Pour ce cinquième jour au Laos, nous quittons à regrets notre petit havre de paix au bord de la Nam Ou pour rentrer sur Luang Prabang : le voyage de retour dans le minibus est moins inconfortable, Zoé a un siège, Pierre et moi sommes sur des strapontins améliorés. On change de logement pour une guest-house au coeur du centre historique, qui va nous permettre de nous balader de temple en temple tout l'après-midi, et de profiter encore et encore de cette douce quiétude de Luang Prabang qui nous a définitivement conquis.
On laisse les garçons dans leur chambre, on leur a promis leur après-midi "écrans à gogo", et on part à vélo pour notre petit périple. On commence par le Wat Pa Phai, tout discret, dans une ruelle perpendiculaire, on est seuls, c'est tout tranquille. Puis on visite le Wat Xieng Thong, un ensemble d'édifices sacrés le plus riche de la ville. Sa chapelle du bouddha sacré, avec son Arbre de l'Illumination en façade arrière, est somptueuse. La chapelle du char funéraire du roi est toute en dorures, avec moults princes et princesses qui font rêver Zoé! On doit se couvrir les épaules et les genoux avec des étoles en laine tissée, qui, si elles font de nous de parfaites laotiennes le temps de la visite, nous tiennent très chaud et la chaleur est difficile à supporter en ce milieu d'après-midi! Mais le soleil sublime les couleurs des temples, je suis aux anges. Alors que Pierre et Zoé nous quittent pour une glace, je poursuis avec ma belle-maman sur les temples de Wat Xieng Mouane et Wat Choum Kong, pour profiter des dernières lueurs du jour, dans une petite ruelle adjacente à notre chambre d'hôtes.
Ces visites de temples nous permettent aussi d'assister à la préparation de Boun Heua Fay, la fête des Lumières, où les habitants de chaque quartier viennent y confectionner avec beaucoup d'application, en coopération avec les jeunes bonzes, les embarcations de papier coloré qui seront lancées le 30 octobre sur le Mékong. On sent que toute la ville est en effervescence avec cet événement, et il n'y a pas un temple où l'on ne devine pas les préparatifs. C'est très chouette à voir, et on regrette tellement de ne pas pouvoir y assister!
18h, heure de la prière dans la ville : les gongs résonnent, les chiens hurlent! puis on perçoit les chants lancinants des moines et bonzes alors que la nuit est tombée, c'est planant!
20h: resto! "Bouang", un établissement tout mimi tenu par une Française et son équipe laotienne, chez laquelle on s'est régalés, et avec laquelle on a bien papoté de la vie au Laos (originaire de Nogaro dans le Gers, arrivée ici pour un voyage il y a 15 ans, elle n'en est plus partie!). Elle nous confirme qu'il est impossible de savoir réellement à l'avance chaque année quand a lieu Boun Heua, entre mi-octobre et début novembre, mais même les moines eux-mêmes ont des difficultés à lui donner l'information, la date semble se préciser dans les jours qui précèdent! ça me console un peu!
Le lendemain matin, on (les adultes!) se lève aux aurores (5h30) pour assister à Tak Bat, la procession des moines et bonzes qui font l'aumone auprès des habitants du quartier: qu'ils sont beaux en file indienne avec leurs couleurs safran! Ils récupèrent dans leur bol du riz et des friandises, qu'ils redistribuent ensuite (associations, enfants du quartier). On est installés sur un trottoir dans le jour qui se lève, on guette, on guette, et voilà un premier groupe qui arrive, puis ils se succèdent par périodes sur une petite heure, dans un silence total et religieux. Comme on s'est levé, on s'autorise avec Pierre un petit footing qui fait le tour de la ville, puis on libère les chambres.
On finit par la visite du Palais Royal entre filles; construit sous le protectorat français entre 1904 et 1909, ses magnifiques peintures sur toiles de style Art Déco réalisées en 1930 par Alix de Fautereau nous ont complètement émues : elles représentent des scènes colorées de la vie laotienne villageoise à différents moments de la journée, elles m'évoquent les toiles de Gauguin! On retiendra aussi la salle de réception du secrétaire du roi avec tous les présents en vitrine, offerts par les différents états au cours du XXe siècle, au roi Sisavang Vong : porcelaine de Chine, du Japon, de France, sac à main sertis de rubis, boomerang aborigène, et clou du spectacle : des fragments de la Lune offert par Nixon, avec une maquette de Apollo 11 !! Incroyable!
Voilà que se solde donc notre séjour à Luang Prabang et au Laos, un vrai coup de coeur pour tous! Qui ne donne qu'une envie : y revenir !!!
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