Un petit bijou, comme un secret bien gardé, nous attend quelque part aujourd’hui sur la route qui nous relie de Tafraoute à Taroudant : l’agadir de Tasguent. J’avais repéré ce grenier fortifié au hasard de mes lectures de blogs, mais j’avais senti qu’y pénétrer relèverait un peu du petit-bonheur-la chance. Certains parlaient d’un guide à aller chercher dans le village, d’autres d’un guide positionné à l’entrée, d’autres encore affirmaient que l’agadir était le plus souvent fermé, et sans guide ! On a donc décidé de tenter malgré tout notre chance. Au bout d’une heure et demi de route, voilà la piste qui part sur la droite et qui mène au village de Tasguent. On voit l’agadir se dresser fièrement sur son promontoire. Le village est désert, je m’y aventure et je demande à une vieille dame en train de puiser ; elle me fait comprendre qu’on peut monter, on ne sait donc toujours pas si on trouvera quelqu’un là-haut pour nous faire entrer. Un chemin de pierre grimpe jusqu’au grenier, et oh surprise, pas de gardien, mais la porte est ouverte !!! Incroyable, non seulement on peut entrer, mais on va pouvoir profiter librement du site ! Une vraie impression de pénétrer dans la caverne d’Ali Baba ! Ce grenier fortifié, âgé de plus de 350 ans, est l’un des plus grands et des mieux conservés de la région de l’Anti-Atlas, monté en hauteur sur six étages. Un agadir servait de lieu de stockage pour les denrées précieuses comme le blé, l’orge, mais aussi pour les biens personnels de valeur des familles. Chaque famille de la région, et pas seulement du village, possédait une pièce, et y conservait ses denrées, ainsi protégées des attaques. L’agadir servait aussi de place forte et de refuge aux familles elles-mêmes en cas de besoin, et il semble que celui-ci ait été en activité jusque dans les années 60. Un agadir fonctionnait comme une banque : le gardien (« l’amin ») du site prélevait en nature lors des dépôts et des retraits, et se payait ainsi. Mais il était aussi tenu responsable en cas de vol dans le grenier ! Ce qui est fou quand on découvre ce lieu incroyable, c’est de voir que tout est resté dans son jus, complètement figé ! On y trouve des trésors ! Des jarres en terre, des bouteilles, des paniers, une vraie brocante à l’abandon, et environ deux cent niches avec leurs petites portes tapissent les murs du site. Des systèmes de pierres plates enchâssées dans le mur servent de marches d’escalier pour y accéder, mais il faut jouer les équilibristes pour s’y déplacer ! Vous l’aurez compris, j’ai trouvé ici un formidable terrain de jeu pour mes photos ! Et nous avons eu la confirmation par notre hôte de Taroudant que nous avons eu beaucoup de chance, car sur une vingtaine de fois où il y est allé, il l’a trouvé fermé 18 fois !! On n’a même pas payé de droit d’entrée, personne n’est venu troubler ce moment d’explorateurs… comme le sentiment d’avoir mis au jour l’Arche Perdue ! Sur la route on a aperçu d’autres agadirs, ressemblant plus encore à des châteaux forts, sur leurs collines… puis on est arrivés sur les collines d’arganiers, assaillis par les chèvres, qui sont ici acrobates à leur tour et n’hésitent pas à grimper sur les branches les plus hautes pour se régaler !
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