Et voilà, le dernier jour sur Mahatsara est arrivé. On prend la mer pour toute la journée, le temps de remonter vers Nosy-Be, et on profite ainsi de nos dernières heures sur cette œuvre d’art malgache. Dernier petit déjeuner (ouh ces beignets, ces crêpes, ces ananas, ce miel, ils vont nous manquer !) Derniers snorkeling, derniers sauts, derniers jus amoureusement préparés par Jacky qui connait maintenant les préférences de chacun: couper les petits citrons verts à la machette, une grosse cuillère de sucre, piler soigneusement avec son outil de bois, de l’eau, du rhum pour d’autres, dernier repas à bord : un canard excellent (on salue la discrétion de Simon à chaque fois qu’il a tué une volaille pendant la navigation : rien vu, rien entendu, il a une petite zone dédiée, avec une gouttière d’évacuation qui donne
directement dans la mer ; parfois lorsqu’on regardait vers lui au mauvais moment, il stoppait net son action et regardait l’horizon de façon évasive, tel un acteur de cinéma ! J’ai beaucoup aimé cette pudeur vis-à-vis de ces gestes un peu durs pour nous qui ne sommes plus habitués à ces scènes quotidiennes de l’alimentation sous nos contrées urbaines…). On peut dire qu’on n’aura jamais mangé aussi frais que pendant ces six jours de mer ! Et on lève la grand voile pour la dernière après-midi de navigation. C’est l’occasion de revoir tout l’équipage à l’œuvre, ce travail d’équipe fastidieux où l’on déploie ses forces pour tirer sur les cordages à travers les poulies de bois. On n’oubliera pas leurs « Z’enfants… ! Alefa !! », sorte de cri de guerre face à l’effort ! Ils s’interpellent comme ça depuis le début lorsque l’un d’eux veut s’adresser au reste du groupe. Quel beau spectacle, une apothéose, un finish digne du cinéma ! On imprime sur la rétine le visage, le sourire, les blagues, le style de chacun d’eux : Jacky, Serge, Simon, Jamil, Jojo, Sylvano, Mando. On peut leur rendre un sacré hommage, quel travail de gérer deux familles sur un même bateau, sur un même campement, sur une même natte ! Chacun à sa façon, une force tranquille. Et toujours heureux de reprendre la mer, repartir pour un autre voyage, même dès le lendemain ! Notre retour dans les locaux d’Alefa au coucher du soleil est comme un retour à la réalité, un réveil groggy après une longue nuit de rêve, on tangue un peu, les va et vient de la mer ont rempli nos cerveaux, on a tant à raconter, on partage nos émotions et notre enthousiasme avec Domi qui nous recueille après cette expérience qu’elle connait par cœur, 30 ans de pratique depuis la fondation de l’association, une vie pour les boutres, les pirogues, l’Océan Indien, pour Madagascar. Les enfants sont heureux de retrouver la terre ferme, mais ont quand même des étoiles plein les yeux. Basile rêve de repartir dans quelques années avec ses copains, Steph qui était si septique sur son vécu du manque de confort est totalement emballé et bluffé de l’expérience : pari réussi, non ?? Merci Alefa ! Merci « Z’enfants ! »
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