Siwa est un haut lieu de l’Egypte ancienne, où se confrontent l’histoire des Egyptiens, des Grecs et des Romains.
Cette oasis avait tout pour plaire aux peuples nomades venus de toute l’Afrique du Nord, depuis le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, et le langage Siwa d’aujourd’hui a des points communs avec le berbère : le Siwi est très différent de l’arabe égyptien. Des sources d’eau par centaines, des palmiers dattiers par milliers, l’assurance d’une terre fertile, les nomades sont devenus sédentaires.
Mohamed, que j’ai trouvé grâce à des blogs de voyage puis que j’ai contacté sur les réseaux sociaux (Oasis Nature Life, +20 109 103 1351) est un jeune habitant local qui propose des découvertes très complètes des merveilles de son oasis. D’abord seul, sa petite entreprise s’est étoffée et il s’appuie maintenant sur des guides pour améliorer les informations historiques des sites. Chacun a sa spécialité : histoire des sites antiques, vie locale et artisanale, Mohamed, lui, gère les soirées dans le désert.
Notre guide du premier jour s’appelle Khaled. Gallabeya immaculée impeccable, turban sur la tête, anglais parfait, il est touchant de voir à quels points ces personnes qui vivent si loin de nous connaissent nos codes occidentaux et nous accueillent avec tant de professionnalisme.
Nous commençons par la visite de la « Montagne des Morts », un site antique qui correspond à une nécropole de la 26e dynastie, ayant accueilli ici des dépouilles de l’Egypte ancienne jusqu’à l’époque grecque et romaine. Des centaines de tombes se dissimulent dans cette montagne de sable, et nous pénétrons dans celle de Si- Amun, datant du 3e siècle avant JC, qui présente des dessins encore magnifiquement colorés.
Les tombeaux de la Montagne des Morts ont servi d’abris aux habitants de l’oasis lors des bombardements italiens de la 2nde Guerre Mondiale, et ce tombeau a été découvert en 1940. Il est considéré comme l’un des plus beaux tombeaux de tout le désert occidental, mais été pillé par les Romains, puis par les soldats du XXe siècle.
Nous partons ensuite pour le Temple de l’Oracle, qui lui fait face, à quelques kilomètres.
Siwa était un haut lieu pour les oracles à l’époque antique: Alexandre le Grand, après avoir établi la ville d’Alexandrie, et Cléopâtre, sont venus ici pour y lire leur avenir.
Un prêtre officiait dans ce temple, dédié à Amon, et des personnalités célèbres venaient de toute l’Egypte se faire conforter et conseiller sur leur avenir, lu dans les étoiles.
Mohi, notre guide du lendemain, nous a montré la Montagne de Dakrour : c'est une colline envahie chaque année par les habitants de Siwa, qui, à la pleine lune d’octobre, fêtent les récoltes. Ils font griller du chameau, campent autour de la montagne et célèbrent l’événement en musique plusieurs jours de suite. Lors de notre courte escapade sur le site, un bus scolaire de Siwa est arrivé en visite et Zoé et moi sommes devenues les attractions du jour, encore une fois multiples sollicitations pour des photos avec les jeunes filles totalement fascinées par notre présence…
Un espace culturel très "dans son jus" permet aussi de visiter une maison traditionnelle qui raconte l’histoire de la vie au village et des traditions Siwi au cours des siècles passés, un tour très complet de l’histoire que cette oasis a à nous raconter.
Nous sommes enfin remontés sûr la forteresse de Shali, que nous avions parcourue au lever du soleil, détruite en partie par les inondations du début du siècle : seule la mosquée tient encore fièrement debout et est toujours utilisée par les fidèles. Quelques étrangers y ont aussi établi leurs chambres d’hôtes, qui ont l’air plein de charme.
L'architecture en pisé me fascine, et ravive en moi des rêves de Mali, qui sait quand cette partie de l'Afrique sera de nouveau sécurisée ?
En tous cas ici, à Siwa, malgré une Libye toute proche, les locaux ont su nous montrer toute la richesse de leur patrimoine si vivant, avec une fierté non dissimulée et bien justifiée!
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