h, on arrive à notre stop pour la nuit, Mainoru Store, une sorte de ferme du bout du monde avec deux pompes à essence, une zone de campement, des oiseaux partout, et une splendide rivière qui sinue au fond, recouverte de nénuphars et bordée de pandanus éclatants : à la lumière de la fin de journée, je m’extasie et je mitraille, évidemment ! Au coucher du soleil, on part avec Basile à la chasse au kangourou dans les alentours, on en aperçoit plusieurs, mais encore une fois ils bondissent pour se cacher dès qu’ils nous voient arriver, pas le temps de dégainer l’appareil photo ! Pas tellement habitués à la civilisation les kangourous du Northern Territory ! Un peu frustrant, mais on a encore de l’espoir pour la suite du voyage ! On en avait tellement vus et approchés sur la côte Ouest! La douche chaude entourée de quatre panneaux de tôle, à ciel ouvert, est un délice pour se laver de la poussière rouge de la piste qui s’infiltre partout.

Le lendemain, on lève le camp vers 9h30 et on affronte huit heures de trajet. Le premier tiers est difficile, cahotique, on a du mal à accélérer, et la pause pique-nique au bout de trois heures de route nous sauve le moral. Par le plus grand hasard, on trouve un endroit en bord de route avec une table en pierre à côté d’une jolie rivière !! Probablement l’unique du secteur, on n’en verra aucune autre !

Revigorés par le casse-croûte, on roule tout l’après-midi… de temps en temps une intersection qui mène à une communauté aborigène, et sinon, de la poussière, de la poussière, de la poussière ! Le sable rouge est partout, il a pénétré dans les moindres recoins de la voiture, comment la nettoyer au retour ?? On croise quelques buffles sauvages, deux très jolis Kukaburra (des gros oiseaux bleus magnifiques d’Australie, qui ont un peu la charpente des martin-pêcheurs en beaucoup plus volumineux, là encore envolés dès l’approche !), et quelques kangourous écrasés sur la route, malheureusement c’est très commun.. Et voilà que la péninsule de Gove pointe enfin son nez, il est 17h, on n’en peut plus ! On a réservé un emplacement dans un club de bateau, où le gérant très sympa nous accueille avec un large sourire ! Tous les Australiens qu’on a croisés jusqu’ici sont toujours très chaleureux, sincèrement intéressés de notre road-trip, et nous souhaitent systématiquement un « drive safe and enjoy your trip ! ». Zoé est la plus heureuse, en arrivant dans cette civilisation du bout du monde, il y a un magnifique banian sur le camping, qui sert de zone de jeu géante aux enfants, elle se fait vite des copines et on la laisse là tout le temps du montage des tentes. Douches à nouveau, plancha !, on profite de quelques heures de confort avant nos deux jours de campement sauvage sur les plages de la péninsule ! Pas de baignade possible car les crocodiles d’estuaire peuvent être partout, mais de la contemplation au programme ! Et nos premiers kilomètres dans le sable, le moment peut s’avérer critique, là encore il faudra serrer les fesses !




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