top of page

Un week-end à Tunis : des chats, des portes, et les lumières de la Méditerranée








C'était prévu de longue date, un week-end à Tunis avec mes fidèles compagnes d'échappées belles, entre filles, loin du tumulte parfois rocambolesque et vertigineux de nos quotidiens.

Une petite bulle suspendue, une parenthèse de fous-rires continus et de sérénité, où l'on partage tout.

Un espace-temps pour se ressourcer, pour se régénérer, pour se renforcer, pour s'aimer, et se le dire.


Après notre escapade "Fez-toi la malle" à Fez au Maroc en 2019, "Cadaques-que tu manges ?" à... Cadaques donc, en Espagne en 2022, et "Palma'l du pays" à Majorque en 2023, nous voilà parties pour "Tunisit'pas!" en ce 13 septembre 2024!


Aucune de nous ne connait la Tunisie, et c'est un récit dans mon podcast préféré (Famille et Voyages!) qui m'a littéralement donné envie de traverser la Méditerranée : la belle Tunis et son histoire, Carthage à ses portes, la Goulette et Sidi Bou Saïd tout près, il me semblait qu'il y avait là tous les ingrédients pour passer trois jours merveilleux de dépaysement couplés à de belles découvertes culturelles.


C'est Mohamed qui nous accueille à l'aéroport et nous emmène jusqu'à notre cocon, dans le quartier Halfaouine, tout à côté de la mosquée Saheb Ettabaâ (qu'on appellera "Saat Taba" tout le séjour sans en avoir réellement compris l'orthographe !!). Les murs des rues sont blancs, les pavés sont assez sales, les poubelles sont partout (grève du ramassage depuis plusieurs jours), les chats aussi, nous voilà dans l'ambiance ! Mais derrière la porte en fer de la rue Ghasron, à l'angle de la rue du Fer, la courette intérieure de Dar El Halfaouine nous émerveille... C'est Raja qui nous accueille, une Tunisienne élégante, à l'image de sa propriété. Trois belles chambres sobrement décorées, ce bassin aux carreaux verts qui nous fait de l'oeil, des balancelles, une petite cuisine, du raisin, on va être bien !







Et nous voilà à parties à l'assaut de la médina de Tunis, la vieille Tunis...


Traverser "la rue du souk" (rue Halfaouine) et ses étalages odorants, ses montagnes de légumes, ses litres d'huile, ses carcasses écoeurantes! Arriver sur la place Bab Souika et sa fontaine, puis prendre à droite la grande avenue, et tourner à gauche après la pharmacie dans la rue du Pacha...


On y est : le coeur de la médina...


Ses ruelles blanches pavées, ses impasses, ses portes en bois cloutées en bleu ciel, bleu roi, bleu clair, jaune, brun, dont je vais devenir totalement fan!

Ses chats partout, qui longent les murs, qui font la sieste dans les coins ou jouent dans les déchets, son hammam de quartier pour les femmes - le Hammam du Pacha dans lequel on passe négocier notre passage pour la fin d'après-midi- toutes excitées d'y revivre une expérience atypique à l'image de celle vécue à Fez cinq ans auparavant!


Ses toits-terrasses pour notre premier déjeuner très tardif, un couscous poisson, dans une brise fraîche avec vue sur toute la ville : la magie de l'appel à la prière qui surgit de tous les côtés!


Sa petite rue qui décroche à droite pour mener au Dar El Jed, un des plus beaux hôtels de la ville, notre curiosité à y pousser les portes après le hammam pour y déambuler dans les luxueux couloirs et sous-sols labyrinthiques, et réserver une soirée sur les toits pour le lendemain.


Ses habitants au pas chaloupé, toujours souriants, toujours prêts à nous orienter, "Vous êtes les bienvenues!", cette jeune femme moderne qui nous aide à nous repérer et fait la traductrice pour notre réservation de hammam.


Sa rue de la Kasbah qui mène à la mosquée El Zitouna, si animée au coeur de la journée et pourtant si esseulée à la nuit tombée...


Ce petit resto typique que nous cherchons en vain pour le diner au coeur de la medina: se perdre dans ses ruelles à peine éclairées, demi-tour, à droite, à gauche, où je manquerai de me faire voler mon téléphone portable que je tenais précieusement dans les mains tel une boussole, par un adolescent qui a tenté sa chance et s'est aussitôt enfui face à son échec ("Saloupiaud, va !!!" : je n'ai rien trouvé d'autre à crier à ce jeune en perdition, ce qui me vaudra de gentilles railleries par la troupe tout le week-end!).


Ce vendeur qui plie boutique alors que toutes les autres sont fermées, et qui veut absolument me vendre une petite robe berbère totalement tachée et invendable, ... et qui y parvient !!! Pour 3 dinars (1 euro), j'ai gagné un beau challenge de lessive... (et de beaux fous-rires à chaque coup d'oeil désespéré sur l'ampleur des dégâts!!!)


Ce café de rue, sur cette micro-place aux petites guirlandes de lumière, qui semble être le repaire de la jeunesse tunisienne un peu branchée, qui sera le seul établissement ouvert de la medina dans la soirée: faute de dîner, on se commande un thé à la menthe, le premier depuis notre arrivée, avec des desserts chocolatés: que c'est bon cette première goulée de menthe sucrée et brulante dans la gorge, dans cet ailleurs méditerrannéen qui nous transporte au pays d'Aladdin...


Les nuits bercées par le chant des muezzins et les miaulements des chats qui se battent dans la solitude des rues.





Les souks du lendemain après-midi, ces commerçants si habiles, cette profusion d'artisanat avec toutes ces bijouteries, ces tuniques berbères, ces confectionneurs de chechia - ces petits chapeaux rouges en feutre typiques de la Tunisie- et comme dit notre Soso, "je me demande quand-même de quoi ils vivent car je n'y ai pas vu beaucoup de transactions !!"

La rue de la Kasbah embouteillée au début de la place de la Victoire, après avoir passé la porte Bab El Bhar, au bout de l'avenue Habib Bourguiba... Ces marques du protectorat français encore présentes partout : rue du Trésor, rue des Français, rue des Perles, rue des Potiers...

La bijouterie "Celine d'Or" en joli clin d'oeil à notre chanteuse québécoise préférée!!


La mosquée El Zitouna, coincée dans le labyrinthe, fermée aux étrangers pour cause de fête du Mawlid (et non "Mouled" comme je le pensais) qui célèbre la naissance du prophète Mahomet.


Foundouk El Attarine, ce resto qui semblait si alléchant et qui s'avère complet, marquant la poursuite de notre malchance face aux restaurants de Tunis!!! Et la jolie verrière du café El Ali qui accepte de nous accueillir en cette heure tardive de l'après-midi pour une grignote (roulé Mléoui avec ses condiments, omelette au thon et au gruyère!)...


Mohamed qui nous emmène dans les ruelles, l'ambre gris et le mythe des cacas de cachalot!


Ed Dar, cette maison incroyable qui héberge un antiquaire délicat, au français parfait, et sa véritable caverne d'Ali Baba, avec lequel nous avons eu tant de plaisir à discuter près de sa splendide caisse enregistreuse : ses pièces en enfilade, ses instruments de musique anciens magnifiques, sa splendide terrasse sur les toits, décorée de succulentes énormes : il suffit d'un peu d'audace pour se faire ouvrir Sésame !

"Filaman" (prononcer Filamen), cette expression précieuse et pleine d'amour qu'il nous aura transmis pour toute la suite de notre voyage : "au-revoir et va en paix".


Ces choix difficiles dans ce grand magasin de céramiques : rouge ou bleue ? On salive à l'avance du couscous qu'on servira dedans pour nous retrouver ! Son toit-terrasse qui y cache un café, et notre plus belle photo à quatre, sur les marches d'escalier, dominant la ville dans ce bonheur planant!





Ce génial quiproquo avec Mohamed, qui, alors que nous avions l'intention de le libérer, nous propose d'essayer la chicha, que je comprends "chechia" : oui oui, c'est avec un grand enthousiasme que j'accepte d'aller essayer ces petits chapeaux rouges, promesse d'une photo à l'évidence pleine de cocasserie !!! Les copines me regardent un peu étonnées... La cocasserie se poursuit quand je comprends que nous nous attablons, quelques ruelles plus tard, au café Dribat, sur les pavés de la rue, avec ses petites tables en bois peintes, où l'on nous amène... une chicha !!! Quelques bouffées pour rire, un doux gout mentholé, et surtout la découverte de la spécialité de Tunis, le thé aux amandes fraîches et le thé aux pignons, qu'on croque en fin de tasse pour prolonger le plaisir.. Un bon moment pour laisser couler la fin de la journée, avant de rejoindre les toits de Dar El Jed (et nous rendre compte, une fois de plus, que nous sommes un peu à côté de la plaque !! on pensait réserver dans le fameux restaurant de l'hôtel, on est finalement sur une très belle terrasse sous les étoiles mais où les plats ne sont pas les promesses de l'établissement mère, situé quelques rues plus bas !!)





Et Tunis c'est aussi ces petites rues autour de la place Halfaouine, tout près de la maison, avec ces artisans : menuisier, métallier, et la boutique du moulin aux épices.


Et toujours et partout, des chats. Des centaines de chats !


Voilà la vieille Tunis: un voyage dans le temps, où se confrontent les influences byzantines, arabes, andalouses et françaises, et où l'on perçoit encore le doux temps de la tolérance qui faisait cohabiter ensemble les Chrétiens, les Juifs et les Musulmans, dans la lumière de la Méditerranée...