

Ce matin, ce sont nos premiers vrais essais en 4x4, la piste nous est ouverte par les copains français de la veille, dans la jolie lumière du jour levé.
Huit kilomètres de sable rouge, quelques passages de gués, un joli chemin qui sinue entre les eucalyptus et les pandanus, ça secoue un peu, mais on s’en sort bien !
On a réussi à replier tout le campement en 1h30 entre le lever, le petit déjeuner et le démontage et rangement complet du matériel, on progresse, et on était motivés par le fait de commencer tôt l’excursion aux Jim Jim Falls, pour profiter du lieu en tranquillité.
La rando qui mène à ces trois bassins naturels est courte en kilométrage (2 km AR) mais un peu ardue car il faut sans cesse escalader d’énormes blocs rocheux, tenir en équilibre, trouver les bons sauts, glisser en toboggan, pour le plus grand bonheur des enfants ! On longe une rivière où l’on est bien averti de ne pas s’approcher des rives, pour cause de danger de crocodiles, on aperçoit même un piège à croco sur la rive en face. Le paysage est superbe dans la lumière du matin, le vert de la végétation, le vert limpide de l’eau, le bleu du ciel, c’est encore une fois très serein comme ambiance ; l’arrivée est digne d’un décor de cinéma ! On est estomaqués par cette plage de sable clair qui borde un grand bassin cerné de hautes falaises à pic, derrière lesquelles le soleil joue sans cesse à cache-cache. Au fond, l’immense cirque rocheux des Jim Jim Falls, hautes de 200 mètres. La luminosité est éblouissante. Pas d’eau en cette saison, mais il parait que le débit est impressionnant en saison humide, rendant d’ailleurs le lieu inaccessible.
On passe un long moment dans le sable, « nos lionceaux » jouent à se grimper dessus comme à chaque fois qu’ils peuvent se rouler quelque part, et finalement le lieu reste très tranquille, peu de touristes le matin ici semble-t-il ! Il faut dire que l’accès n’est pas aisé… On se régale d’un pique-nique au retour sur le parking du début de la balade, sur une table abritée par une voile d’ombrage comme savent si bien les positionner les Australiens, même dans les lieux les plus inaccessibles !
La piste du retour est l’occasion d’un tour de manège pour les enfants qui se perchent sur le toit du 4x4 pendant quelques kilomètres, ils veulent vivre d’en haut les émotions du cahot routier, et ils sont aux anges, mais on n’est pas tout à fait tranquilles, on leur demande toutes les minutes si ils sont bien accrochés ! Je crois bien qu’il n’y a qu’ici, dans cette ambiance sauvage de totale liberté et de lâcher-prise, qu’on se sera autorisés cette petite fantaisie !
La route de l’après-midi est censée nous emmener à notre prochain campement à la découverte du bijou du parc : Gunlom Pool. Un grand bassin naturel au pied d’une cascade, avec une petite montée de trente minutes pour parvenir au sommet menant à un chapelet de petites piscines naturelles à débordement, offrant un panorama décrit comme extraordinaire. Imaginez notre déception, quand, au bout de 2 heures de route puis de piste, on tombe sur l’embranchement fermé, sans explication ! On se renseigne auprès d’un couple d’Australiens garés sur un départ de randonnée, il semble qu’il y ait ici un conflit actuel entre le Parc National et le peuple local aborigène, qui a donc décidé de fermer l’accès. La tuile ! C’est un site majeur du parc national, et on est complètement passés à côté de l’info… Je suis clairement dégoutée de ne pas pouvoir voir cette merveille du Top End, et on n’a pas d’autre choix que de se rabattre sur un campement à proximité, sans eau, pour s’installer pour la soirée, en réfléchissant à une randonnée dans le secteur pour le lendemain matin. On gagnera probablement plus vite que prévu la ville de Katherine au sud, pour y passer deux nuits au lieu d’une… L’installation du camp est malgré ça un plaisir avec les enfants bien motivés dans leurs tâches, on prend garde tout de même à ne pas tomber sur un croco en ramassant du bois (panneaux d’avertissement partout !), on fait un beau feu, on mange tôt, on profite du ciel étoilé et des flammes réconfortantes autour d’un « petit bac oral » pour finir la soirée, de beaux fous-rires en famille, et on se couche tôt !
C'était sans savoir qu'on allait passer une nuit particulière : en plus d’avoir eu froid (les températures nocturnes ont bien baissé depuis 2 jours), on a été terrorisés par des buffles venus brouter tout près de nos tentes. Pierre m’a réveillée à 22h30 (ah oui, quand on campe sans électricité, on est tôt dans le sac de couchage !), un peu stressé : on entend les bêtes renifler, frapper le sol de leurs lourds sabots, brouter, et elles sont à moins de 50 mètres, mais on ne les distingue pas dans le noir. Les fameux « Buffalos » du Territoire Nord sont disséminés ici et on a lu partout que les buffles sauvages pouvaient être agressifs, du coup on devient parano : et si ils venaient piétiner la tente ? Mon homme me propose de réveiller les enfants et de nous réfugier dans le 4x4, moi j’ai trop peur de sortir de la tente et de les exciter, alors on se ravise, et on fait le gué pendant 1 heure en attendant qu’ils s’éloignent, trop inquiets à l’idée qu’un des enfants se lève pour un pipi nocturne… Finalement les sons s’éloignent… et on se rendra compte en quittant le campement que quatre grosses vaches noires à cornes broutent dans les herbes au bord de la route : c’était sans doute elles, et pas des buffles finalement !!! La honte!! Nuit pourrie pour rien !!
En ce 4e et dernier jour dans le parc de Kakadu, on part en randonnée improvisée à Bouderlie Creek, pour un gentil crapahutage de 8 km vers Yurmikmik, un site découvert hier soir par hasard après notre déconvenue des Gunlom Pool, et qui n'est mentionné dans aucun guide… On ne sait pas trop ce que nous réserve la balade, mais il est écrit sur le panneau qu’il y a une « plunge pool » au bout, alors on a très envie d’aller voir ce à ce quoi ça ressemble : on a bien fait !
Après 3.5 km de marche dans la poussière et le soleil, bercés par le chant des oiseaux (il y a ici un nombre incroyables d'espèces), voilà qu’on arrive au pied d’un massif de falaises qui cache une nouvelle beauté, cette fois rien que pour nous !!!
Une première petite piscine donne déjà envie, un couple d’Australiens qui nous ont précédés viennent de s’y baigner et s’apprêtent à quitter les lieux en nous disant qu’il y a probablement une autre piscine en surplomb, car on en voit les reflets dans la roche au-dessus ! Cinq minutes d’escalade nous suffisent à découvrir une merveille, un immense bassin d’eau émeraude cerné de hautes falaises avec un filet de cascade qui chante depuis le sommet (et qui doit sacrément débiter en saison des pluies) : le spot parfait pour un pique-nique de rêve ! On ne résiste pas à rappeler le couple pour qu’ils reviennent sur leurs pas et leur partager le lieu, on sympathise le temps d’une heure avec eux, et on profite en exclusivité de cet endroit magique… On y serait bien restés tout l’après-midi mais on a prévu de gagner la ville de Katherine pour la fin de la journée. Un petit plouf rapide dans la première piscine, et nous quittons les lieux bien heureux de la trouvaille ; ce ne sont pas les « Gunlom Summits Plunge Pools » tant attendues, mais finalement la quiétude de cet endroit bien caché a tout de même fait de nous, une fois de plus, des privilégiés...
Quelles pépites dans ce parc national de Kakadu !
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