Deux ans qu’elle m’en parlait presque tous les jours. L’Egypte était son rêve.
Tout a commencé sur les ruine d’Ollantaytambo au Pérou, où elle prenait des poses égyptiennes pour les photos! Les ruines incas l’avaient inspirée, de façon totalement anachronique, mais peu importe, c’est à partir de ce moment là qu’elle a fantasmé sur les pyramides et les pharaons.
C’est un pays qui ne m’attirait pas du tout pourtant. Des images trop touristiques dans la tête, des arnaques, du harcèlement à l’achat, je ne voyais pas en l’Egypte le rêve potentiel…
Mais elle m’en a tellement parlé que j’ai commencé à y réfléchir, pour un voyage en tête à tête avant la fin de ma disponibilité, début novembre semblant une période idéale côté météo, avec des températures douces. Un voyage mère-fille, une grande première!
Alors je lui ai gardé la surprise jusqu’à une dizaine de jours avant le départ, lui faisant mon annonce sur les dunes de Sossusvlei en Namibie, au coucher de soleil : elle n’en revenait pas, me remerciant mille fois, des étoiles plein les yeux! Et nous y voilà !
L’arrivée au Caire a été un peu compliquée : longue queue pour les visas, j’ai loupé la possibilité d’acheter une carte sim dans l’aéroport, il a fallu négocier un taxi alors que j’aurais voulu prendre un Uber, et ce taxi a eu un mal fou à trouver notre hôtel dans le dédale de ruelles du quartier en questions…
Finalement nous arrivons vers 21h30. C’est un tout petit hôtel familial, avec une terrasse qui a vue sur les pyramides, qu’on devine dans la nuit : déjà magique!! La famille fête un anniversaire, on est invitées comme si on était des amis, et on nous sert à manger, c’est bon, et ça requinque!
La nuit est courte, nous avons rendez-vous avec Zizou à 6h45 : c’est le guide que j’ai sollicité pour notre croisière de trois jours en sandal à Louxor, et je dois lui régler le solde. Il a même proposé de nous déposer aux Pyramides ce qui m’arrange bien ! Mais voilà que lui non plus ne trouve pas l’hôtel! Je ne peux pas descendre dans la rue car je perds le Wifi, bref, c’est un imbroglio pas possible qui nous fait perdre une bonne demi-heure, mais on finit par se retrouver enfin!
Tous ces petits tracas sont vite oubliés alors que nous pénétrons sur le site de Gizeh.
Il y a très peu de monde à cette heure matinale, les températures sont douces, ce sont des conditions idéales pour découvrir les pyramides si attendues ! Et le faire en autonomie me semble une bonne option, on aura toutes les explications sur l’Egypte ancienne dans une autre partie du voyage, sur Louxor.
Zoé est émerveillée. Le contrat est rempli !! Les pyramides de Gizeh datent de l’Ancien Empire (2700 à 2350 avant JC tout de même!), et elles sont une centaine à occuper cette vaste nécropole, mais trois sont mondialement connues et font la renommée tout entière de l’Egypte.
Ce sont ces pyramides qui auraient fait dire à Bonaparte, le 21 juillet 1798, lors de la bataille des pyramides : « soldats, du haut de ces pyramides, quarante siècles nous contemplent »…
On aborde la plus grande, Kheops, construite en hommage au pharaon du même nom : 137 mètres de haut (pour 146 mètres initialement) et 230 mètres de côté, et 2,5 millions de blocs de calcaires qui, selon Bonaparte toujours, auraient permis de construire un mur de 30 cm d’épaisseur et de 2 mètres de haut pour ceinturer la France !
A ce jour on n’a jamais trouvé la momie de Kheops !!! N’y aurait-il jamais été placé ? Déplacé à un autre endroit ? Encore caché quelque part au plus profond de la pyramide ? Mystère! !!
Puis rapidement on rejoint Khephren, juste derrière, bâtie pour son fils, pharaon lui aussi (et oui, toujours ces histoires de pouvoir générationnel) et enfin Mykerinos, la pyramide du petit-fils, la plus petite.
L’ambiance est calme, sereine, les vendeurs et chameliers ne sont pas encore en action, on évolue dans les pierres et sur le sable dans une bonne odeur de crottes de chameaux !!
Zoé n’en finit pas de me sortir des poses égyptiennes pour les photos! J’ai acheté avec mon billet un droit d’entrée dans Mykerinos, la plus petite. L’entrée dans Kheops est très chère alors que j’avais lu que l’intérieur n’avait pas grand intérêt : pour la même expérience - pénétrer dans ces édifices mystérieux- Mykerinos était donc un compromis parfait, d’autant qu’il n’y a personne ! C’est vraiment génial de découvrir les pyramides dans ces conditions, on touche du doigt les sensations qu’ont du avoir les découvreurs du XIX e siècle !! Le goulot qui mène au coeur de Mykérinos est bas de plafond, il ne faut pas être trop claustrophobe mais heureusement on voit en continu l’ouverture sur le ciel, et les couloirs sont bien éclairés.
On continue notre errance sur le site, où le soleil monte progressivement et se fait plus fort, mais les températures restent très agréables. On croise des cordées de chameaux qui marchent seuls sur le site, c’est vraiment loufoque!
Puis arrive bientôt notre petite arnaque à la photo! Je l’ai vue venir bien sûr, mais on s’est laissées prendre au jeu. Un jeune chamelier nous explique où se positionner pour faire des photos rigolotes avec les pyramides en perspective. Bientôt il nous prend lui-même en photo, puis nous fait monter sur son chameau : Zoé est terrorisée quand la bête se lève; il faut dire que c’est très haut!! Les photos sont chouettes, mais bien sûr il réclame plus que ce que j’avais prévu de lui donner, et devient très insistant, voire désagréable. Pour avoir la paix, je laisse la somme, soit l’équivalent de 4 euros, une petite fortune pour le service rendu !!!
Nous voilà arrivées au Sphynx, ça aussi elle en rêvait! Construit sur l’orde de Khephren, il s’agit lia aussi de l’une des plus anciennes et plus grandes sculptures monumentales du monde. On apprend que ce n’est pas bien sûr Obélix qui est à l’origine de la disparition du fameux nez, mais plusieurs hypothèses sont faites, entre érosion naturelle sous les sables ou acte malintentionné volontaire qui remonterait au XIVe siècle. L’hypothèse des tirs des mamelouks lors de la fameuse bataille des pyramides semble compromise par une gravure datant de 1790 et représentant déjà le Sphinx sans son nez.
Voilà que les bus scolaires affluent, il est temps pour nous de quitter le site. Des dizaines de collégiennes Egyptiennes veulent absolument nous prendre en photos, les seffies pleuvent, c’est amusant au début mais ça devient oppressant : vite, fuyons !
Je réussis à trouver rapidement une boutique pour ma carte SIM, me voilà délivrée ! Je peux enfin commander des Uber, qui sont très abordables, et permettent d’éviter les éternelles négociations avec les taxis.
Nous rentrons à l’hôtel pour un petit déjeuner sympathique, le gérant nous accueille de façon très chaleureuse, on récupère les bagages, et hop! Nous voilà dans un nouvel Uber pour Zamalek, le quartier un peu « chic » du Caire, situé entre deux bras du Nil. On longe le fleuve mythique, c’est vraiment agréable malgré les klaxons dans tous les sens ! J’ai trouvé une chambre d’hôtes francophone qui a accepté de garder nos bagages et a refusé une quelconque rétribution pour le service, « Chez Martine », une institution du quartier, qui loue de beaux appartements.
Je suis chaleureusement accueillie par Nasser, je regrette de ne pas avoir logé ici, mais c’était à l’évidence plus pratique de dormir à côté des pyramides. Une adresse à retenir pour un passage au Caire!
Nous faisons un petit tour dans une galerie d’objets artisanaux du quartier, Nomad gallery, où je craque pour des t shirts et de la poterie, et nous voilà en partance pour le musée de la Civilisation Egyptienne, près du quartier copte.
Ce musée en travaux pendant de nombreuses années a ouvert il y a peu de temps, et il s’avère que l’exposition est très réussie: c’est superbement agencé, sobre, immense.
Le rez-de-chaussée expose l’histoire de la civilisation égyptienne depuis la Préhistoire jusqu’au XIX e siècle, en passant par l’Egypte ancienne bien sûr, en présentant des tas d’objets tous originaux.
Mais le clou du spectacle est au sous-sol, où sont magnifiquement exposées 18 momies de pharaons et 4 momies de reines, toutes avec leur sarcophage présenté à côté. Des stars sont présentes : Nefertari, Hapchetsout, Ramses II… C’est à la fois vertigineux, glaçant et fascinant. Comment des corps ont pu garder un tel état de conservation ?… Certaines reines comme Tiye ont même encore leur chevelure! Zoé hésite entre la peur et l’envie irrépressible de toutes les regarder attentivement, on est dans la pénombre, les éclairages sont magnifiques, tout inspire au silence et à la contemplation…
Les photos des momies sont inetrdites, vous ne verrez donc pas ces mystérieuses dépouilles...
Une petite glace pour nous remettre, et nous voilà prêtes à gagner le quartier copte pour une visite au coucher du soleil!
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