25 mai 2024. Il y a des rendez-vous à ne pas manquer.
Je visais depuis quelques temps cette incursion pyrénéenne à Gavarnie, que nous ne connaissions pas encore: honte à nous qui vivons depuis bientôt 20 ans à seulement deux heures et demi de cette merveille de la nature.
Depuis notre retour de l’Ecosse, une randonnée dans les Pyrénées m’appelait, le manque se faisant bien sentir puisque la dernière datait de septembre, aux laquettes de la Réserve du Néouvielle.
Je m’imaginais initialement monter au refuge des Espuguettes - qui n’est pas gardé en hiver mais quelques couchettes sont ouvertes en autonomie aux randonneurs -, y faire un bivouac du soir, se serrer dans les sacs de couchage, vivre un lever de soleil sur le toit du monde, et redescendre tranquillement… mais voilà que, alors que la météo s’annonçait idéale ce week-end dans ce mois de mai tumultueux côté ciel, mes garçons m’annoncent qu’ils ont « leurs finalités » de tournois de handball toute la journée de dimanche. Entendons- nous bien : immanquable, évidemment…
Il a donc fallu que je réinvente les possibilités, avec nos futurs week-ends tous pris, mes gardes du vendredi jusqu'au samedi matin sur Auch, nos spectacles de danse et répétitions de spectacles de danse, raid, mariage de mon frère et préparation de la maison pour le grand voyage de l’été!
Je ne suis pas dénuée d’imagination, et je suis surtout dotée d’une féroce obstination : il va falloir convaincre la tribu de prendre le train samedi matin pour me rejoindre sur Tarbes, où je viendrai les cueillir en voiture depuis ma sortie de garde sur Auch, direction, une heure et demi plus bas, la formidable vallée de Gavarnie!
L’argument final : « c’est mon cadeau de la fête des mères, je ne veux rien d’autre!! » est le bon, la famille cède à mon caprice!
Matthieu, un copain de Lourdes, m’a conseillé, plutôt que de monter au refuge des Espuguettes, de tenter le col du Porteillou à partir du plateau de Saugué qui domine le cirque de Gavarnie.
La route pour y accéder est déjà magnifique. Le plateau de Saugué est verdoyant, inondé de boutons d’or, parsemé de grangettes de ci-de là, dominant le cirque encore enneigé, c’est féérique!
On commence par se perdre pendant 45 minutes, en faisant une petite boucle de mise en jambes sur le plateau, puis on attaque enfin réellement la rando : décrite en aller et retour sur 8 km pour 700 mètres de dénivelé positif, on va devoir un peu accrocher nos mollets et régler notre souffle! On progresse dans des estives d’altitude, en dominant les vallées alentours, sous le sifflement des marmottes dont on aperçoit quelques spécimens au fur et à mesure que l’on monte.
On se perd plusieurs fois : il y a partout des traces de sentes herbeuses, tantôt bien marquées, tantôt plus du tout de marquage…. On grimpe dans les buissons, on s’accroche aux broussailles, et je réalise avec effroi que mon mari et les garçons n’ont, oh sacrilège!!, pas mis leurs chaussures de rando mais de banales baskets à semelles lisses ! Nous voilà dans de beaux draps, faisant office de « bleus » de la montagne alors qu’on a déjà quelques belles expériences à notre actif : la honte totale…
La floraison bat son plein, les replats d’altitude sont colorés de jaune, de bleu, de rose, et de champignons mordorés dans les bouses de vache!
Le dernier tiers nous pose de gros problèmes : il y a encore pas mal de neige, et on n’est pas du tout équipés pour ça!
Alors que la pente devient bien raide, mon homme, soumis à son habituel vertige abandonne, et nous demandons à Zoé de rester auprès de lui. Félix tente de nous suivre avec Basile, mais les semelles lisses dans la neige font rapidement tomber le verdict : demi-tour lui aussi, et je poursuis avec Basile qui a des chaussures de raid, aux semelles crantées, ma foi toujours mieux que les baskets de footing… On progresse dans la neige, le col se rapproche, mais que c’est difficile ! Basile pense avoir vu un lynx, je suis septique, mais son expérience dans le repérage des animaux sauvages me fait douter tout de même… On a peur de ne pas voir un trou, on est très prudents malgré tout… En se retournant la vue est impressionnante. On parvient enfin au col, puis on descend une cinquantaine de mètres dans un vallon pour parvenir à un balcon qui ouvre la vue à 180 degrés sur les montagnes de Gavarnie. 2220 mètres, on l’a fait !!! Epuisés mais heureux !
On attaque la resdescente, tout en prudence, pour rejoindre les nôtres, et soulagés et assoiffés, on se pose pour un thé qui s’avérera le meilleur de toute notre vie !! Le thé qui désaltère!
Quelques photos de fête des mères plus tard, nous voilà à gambader dans la descente herbeuse, pour le bonheur de nos cuissots, en direction de la vallée : c’est du grand n’importe-quoi, on ne suit plus aucun sentier, on coupe à travers comme des lapins!
Mais la vue sur le cirque de Garvanie qui réapparait sur notre droite est fantastique, le soleil fait son retour en fin de journée et le ciel bleu se dégage, on retrouve le plateau de Saugué et ses bains de boutons d’or, je suis comblée…
Les muscles tirent sacrément quand on arrive à la voiture, et toujours assoiffés, on prend la route pour gagner la station de Gavarnie, en quête d’une petite terrasse au coucher du soleil. Le cirque est encore bien éclairé, il n’y a personne dans la station, juste quelques tables au soleil pour étancher notre soif, qu’on est bien ici… Qu’est-ce que j’aurais aimé passer la nuit dans le secteur… J’avance un peu sur le chemin qui mène au cirque, pour des images enchanteresses des lieux, et nous voilà repartis pour Toulouse.
On s’offre tout de même un petit resto dans Luz St Sauveur pour finir cette belle journée anticipée de fête des mères, merci mes amours de m’avoir suivie dans cette nouvelle envie à Gavarnie !!! Couchés à minuit, vous voyez, rien n’est impossible ! ;)
Infos : Rando du col du Porteillou face au cirque de Gavarnie : départ sur le plateau du Saugué à 1640 mètres, altitude max au col du Porteillou à 2260 mètres. Se garer sur le parking en amont du gîte d’étape; 8 km AR (bon on a fait 9,6 km avec nos erreurs de parcours!) pour 700 mètres de dénivelé positif puis 700 mètres de dénivelé négatif; attention ne pas suivre le balisage du tout départ qui vous emmène vers la gauche à travers les prairies : enfin si ! Parce que c’est magnifique et qu’on est face au cirque, mais ça ne mène pas au col du Porteillou! Il faut aller tout droit après les granges puis suivre les balisages jaunes quand il y en a, et viser le col qu’on voit d’en bas, qui ressemble un peu à la brèche de Roland! Attention aux neiges tardives du printemps qui nous ont bien compliqué la fin de l’ascension (crampons et bâtons auraient été une bonne sécurité), et ne pas se lancer par temps de brouillard, désorientation garantie pour vue inexistante!
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