Trois heures de route nous séparent de notre prochain campement, le Madisa Camp, à l’entrée du Damaraland.
Dans le village de Spitzkoppe, qui apparait bien pauvre, les échoppes sont occupées ce midi et on se décide pour un petit stop: l’artisanat des Damara est ici constitué essentiellement de mobiles enfantins où les dessins d’animaux sont découpés puis peints dans de l’aluminium de canettes, l’éternel sens du recyclage de l’Afrique…. Je craque bien sûr, mais ce petit commerce me permet de discuter avec une famille. Ils admirent mon top en wax africaine fait maison, et les adolescentes envient mes boucles d’oreille bien « frenchies »!
La route qui suit est encore pénible, sur de larges pistes gravillonnées dont certaines portions sont bien chaotiques, avec des montées et descentes en toboggan qui nous donnent quelques frayeurs: avec nos pneus à 180 Bars, on peut rouler à la vitesse recommandée de 80 km/h, mais parfois on se fait peur!
Après avoir passé la localité de Uis (il y a très peu de villes et villages en Namibie : avec 2,4 millions d’habitants pour une surface de 820 000 km2 et 3hab/km2, ce pays à la densité parmi les plus faibles du monde possède des pistes de totale solitude, où chaque station service est une fête, « the place to be » en somme!), nous traversons une zone où plusieurs villages Himba s’égrènent le long des pistes, avec leurs petites cahutes de branchages installées en cercle. Je suis étonnée car les Himba vivent traditionnellement bien plus au nord, et je n’avais pas prévu d’aller à leur rencontre, ne sachant pas trop à quoi m’attendre côté authenticité.. Nous avons appris plus tard que la sécheresse des dernières années a décimé leurs troupeaux et les a contraints à descendre plus au sud dans le Damaraland pour vendre leur artisanat et faire survivre les familles.
Les HImba du Kaokoveld sont en fait une sous-branche du peuple Herero, un des grands groupes etniques qui peuplent la Namibie, avec les Damara, les Owambo, les San, les Kavango, les Nama...
Plusieurs femmes Himba m’accueillent et veulent évidemment toutes me vendre des bijoux. En cinq minutes, me voilà recouvertes de bracelets … Puisqu’il faut tenter de faire plaisir à chaque famille, j’en achète dix (il faut dire qu’ils sont très jolis, en coquille d’oeuf d’autruche ou en corne animale), et je ne négocie pas âprement car leurs conditions de vie restent très précaires… J’admire les coiffes si typiques des femmes, avec leurs dreadlocks enduites de terre rouge, leurs corps d’un beau marron profond, leurs pagnes… Des tas de gamins nous tournent autour, et réclament à manger… Des bébés, la morve au nez, jouent sur le sable. On distribue un gros pain, c’est la première fois je crois que des populations locales réclament de la nourriture plutôt que de la monnaie…
Sur la suite de la route, des femmes Herero, aux robes colorées et aux larges chapeaux, font signe sur la route et réclament de l’eau: c’est interrogeant…. Notre réservoir est vide et on se dit qu’il faudra le remplir pour les prochaines familles croisées…
Quelques maisons de tôle ou de branchage, éparpillées, et toujours cette aridité dominante, pour la première fois nous sommes confrontés à la réalité de ces peuples désolés de la Namibie.
Notre arrivée à Madisa Camp en milieu d’après-midi est réconfortante : emplacement très mignon avec sa douche sur pilotis et ses parois en pisé, on est bien posés sous les arbres. Après le désert du Namib et Spitzkoppe, voilà enfin un peu de végétation! On prend le temps de faire une lessive à la main (les culottes et chaussettes crient au scandale!), de faire la vaisselle du petit-déjeuner, s’organiser, ranger la voiture… sous le regard des calaos, ces oiseaux au bec courbé (oui Zoé, le bras droit du Roi Lion, chacun ses références!)
Une petite piscine permet un bain rafraichissant avant de partir pour une virée dans le bush au coucher de soleil… Peu d’espèces aperçues (dindes, autruches, springboks), mais des paysages magnifiques à la lumière du soir, et un petit apéritif bien agréable avec vue dominante et échanges sympathiques avec notre guide du moment, lui aussi Damara…
On est encore bien épuisés ce soir!
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