NB : au coeur de la bataille, au centre de la photo: un fond de rouleau de papier toilette miraculeusement retrouvé
Parmi ces grandes expériences, on vit quand même quelques petits tracas. Les toilettes en sont un premier, et de taille ! Ceux du bateau sont pour le moins originaux : une petite cabine de toile au dessus de la mer, avec un plancher de bois et un trou au milieu pour une évacuation directe dans l’eau ; avantages : on peut regarder les poissons en même temps qu’on fait son affaire ; inconvénients : il faut réussir à faire abstraction du fait d’être au milieu du reste de la troupe qui continue ses conversations à moins d’un mètre, et de n’être séparés que par un morceau de toile de pas plus de 1 mètre de haut (on a bien fait travailler les genoux pour se rendre invisibles !), mais une fois ce travail fait, tous ou presque ont réussi par les utiliser ! Belles rigolades à bord avec ça, on peut dire qu’on a encore franchi un cap d’intimité entre copains !! Ca a même donné lieu à un concours de familles, on comptait les points à chaque fois que l’un ou l’autre parvenait à réaliser son affaire dans ce petit coin pour le moins insolite ! (1 point le pipi, 2 points le reste). A terre, c’est une autre affaire. Ces côtes et ces îles dénuées d’accès routiers n’en sont pas moins peuplées de villages, avec des habitants présents comme par magie derrière chaque buisson, vous voyez où je veux en venir ! A chaque arrivée sur site, nous demandons à Jacky « où sont les toilettes » ? C’est généralement une zone de rochers qui sont lavés par les marées, à distance lointaine du campement (on peut mettre un bon temps de marche sur la plage pour y parvenir !) Mais ces « toilettes » discrets et isolés à certains moments peuvent devenir de véritables autoroutes de passage au début et à la fin de la journée, quand les villageois regagnent leurs pénates dans un balai continu de marcheurs sur la plage, femmes avec les seaux sur la tête, enfants qui suivent, pêcheurs de retour de la mer, il est alors clairement difficile de trouver un semblant d’intimité !!! Alors on cherche un autre endroit plus dans les terres dans les fourrés, mais vous pouvez être sûrs qu’à chaque fois que vous êtes en pleine action, alors même que vous avez vérifié les horizons de droite, de gauche, d’avant et d’arrière avant de vous accroupir, un villageois surgit de derrière les fagots comme un magicien, dans sa nonchalance habituelle ! Parfois il vous interpelle en malgache, vous ne comprenez rien, et à part vous relever prestement avec un « pardon » gêné, vous vous dites que c’est vraiment pas de bol !! Même la nuit l’affaire est délicate : entre la lune quasi pleine qui éclaire la plage d’une très belle lumière nocturne, et le passage des villageois qui se poursuit tard dans la nuit et commence très tôt le matin, dès les toutes premières lueurs du jour, la fenêtre de tir s’avère très étroite !!! Si vous ajoutez à ça que quasiment presque toute la troupe a été dérangée de troubles intestinaux plus ou moins sévères, on comprend aisément comment ces petits tracas peuvent devenir de gros problèmes existentiels ! Et je peux vous dire qu’on a bien donné dans la tourista !!! Vive l'Immodium, l'Ercéfuryl, le Zythromax... merci nos pharmacies bénies!! Ou comment la vie dans la nature peut pendant quelques heures devenir un vrai cauchemar… La mer est alors salvatrice et on a pu y laver tous les accidents de parcours 😉
Je dirais même que le plus grand cauchemar sera, pour tous, le moment où, au soir du 4e jour, on découvre qu’on est à court de PQ !!! Chacun se jette alors sur les plus belles feuilles de liseron des sables, on compare les textures, les tailles, la résistance, et on s’en met plein les poches avant la nuit. Des petits miracles surviennent tout de même : ici un paquet de mouchoir retrouvé au fond d’un sac, là un très vieux fond de rouleau d’une rando dans les Pyrénées, j’ai même mis la main sur deux serviettes en papier d’anniversaire que j’avais mise de côté pour un pique-nique il y a plusieurs mois, et je peux vous dire qu’on aurait bien sorti les cotillons pour fêter ça ! Vous l’aurez compris, nos problèmes d’évacuation sont rapidement devenus THE sujet de conversation et de solutions à trouver. On peut le dire, on n’abordera plus jamais les plages comme avant : notre premier réflexe désormais : l’analyse 3D supersonique pour trouver THE place to the WC.
Second petit tracas : les « moukafous », des micro moucherons à la tête noire et à l’aile blanche, qui volent au-dessus du sable de façon quasi invisible, dont les piqures se révèlent 24h plus tard avec un grattage très intense et qui peut durer plusieurs jours. J’ai eu beau me protéger en vêtements longs (oui bien sûr aucun répulsif n’est efficace !) dès qu’on posait le pied sur la plage, je suis devenue la chair préféré de ces pénibles parasites, et j’ai eu la chance d’avoir des piqures qui ont sur-réagi : merci à nos amis les anti-histaminiques, et heureusement l’application d’un citron vert coupé en deux permettait de me soulager transitoirement, ma peau est donc devenue un constant mélange de crème solaire, de sueur, de sel et de pulpe de citron vert, il faut donc prendre du recul sur le glamour !!!
Vous l’aurez compris, un voyage de ce type, c’est l’aventure d’une vie car c’est aussi une aventure qui va puiser loin les ressources au fond de soi ! Des souvenirs pour la vie !
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