
Nous voilà partis pour la péninsule de Izu, au sud-ouest de Tokyo.
Nous récupérons nos JR pass : ce sont des pass très précieux, très onéreux, accessibles uniquement aux touristes étrangers, qui permettent de voyager sur la plupart des lignes de train au Japon, et notamment d’utiliser le fameux Shinkansen, ce TGV ultra moderne et parfaitement à l’heure, dont les tarifs en achat au billet individuel sont hors de prix. Avec ce pass, on voyage partout au Japon, en réservant ou pas ses sièges selon les fréquentations des lignes, et on optimise au mieux ses temps de trajet. On affronte une nouvelle fois le métro tokyoïte, avec tous les bagages cette fois, et la traversée de la gare de Tokyo est une épreuve, à coté Montparnasse c’est une petite gare de campagne !! En fait, je commence à comprendre que va débuter Obon, une fête très importante au Japon, qui célèbre les morts, et qui permet aux Japonais d’avoir trois jours de congés précieux dans leur année de labeur. Ce détail aura une importance pour la suite du voyage (pendant ces trois jours, plus aucun logement disponible, plus aucun taxi, et beaucoup de transports déjà réservés et complets).
On sort à la gare d’Atami, au nord de la péninsule, on laisse les enfants sur le trottoir avec les bagages et un sandwich, et on part chercher la voiture de location : tout rentre dans une Honda, ouf ! Nous voilà en route pour commencer à découvrir la péninsule, il fait beau, tout semble se profiler au mieux ! Nous longeons la côte pour arriver en soirée dans notre location pour deux nuits, en faisant des petits stop sur le trajet.
Izu est une péninsule volcanique, faite de montagnes et de falaises qui plongent dans la mer, de côtes tantôt déchiquetées et sauvages, tantôt bordées de plages au sable blanc et à l’eau turquoise, de routes étroites et sinueuses qui traversent des tunnels sans cesse, de forêts très vertes avec leurs cigales toujours aussi chantantes, et de vues sur la mer qui scintille à l’horizon. Les paysages défilent, les petites villes bordent la mer, les plages de galets ou de sable noir sont balayées par des vagues puissantes pour cette première partie de la côte est.
On est littéralement projeté dans « Ponyo sur la falaise » de Myazaki, c’est vraiment prometteur !! On a quitté la fureur de Tokyo et on se sent maintenant en vacances dans le voyage ! Premier arrêt dans la petite ville de Ito : à cause de Obon, les parkings sont fermés pour les tirs de feux d’artifice prévus dans la soirée, on galère un peu, mais finalement le propriétaire du café que j’avais repéré sur internet nous invite à nous garer devant son établissement. Voilà le « café Tati », tenu par un Japonais qui a vécu quelques années en France et qui est féru de cinéma français et des films de Jacques Tati ! La déco donne le ton, et ses pâtisseries sont un régal ! La troupe est donc régénérée et peut continuer la route. Il y a une petite fête foraine sur la place face au café, une rivière qui se jette dans la mer et qui traverse la ville, c’est agréable, on sent que tout le monde se prépare à la fête.
On roule encore une vingtaine de kilomètres et on arrive sur la côte de Jogasaki, au cap de Kadowaki, qui propose de jolis points de vue et un pont suspendu : les nuages arrivent, les vagues se fracassent sur les rochers immenses qui émergent de l’eau, la brise s’est levée… On reprend la route pour gagner la location avant la nuit, mais j’avais repéré un petit onsen de pêcheurs juste avant, sur les rochers de la plage, qui semble tout mignon et me fait très envie. On s’arrête : il n’y a personne à l’accueil, il faut mettre un billet dans la poche à l’entrée, un onsen à l’air libre, pas de porte, juste des rideaux, des étagères, des paniers. Il faut aller rechercher nos serviettes à la voiture, les gars ne sont pas très motivés mais j’insiste, et nous voilà à entrer de chaque côté après avoir cherché sur nos téléphones quel était le symbole « homme » et « femme » en kansai. Une autre dame est arrivée en même temps que nous, on est donc trois avec Zoé pour ce petit moment hors du temps. On se plonge dans l’eau chaude, le bassin est fait de pierres volcaniques et donne sur la mer, on entend les vagues, le bruit de l'eau de la source qui alimente le bain, le ciel est gris, c’est très agréable. La dame ressort rapidement, ce qui me laisse l’opportunité de prendre quelques clichés puisque nous sommes désormais seules avec Zoé. Un petit appel de l’autre côté de la cloison de Zoé à son père et Félix (Basile nous attend dehors) : « ça va ? », « oui ! », ouf, ils semblent apprécier !
Puis 5 minutes plus tard, j’entends Pierre crier : « Camille, on m’a volé ma sacoche !!! »…
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