Nous voilà donc au pied du Causse Méjean, en Lozère: ce vaste plateau calcaire appartient aux Grands Causses, dans la partie sud du Massif Central. D'une superficie de 340 km2, il est le plus haut des plateaux caussenards, avec une altitude comprise entre 800 mètres et près de 1250 mètres. Un peu comme une île au milieu de l'océan, pourvue de reliefs arrondis, de dépressions et de chaos dolomitiques, pour des lumières superbes au soleil rasant. Les frontières se font avec les rivières qui ont creusé de véritables canyons : le Tarn au nord et à l'ouest, le Tarnon à l'est, la Jonte au sud.
Le premier jour, on a la bonne idée de s'y attaquer en VTT, au départ de Mas St Chély: les dénivelés n'ont pas pitié de nous, mais cette sensation de solitude, à tutoyer les nuages, vaut bien l'effort fourni. 16 km en 2h30, les mollets ont bien chauffé! On finit d'explorer les latitudes du Causse en camping-car, on suit les petites routes au hasard, toujours seuls, une sensation de far-west en somme, avec ses hautes herbes dorées couchées par la brise et cette lumière de cinéma au coucher du soleil : je suis en extase totale!
Le lendemain matin, Pierre s'attaque à nouveau au Causse, en VTT, seul : une boucle de 24km avec 950 mètres de dénivelé et deux crevaisons, il aura mérité le resto du soir!
C'est ensuite un tout autre aspect du Causse que nous partons sonder : l'Aven Armand, une merveille de la nature souterraine, un gouffre dont l'accès s'ouvre dans le sol sous forme d'un puit. La visite guidée est passionnnante, les plafonds et les centaines de stalagmites sublimés par un magnifique jeu de couleurs : les dimensions sont vertigineuses, 100 mètres de long, 45 mètres de haut, 65 mètres de large, le tout à 60 mètres de profondeur, c'est une véritable cathédrale qui s'offre à nous sous terre. On continue notre route pour le chaos de Nîmes le Vieux, un site ruiniforme en plein vent, où les énormes rochers se dressent vers le ciel pour des parties de jeux interminables. Les parents s'allongent dans l'herbe, on profite de ces doux instants de communion avec la nature, les enfants jouent aux chevaliers, personne à l'horizon. Puis on part en quête des prairies où s'ébrouent les chevaux de Przewalski, une espèce sauvage originaire de Mongolie, qui a disparu de ces contrées d'Asie centrale. Une association les a fait renaître sur le Causse, en semi-liberté, pour les réintroduire progressivement en Mongolie. Petits, trapus, crinière courte, museau bossu et couleur sable, leur singularité ne passe pas inaperçue, et le spectacle de leurs ébats fougueux est fascinant. On est, dans cette lumière du soir, littéralement transportés dans les steppes mongoles!
Nous gagnons notre campement du soir, le site du Roc des Hourtous, au bord Nord Ouest du Causse, où Sébastien, restaurateur, nous accueille gracieusement contre un bon repas à sa table. Un endroit un peu secret en somme, où le repas savoureux se prend sur un lieu incroyable, dans un panorama sublime dominant les gorges du Tarn, nargués par le sifflement des aigles.
Quelle contrée sauvage que ce Causse Méjean, quel site naturel exceptionnel!
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