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Machu Picchu : une merveille sacrément méritée!





Laissez-moi vous conter notre aventure du Machu Picchu, du fond de mon lit douillet à Cusco, une tasse d’infusion de feuilles de coca à la main. Voilà le plan tel qu’il était prévu : pour visiter le Machu Picchu, dont le nombre d’entrées quotidiennes est limité, il faut acheter son billet longtemps à l’avance, et réserver une heure d’entrée précise dans la journée. J’avais visé une entrée entre 12 et 13h. Le Machu Picchu est accroché dans les montagnes, et la ville située à ses pieds, Aguas Calientes, n’est joignable qu’en train ou à pieds, pas de route qui y parvient ! Les billets de train étant hors de prix, nous avions prévu de rejoindre la petite ville à pieds, comme ça se fait souvent, en suivant la voie de chemin de fer pendant 10 km. On prend ensuite un bus qui monte au site archéologique, mais il faut acheter les billets à Agua Calientes. Depuis Ollantaytambo, il faut compter habituellement trois heures de route pour rejoindre l’extrémité de la route d’où part le chemin de randonnée le long de la voie ferrée. Dulio, notre chauffeur, nous a prévenus que des travaux sur la route bloquent les circuits à certaines heures, on décide donc de prévoir quatre heures pour la route, afin d’être pile à l’heure pour l’ouverture d’une des routes sur notre tracé. Ca, c’est ce qui était prévu, et on trouvait que c’était déjà bien fastidieux !! On se lève donc à 4h30, départ 5h dans la nuit, le début de route est tranquille. On enfile les virages pour monter un col de 4316 mètres, « Abra Malaga » : la végétation est rase et mordorée dans le jour qui se lève, composée des touffes d’herbes « ichu » dont raffolent les lamas et les alpagas, les panorama sont vertigineux, c’est magnifique. On tutoie les nuages et les glaciers. Une fois de l’autre côté du col, on redescend dans la région amazonienne du Pérou et on redécouvre une végétation tropicale, c’est très étonnant ce changement de décor si radical en si peu de temps ! Je pensais naïvement que le Machu Picchu était en zone andine, mais en fait, il n’est « que » à 2500 mètres d’altitude, en zone amazonienne très verte ! Au bout de trois heures, nous voilà arrivés pile à l’embranchement où la route doit ouvrir pendant une heure : malheur, un camion s’y est bloqué dans la nuit, on ne peut pas passer. On nous explique qu’on peut prendre une autre route, détour d’une heure, Dulio pense que c’est bon, on a le temps. Nous voilà alors engagés pendant finalement 1h30 sur une improbable piste suspendue dans les montagnes : impossible de se croiser, le vide est toujours tout proche, la piste dans un état terrible, on rejoue à nouveau « les routes de l’impossible » !!! Le trajet me semble interminable, je me dis qu’on ne parviendra jamais à temps au Machu Picchu. On avait calculé qu’on devait commencer la marche vers 9h pour être très tranquille, il est 9h30 et on ne voit toujours pas le bout de la route. A 10 heures, nous voilà à un nouvel embranchement : nouveaux travaux routiers, l’agent de sécurité nous explique que la route n’ouvrira qu’à midi !!! On se dit qu’on est vraiment maudits ! Elle ne veut rien entendre, on ne parvient pas non plus à négocier de monter en stop dans un camion des travaux, ça leur est interdit… Alors notre seule solution, abandonner Dulio et poursuivre à pieds : on nous explique que la piste en travaux fait « 4 à 6 km » avant l’arrivée à Hydroelectrotica, le point de départ de la partie pédestre. On n’a plus rien à perdre, on se lance. Il faut motiver les enfants à garder un bon rythme de marche, il fait chaud, la route en travaux est extrêmement poussiéreuse, les camions nous croisent, c’est un peu infernal. Au bout de 20 minutes de marche, on se fait bloquer de nouveau : des ouvriers funambules accrochés à la montagne sont en train de créer des éboulis, il nous faut encore attendre 15 minutes. Franchement si c’est pas une épreuve digne de Pékin Express, ça !! On reprend la route, ça monte, ça descend, ça remonte, ça redescend : au bout d’une heure trente de marche, un véhicule d’agents routiers finit par avoir pitié et accepte enfin de nous prendre en stop pour le dernier kilomètre ! Il est 11h30 quand on commence la marche le long de la voie ferrée. Pas le temps pour un vrai pique-nique, on se contente de barres de céréales et d’eau, qu’on a heureusement prévue en quantités généreuses. On bénit de n’être qu’à 2500 mètres d’altitude car on ne sait pas comment on aurait pu gérer un tel effort physique si on avait été plus hauts. Le chemin est pierreux, dans un faux-plat continu, mais la végétation est très jolie, on suit en contrebas une immense rivière à cascades, les perroquets en colonie piaillent à qui mieux-mieux, d’autres oiseaux ont un chant mélodieux, comme une petite sonnerie dans le vent, mais je suis tellement dans le stress de parvenir au bout que j’ai du mal à en profiter ! Dix kilomètres à pieds, avec cette pression de ne pas arriver à temps, c’est long !! On garde la cadence, j’ai une douleur latérale de cuisse qui m’empoisonne, le dos tire aussi, mais je reste en avant pour maintenir le rythme de la famille. On croise ça et là des petites gargotes qui proposent des jus frais, des empanadas, des toilettes, mais on ne s’arrête pas ! Il y a régulièrement des zones à traverser au- dessus du vide où il faut marcher sur les solives du chemin de fer, les hauteurs ne sont pas insurmontables mais suffisamment angoissantes pour le vertige de Pierre, qui prend sur lui. Il y aussi le train, qui hurle au loin son arrivée, et qui vous frôle dans son passage, on le croisera trois fois, c’est assez stressant ! Au bout de deux heures trente de marche, on gagne enfin la seule route qui joint Agua Calientes au Machu Picchu. A gauche, la route mène vers la ville, on ne sait pas encore combien de kilomètres nous séparent, probablement deux encore, en montée. A droite, la route monte au Machu Picchu, exclusivement empruntée par les bus habilités, dont on n’a pas de billets. Le seul point d’achat est dans la ville. On se dirige donc vers la ville, mais on n’en peut plus. C’est alors que je repère un bus qui monte à vide, pour aller récupérer des visiteurs là-haut j’imagine : je le supplie de s’arrêter, je monte à bord, et je lui explique dans un piètre espagnol désespéré nos mésaventures, et notre impératif besoin de monter MAINTENANT au Machu Picchu : il est 13h45, on a déjà presque deux heures de retard sur notre heure d’entrée. Il comprend qu’on n’a pas de billets, et mon idée fonctionne, il accepte d’être payé directement 😉. Nous voilà donc en bus exclusif pour la montée au site ! Vingt minutes d’une route incroyable, au décor de montagnes tropicales en formes de pains de sucre, on commence enfin à y croire ! On est trempé de sueurs et de poussières, on ne va pas avoir la même allure que ceux qui arrivent reposés après le train et le bus ! Encore vingt minutes de queue, on nous autorise le passage sans problème finalement, et hourra, Machu Picchu, nous voilà !!!Il est 14h30 quand on entre sur le site. Encore quelques efforts de montées de marches et de dénivelé pour atteindre les terrasses supérieures et le point de vue est sensationnel : ça n’est vraiment pas une des sept merveilles du monde pour rien !!! J’avoue qu’après une telle épreuve, on a un sentiment d’avoir vraiment mérité la Cité Perdue, et de le mesurer à sa juste valeur ! Le temps d’une journée, on a revêtu le costume des aventuriers découvreurs de merveilles archéologiques, de vrais Indiana Jones ! Le soleil est présent, la lumière est belle dans ce milieu d’après-midi, on ne se lasse pas de garder les yeux rivés sur la Cité, au pied du Wayna Picchu, cette montagne en pain de sucre qui domine le site et lui confère cette situation exceptionnelle. Incroyable que des hommes aient pu bâtir ici. On pourrait rester là des heures, à se faire dorer par le soleil avec cette vue de folie. On continue tout de même la déambulation, le circuit est très bien dessiné, on se pose pour un peu de lectures d’explications sur le site (merci le Routard), et on reprend la promenade au milieu des pierres incas, avec toujours en fond ce panorama vertigineux. Découverte en 1911 par Bingham, un archéologue américain, qui fut le seul à aller au bout de la démarche de tailler la végétation pour exhumer la merveille -alors que plusieurs aventuriers auparavant, fermiers locaux et autres voyageurs de passage avaient déjà mentionné précisément le site sur des cartes !-, la cité inca aurait été construite par Pachacutec, neuvième empereur inca, qui prend le pouvoir en 1438. Abritant environ 1200 personnes, il n’aurait connu son apogée qu’une centaine d’années, abandonné par la suite par les Incas, craignant les envahisseurs espagnols qui venaient de faire tomber Cusco. Et la cité fut abandonnée, puis ensevelie sous la jungle… Quel décor de cinéma !!! On quitte le site en fin de journée, épuisés dans le bus du retour, et on offre aux enfants une bonne régalade au restaurant, parce que franchement, on est super fiers de leur exploit du jour ! Bon, on avait notre astuce habituelle, un petit paquet de bonbons pour les motiver, mais vraiment, quelle aventure !







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