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Lagunes célestes et bain chaud sous les étoiles, on a touché le ciel!









Pour la première fois, c’est avec un petit coup de blues que je prends la plume. La route aujourd’hui a à nouveau duré 10 heures, sur de la piste difficile, dans des paysages somptueux, mais l’auberge ce soir est vraiment froide (nous sommes à 4300 mètres), et pour la première fois depuis le début de notre périple, elle est pleine de monde, ça parle fort, et en plus c’est assez moche. On savait qu’on avait des logements très basiques pour ces quatre nuits dans le sud Lipez, mais jusqu’alors je trouvais qu’en dehors du fait que ce n’était pas chauffé et qu’il n’y avait de l’eau chaude qu’une fois sur deux (j’ai payé hier soir 10 bolivianos, l’équivalent de 1.50 euros, pour avoir une douche chaude et je ne l’ai pas regretté, ça m’a fait du bien avant d’aller me coucher, mais j’ai été la seule à avoir le courage d’affronter le déshabillage et le séchage !), le cadre était plutôt mignon, les couvertures nombreuses et épaisses. Ici c’est vraiment « campement de jeunesse », en mode vitres sur les portes de toilettes, rideaux aux fenêtres accrochés avec du gros scotch, ampoule au plafond qui frétille, et pas de poignée aux portes ! Et encore, on a de la chance car on a obtenu des chambres plus « confortables » que ce qui était prévu initialement grâce à une erreur de réservation de la part de la gérante de l’auberge ! On a donc du faux plancher au sol - sinon on avait droit au béton - et là, c’est vraiment un GROS plus, à des toilettes rien qu’à nous !!!… Heureusement notre douce Mirtha, qui s’est battue comme une lionne pour que nous ayons droit à ces chambres plus confortables plutôt qu’à la dernière misérable tout au bout de l’auberge, la plus exposée au vent, nous prépare illico notre chocolat chaud et nos petits gâteaux pour nous réchauffer, et enchaîne directement avec la préparation du repas : ce soir, nous sommes au pied de nouvelles sources chaudes, et il est prévu que nous y allions sous les étoiles, après le dîner !!! Sauf qu’il va falloir partager cette fois ! Et oui, on a été très mal habitués avec ce road-trip qui depuis le début nous permettait de jouir d’endroits de fou en toute exclusivité ! Enfin il ne s’agit que de l’auberge car nous avons été tout seuls toute la journée malgré tout…

La route a commencé dans un décor gelé : il a dû faire très froid la nuit passée, il y a beaucoup plus de gel que les autres jours, et le vent ce matin est glacial, le soleil ne parvient pas à nous réchauffer comme les autres jours, qu’on est bien dans la voiture !! Dès qu’on est à l’abri du vent, ça chauffe bien, on passe notre temps à enlever et remettre nos polaires et nos manteaux ! Les paysages ressemblent par moment à Sajama, j’adore ! Des lamas partout, avec leurs attributs de laine colorées qui dansent dans le vent, des vigognes de-ci de-là dont la finesse et l’élégance leur donnent le surnom de « sexy-lamas » ! Et ces autruches rares, qu’on appelle « nandu », qui galopent à une vitesse folle quand elles nous entendent arriver. Puis on attaque de hauts plateaux volcaniques où le vent est démultiplié, et qui révèlent plusieurs lagunes bleues gelées superbes, veillées par le volcan Urucantu (6000 mètres). On finit par trouver une lagune pour le repas, on est congelés à l’idée de devoir sortir pour manger, mais Edwin fait des miracles et nous trouve un endroit contre la paroi où on est relativement protégés du vent. Déjeuner complet et délicieux comme toujours, la lagune est gelée partout sauf en son centre, ce qui donne lieu à des jeux de palais et de ricochets qui occupent longtemps petits et grands ! On reprend la route, et on découvre bientôt la laguna Celeste, tout au pied du volcan. Elle aussi est gelée, ce qui surprend tout de même un peu Edwin, car ça n’était pas le cas lors de son dernier passage au début du mois. Il faut faire un effort surhumain pour sortir de la voiture, je manque de m’envoler, mais je veux les capturer ces couleurs féériques ! Qu’est-ce que je bénis nos copains Elisabeth et Christophe, et Lionel et Valérie de nous avoir prêté leurs doudounes de plumes !! Vers 16h30 nous entrons dans le parc national Eduardo Avario, le plus célèbre de Bolivie, celui qui offre les fameux décors tellement photographiés ! Ce sera pour la journée de demain… Nous finissons la journée de route dans le soleil descendant, cette lumière rasante est toujours aussi belle, les plaines de sable sont immenses, encore des lagunes, dont une qui produit un minéral exporté au Chili comme détergent ! Edwin nous explique que la génération de ses grands-parents venait y prélever de quoi se faire des shampoings tout de même un peu agressifs ! On arrive juste avant la tombée de la nuit à l’auberge, devant ces thermes prometteurs, toutes fumantes dans le rose du jour qui se couche… On ne va pas se mentir, se déhabiller dans ce froid glacial pour se mettre à l’eau est une torture, mais s’immerger dans l’eau chaude alors que le vent vous mord le visage, qu’il fait nuit noire et que le ciel est incroyable, est une expérience indescriptible !! Il y a du monde mais on ne se gêne pas, pourtant la vasque n’est pas immense. On tient à genoux pour avoir les épaules immergées, sur le sable chaud, et on admire la voie lactée, dans une proximité avec le ciel que nous n’avons jamais eue ! Le bas des cheveux mouillés gèle sur place comme des stalactites, le vent par à coups nous fouette le visage, et bientôt des rafales se lèvent avec du sable, il faut courber la tête. On profite pendant une bonne heure, en repoussant le moment où il va falloir sortir de l’eau, j’élabore toute une stratégie pour que l’habillage soit le plus rapide possible, mais finalement, la peau est tellement chaude à la sortie que la sensation de froid est plus supportable qu’au moment de l’entrée ! On rentre finalement assez réchauffés à l’auberge, et on serre fort dans nos bras toute la nuit nos bouteilles d’eau brûlante qui nous servent de bouillotes ! On dort assez bien aussi à 4300 mètres finalement !







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