Je dirais… les deux !!!
Et oui, le vendredi étant un jour chômé en Egypte pour jour de prière, il y a un monde de dingue autour du Khan el Khalili!!
Pour notre retour de Siwa au petit matin, j’ai pris une chambre à la journée dans un petit hôtel désuet à côté du souk, pour pouvoir facilement visiter le quartier dit du Caire islamique.
Et bien je n’ai pas été déçue!!!
Un petit monsieur, le gardien de nuit, nous accueille à l’hôtel : savates, allure affable, clope au bec, je ne suis pas très sereine, mais finalement un large sourire éclaire son visage, et beaucoup de calme et de douceur émanent de cet homme agréable.
On nous sert un petit déjeuner (très très moyen, voire pas bon du tout! Mais j’ai eu la mauvaise idée de demander un petit déjeuner continental alors qu’un petit déjeuner égyptien aurait été meilleur à l’évidence!), on nous ouvre la chambre, très moyenne elle aussi, mais au moins la douche est bien chaude!
Et après un petit temps de repos (et de devoirs) jusqu’en milieu de matinée, nous voilà parties à l’assaut du Caire islamique.
J’avais repéré un itinéraire en boucle décrit par le Routard au départ de la mosquée Sayydina El Hussein, à l’entrée du souk Khan el Khalili.
On se retrouve vite dans une foule très dense, un tourbillon humain où chacun veut passer, je n’imagine pas que ça soit pire au pèlerinage de la Mecque !!! Tous et toutes se précipitent pour la prière, c’est à croire que tous les Musulmans du Caire (et avec 22 millions d’habitants à grande majorité musulmane, vous imaginez!!) se sont donnés rendez-vous ici ce matin.
Les appels des muezzins retentissent partout, c’est une sacrée cacophonie, terriblement authentique.
Après une courte tentative, je renonce à entrer dans la mosquée. L’entrée des femmes n’est pas plus calme que ne semble l’être celle des hommes : tout le monde se bouscule, et je ne vois même pas comment je réussirai à accéder à mes chaussures une fois enlevées pour pénétrer dans la mosquée.
On s’extrait progressivement de cette foule compacte et oppressante, et au fur et à mesure qu’on avance dans la sharia (rue) El Gamaliya, on respire à nouveau… Ici, l’appel des muezzins, bien que toujours fort, a des airs plus poétiques!
Je ne peux pas m’empêcher de faire le parallèle en souriant intérieurement en pensant à la scène du muezzin dans OSS 117!
On arrive enfin à notre premier objectif de visite, le Beit El Suhaymi, un ensemble de trois maisons restaurées côte à côte, des belles demeures d’un autre siècle à l’architecture islamique, la plus ancienne datant de 1648. On pénètre par une magnifique cour, sur laquelle donnent les multiples moucharabieh des étages, avec son palmier central, puis on arrive dans une seconde cour envahie d’étudiants en dessin : l’ambiance est studieuse, c’est très plaisant après le capharnaüm de la mosquée.
Un gardien se fait guide, dans l’espoir d’un bakchich évidemment, et nous fait visiter les différentes pièces : salon d’invités, chambres à coucher, salon de réception, de déjeuner, et surtout magnifique hammam à la coupole ornée de petits vitraux colorés qui projettent leur lumière dans la pénombre de la pièce, une vraie ambiance des Mille et une Nuits! Table de massage, vasque en marbre blanc, four à bois, sol incliné pour l’écoulement de l’eau, qu’on aimerait remonter le temps à l’époque où il était encore en fonctionnement ! Le guide prend plaisir à nous prendre en photo à deux, il aura mérité son pourboire !
On continue notre remontée de la rue Bab el Nasser , on passe plusieurs mosquées toutes bondées, et on parvient à la porte Bab el Futuh, la porte médiévale la plus importante du Caire, qui date de 1087.
On descend alors la rue El- Mouiz Il-Din Allah jusqu’à revenir au souk : ruelles pittoresques, appels à la prière, boutiques d’un autre temps, , scènes de vie quotidienne, il n’y a quasiment aucun touriste dans ce quartier… La prière a envahi les rues et les échoppes, même les gardiens de musée interrompent leur vente de ticket le temps de l’agenouillement au sol !
La chaleur est montée, la sueur des corps est étouffante, il est temps de gagner le parc El Azhar pour une pause déjeuner bien méritée !
Le trafic est insurmontable, impossible de trouver un Uber qui accepte de venir jusqu’ici!
Je finis par résoudre à monter dans un taxi, avec l’éternelle négociation qui s’en suit, mais je ne suis pas trop mauvaise et je parviens à diminuer le tarif de moitié.
Le parc El Azhar est une immense étendue de verdure qui offre une belle vue sur les minarets du Caire, au cours d’une promenade ponctuée de fontaines et de jeux d’eau.
Bon, et bien le vendredi, après la mosquée, toutes les familles du Caire convergent ici pour le pique-nique !!! C’est bruyant, ça crie et ça rit dans tous les sens, ça joue; les femmes voilées, certaines intégralement, se prennent en photo sur fond de nature bucolique…
J’avais repéré un petit restaurant, le LakeSide café, et je commence à craindre qu’il ne soit bondé.
C’est finalement (et heureusement) tout le contraire!!! C’est tellement vide que je pense initialement qu’il est fermé…
On s’installe sur une petite nappe à carreaux, vue sur un joli plan d’eau et on ne perçoit pas ici la rumeur des cris du parc : que c’est bon de se poser au calme, enfin ! Zoé dévore son livre sur les dieux et déesses égyptiennes en attendant la commande. On se promène encore un peu après le déjeuner, puis on reprend un taxi car je souhaite aller découvrir le musée Gayer Anderson, deux maisons des XVI et XVIIe siècle, habitées plus tard par un médecin de l’armée britannique au service de la famille du roi Farouk de 1935 à 1942. Fin collectionneur, ce musée promet un véritable cabinet de curiosités!
Mais voilà que débute mon arnaque dans le taxi !!
Le taxi me promet de mettre le compteur, je me dis que c’est gage de fiabilité… tu parles !!
Il fonce pour tenter de m’amener jusqu’au musée qui ferme à 15h, nous voilà arrivés un peu avant 14h30 et il me dit que c’est fermé… je suis un peu dubitative mais les sites ont l’habitude de fermer leurs guichets 30 minutes à 1h avant la fermeture donc je me dis que c’est possible… Un peu déçue, je lui demande de me déposer à la Citadelle, là aussi il me dit que c’est fermé !! Alors que les guides mentionnent une fermeture à 17 heures… La mosquée Bleue ?? Même sketch… il veut me ramener à l’hôtel, je commence à percevoir l’arnaque, pour pouvoir doubler son temps de course, et le compteur défile !!!
Je demande alors avec insistance de m’emmener vers la maison El Harrawi, une autre belle demeure islamique du XVIIIe siècle. Il finit par abdiquer, c’est un peu moins loin que mon hôtel, et quand il stoppe, il m’annonce la douloureuse sur son compteur : 30 euros !!! C’est sûr, il a trafiqué le compteur! Je lui montre mon désaccord total, je lui donne les tarifs pour l’aéroport (7 euros pour une heure de course), je ne cède pas, je sais que je n’en aurais pas eu pour plus de 3 à 4 euros en Uber… et encore… J’arrive à faire baisser jusque 10 euros, mais je crois a posteriori que je n’aurais pas du quitter le taxi tant qu’il ne baissait pas encore son tarif..; Mais j’avais peur de louper aussi cette dernière jolie maison…
On arrive finalement à l’entrée : on est toutes seules … Le gardien fait sa prière (décidément!!), on attend quelques minutes et finalement on peut entrer et visiter en grandes privilégiées, grâce aux commentaires du Routard, les enfilades de pièces et d’escaliers… Tout est à l’abandon, c’est dommage… mais du coup la visite a des allures d’aventure! D’autant que le guide mentionne dans son récit qu’il existe un passage secret à découvrir dans « le salon aux murs bleus et gris », on est trop excitées!! On teste tous les placards, et bingo!! On découvre le faux fond qui ouvre sur un escalier menant à une terrasse supérieure! Un bien joli moment qui rattrape l’expérience malheureuse du taxi… Une autre maison se visite à côté, la maison El Set Wasela, avec son joli balcon romantique donnant sur cour et sa terrasse supérieure sur les toits du quartier.
Il est temps de rentrer à l’hôtel pour une petit thé sur le toit, notre gardien de ce matin a repris du service, ici aussi on se sent seules ! Un escadron d’oiseaux (des étourneaux ?) tournoie encore et encore au-dessus de nos têtes, le soleil se couche, la quiétude au Caire semble enfin pointer son nez…
Il est temps de trouver un nouveau taxi pour gagner la gare de Gizeh : ce soir, on dort dans un train, direction Louxor !
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