
Ce devait être une des journées "point culminant" du road-trip : une bonne rando d'une quinzaine de kilomètres, sur les crêtes des Cévennes, qui nous aurait bien fatigués tout en nous offrant des paysages de dingue, le genre de journée où vous êtes trop contents et satisfaits de l'effort fourni, une fois l'intimité du camping-car retrouvée, autour d'un petit repas du soir réconfortant. Et bien, les paysages de fou, on les a eus, la fatigue aussi, mais les galères sont venues s'enchaîner les unes derrière les autres, classant cette journée d'aout 2020 dans le top 3 de nos pires galères de voyage : lisez jusqu'au bout, c'est tellement digne d'une BD ou d'un gag que vous aurez du mal à y croire!!!
Tout a bien commencé, pourtant, avec un lever de soleil splendide sur notre panorama depuis notre site de campement sauvage, caché aux yeux de tous... Un peu avant 9h, on gagne le village de Pompidou, au sud du parc national des Cévennes, pour garer le véhicule : c'est le point de départ de notre grande journée de rando. C'est parti pour une sacrée boucle de plus de 16km : le sentier de Bézuc par la Can de l'Hospitalet. On grimpe dans le soleil déjà très présent, on arrive au col de Tartabisac, et au bout de 2h30, nous voilà sur la Can de l'Hospitalet, c'est enfin un peu plat: jusqu'ici, tout va bien! On pénètre ensuite dans un autre univers, une forêt digne du Petit Chaperon Rouge, c'est étrange, les descriptions de notre itinéraire ne correspondent pas vraiment, mais le balisage est le bon, alors on continue de marcher sans trop se poser de questions... A cette étape, je fais tomber mon téléphone sur lequel j'ai chargé la description de la rando, et je dézingue mon écran, première déconvenue... On s'arrête pour le pique-nique en sortie de forêt, on en est à 11 km et 5h de marche (et oui, les montées sont raides, et Zoé n'est pas très rapide du haut de ses 5 ans..). Pain et chèvre du pays posés sur la mousse, comme dans les pubs, on est bien là, à récupérer au soleil... jusqu'à ce que Zoé se fasse piquer par une guêpe, semant la panique dans la fratrie! On ne se démonte pas, on sèche les larmes, on calme la douleur, et on repart!
Nous voilà arrivés au Hameau de la Bastide : mais non ??? Ca s'appelle Vébron ??? on trouve un habitant qui nous montre sa belle carte de GR et nous explique qu'on a descendu le mauvais versant : le méditerrannéen au lieu du versant atlantique!! On s'est fait berner par un balisage identique à celui qu'on suivait initialement, on est verts de rage, et déjà épuisés à l'idée de devoir remonter les 5km qu'on vient de descendre en continu! Il faut requinquer le moral des troupes face à ce dénivelé positif qui n'était pas prévu au programme!
Vers 18h, on arrive sur la route : on a marché 17km et loupé la dernière partie de la randonnée initialement prévue, mais on n'a plus de jus pour faire les 2h encore nécessaires, alors on fait du stop !! Pierre et Zoé trouvent rapidement une voiture (une petite blondinette de bord de route, ça appitoie bien le conducteur!) qui les emènent à Pompidou, et j'attends dans l'herbe avec les garçons qu'ils reviennent nous chercher avec le camping-car : ce n'est que le début de nos galères!!! On retrouve le sourire car on a le sentiment de vivre une épreuve de Pékin Express, on se dit que la pizza n'est plus très loin!
Nous voilà repartis en camping-car, on ne résiste pas à aller voir quand même par les petites routes les paysages qu'on a loupés, c'est superbe...
En tentant de trouver un village, et un restaurant, voilà qu'on accroche le bas de caisse du camping-car sur la bordurette d'un pont, le marche-pied est très abîmé, coup au moral supplémentaire. (ça coûte très cher un marche-pied de camping-car. Celui-là est tout vieux et rafistolé, il a été accroché par des tendeurs sous le bas de caisse car le système électrique ne fonctionne plus, mais le propriétaire nous fera payer le prix d'un marche-pied électrique neuf...)
On trouve enfin la pizza, mais voilà qu'on est victime d'une panne de batterie, impossible de redémarrer, et nous voilà coincés dans le noir en bord de route : plus aucune électricité dans le véhicule. Outre le fait qu'on rêvait d'une douche et d'une pizza au camping, on mange dans le noir, à la frontale, et on attend le dépanneur.
A 22h, toujours personne, étrange... On relance l'assurance et on comprend qu'on nous a oubliés!!! Victimes d'un bug informatique, l'assistance a "manqué" d'envoyer la mission au dépanneur. N'oublions pas que nous sommes perdus quelque part dans les Cévennes, l'accès est plutôt difficile, le dépanneur nous joint et ne sera pas auprès de nous avant 1h du matin! L'avantage avec le camping-car, c'est qu'on peut mettre les enfants au lit où qu'on soit! Et ils le méritent!
Le camping-car a pu être redémarré avec le booster du dépanneur, et après 25 minutes de route, on trouve le camping que j'avais joint en urgence dans la soirée. On pourrait penser que tout est enfin terminé : que nenni! A 1h30, en grimpant à l'échelle pour aller me coucher dans la capucine (la cabine au-dessus des sièges conducteur et passager), voilà que le crochet lâche, l'échelle se détache et je fais une chute de 2 mètres entre les banquettes arrière. Je m'ouvre le petit orteil (je gère avec des strip!) mais surtout j'ai très mal aux côtes... A ce stade, j'ingurgite un Doliprane et je m'effondre sur mon oreiller! Mais les douleurs intenses et persistantes me feront passer une radio une semaine après notre retour et confirmeront deux fractures tout de même!
Pensez-vous que la malchance se soit terminée avec cette courte nuit ??? Et non, le lendemain matin au réveil, on cherche désespérement le crochet de l'échelle qui a lâché : in-trou-vable. On vide absolument tout le camping-car sur la pelouse du camping, tous les sacs sont soigneusement vidés, étalés : rien. Le mystère total. Après une matinée entière de recherches, on abdique, et on décide de reprendre la route, vers de nouveaux horizons pour se mettre à distance de cette journée un peu maudite. On démarre, on passe la 1ere, et oh miracle, on retrouve le fameux crochet dans un pli du soufflet de la boite de vitesse!!! Incroyable non ???
Heureusement qu'on a été gâtés par la beauté des paysages! Nous voilà repartis, le Causse Méjean nous attend!
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