

Le lendemain de cette épreuve au commissariat, nous devons rendre la petite maison de Ponyo sur la falaise, et nous rendre dans l’auberge de jeunesse que j’avais réservée à Shuzenji, au nord de la péninsule.
Grâce à Koïchi, Mr Yamamoto, le jeune propriétaire de l’auberge, viendra lui-même nous chercher avec sa voiture pour nous éviter un trajet en train laborieux avec plusieurs changements. Dès 8h, trois policiers viennent pour nous amener au point de rendez-vous : ils sont une caricature de dessin animé : le chef, un peu plus empâté, garde toujours son air sévère et salue tout le monde à la militaire avec le doigt sur la casquette, un deuxième semble être le suiveur, plus jeune, plus passif, un 3e nous fait beaucoup sourire. Il est plus fin, plus petit, le regard rieur et le sourire jusqu’aux oreilles, il gesticule dans tous les sens façon Louis de Funes, semble être le clown du groupe. Je le verrai parfaitement dans les dessins animés japonais des années 80, où de temps en temps une bulle de morve sort en taille géante de la narine du personnage !!! Son attitude me remet du baume au cœur, de même que la très belle empathie de M. Yamamoto qui vient nous chercher. On sent qu’il est bouleversé par l’histoire, chaque Japonais qui apprend notre mésaventure est sincèrement désolé pour nous, comme si il était personnellement touché.
La route est magnifique, parsemée de collines vertes toutes douces, de belles vues sur la mer, et des fumées des sources de onsens s’échappent partout, j’ai toujours ce pincement au cœur à l’idée que nous sommes passés à côté de tout ça, mais la discussion tout au long du trajet avec notre chauffeur est très plaisante.
Nous arrivons à Shuzenji, une petite station thermale adorable, et l’auberge de jeunesse est à la hauteur de mes attentes, je l’avais repérée il y a longtemps avec ses petites niches en bois pour dormir, façon Boucle d’Or et les trois ours.
Je laisse la troupe en profiter et je repars aussitôt en train pour Mishima rejoindre Aki, l’interprète de la veille, qui doit me remettre l’argent prêté par sa maman : c’est une personne tellement douce elle aussi, elle a les larmes aux yeux quand elle me voit arriver, nous partageons un thé dans la gare, elle me raconte ses études à Lyon, et m'explique que sa maman, par ce geste, tient à remercier la France d’avoir accueilli sa fille plusieurs années pour ses études de français.
Vers 13h je suis de retour dans la ville de Shuzenji, que j’explore tranquillement avec mon homme après un pique-nique à l’auberge. C’est tout mignon, une rivière qui traverse la ville, des ponts vermillon qui l’enjambent, des allées de bambou, un temple magnifique, des bains de pied volcaniques à plusieurs endroits… La source chaude la plus célèbre émerge au milieu de la rivière, ayant traversé les siècles, mais le kiosque et l’escalier qui y mènent ont été enlevés, peut-être par raison de sécurité ? On a laissé les enfants à l’auberge pour notre exploration puisqu’ils l’avaient déjà fait le matin en m’attendant, puis on les récupère pour une glace au…wasabi, la spécialité de la région qui cultive la plante ! Ce sont des glaces au lait, et la petite noisette de glace wasabi est délicatement posée sur le côté, on en prend par petite touche, mélangée à la glace principale : étonnant !
On finit la journée en prenant un bus qui nous emmène sur un point de vue pour le Mont Fuji, mais comme souvent à cette saison, ce plus haut point du Japon, 3700 mètres tout de même !, est dissimulé dans les nuages et la brume, pour la plus grande déception de Félix… on s’octroie une petite balade dans la forêt alentour, la lumière est très jolie à travers les pins, la vue sur la baie de toute beauté, et nous voilà revenus à l’auberge.
Je m’accorde un tout petit onsen, tenu par une mamie qui recueille mes pièces du fond de sa cuisine où elle est passée à table, où je suis seule : une vraie parenthèse dans ces dernières heures tumultueuses… Plus de larmes, on va aller de l’avant maintenant !
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