On a encore un jour à passer sur Nacpan avant de prendre le bus de 17h30 qui nous mènera de El Nido à Puerto Princesa, notre première étape vers les îles Balabac, à l’extrême sud de Palawan.
On profite donc de ce temps devant nous pour retourner passer la matinée sur la plage de Duli, en espérant y faire du surf. une nouvelle fois. On ne s’y attendait pas du tout, mais on a vraiment adoré le surf ici!
Rebelote pour le tricycle inconfortable sur la route défoncée, on gère maintenant !
Le ciel est totalement bleu, pas un nuage à l’horizon ce matin, mais contre toute attente, il n’y a pas de vagues quand on arrive! On se pose sur les tables d’un petit hôtel qui propose des bobyboard en prêt, mais même pour ça les vagues sont insuffisantes! On laisse donc le temps couler à l’ombre des palmiers, les enfants s’éclatent dans l’eau.
Sur le retour, on s’arrête au « Mac Do du coin » : une petite dame fabrique des burgers à cinquante pesos ( 1 euro!) au bord de la route, devant les rizières, avec le buffle à côté qui se traine dans la boue. On repart déguster notre pique-nique au camping où l’on a du libérer la cabane mais où l’on a pu stocker nos bagages et se prendre une bonne douche pour nous dé-saler!
Et nous voilà en fin d’après-midi arrivés à El Nido: on a acheté des places dans un van 9 places, qui est complété par des Philippins qui gagnent aussi Puerto Princesa. Cinq heures de route nous attendent, on quitte El Nido au coucher du soleil avec de très belles vues sur la baie, sur une route qui grimpe en lacets avant de nous mener sur un plateau de rizières.
La conduite est tonique mais efficace! Comme au Laos cet automne, on fait des arrêts réguliers pour charger des victuailles : des paquets de riz viennent compléter le coffre déjà chargé à bloc, et au premier tiers du parcours on prend une personne supplémentaire. Heureusement la route a cessé de zigzaguer, et est plutôt de très bonne qualité, en dehors des coups de klaxon réguliers pour doubler les motos et les tricycles.
Vers 20h on s’arrête dans un « routier local » : la nourriture est philippine mais pas fantastique, on mange froid ici! On découvre par contre la petite gourmandise du coin, les Bandi Kasoy, qui sont des noix de cajou grillées et compressées en un caramel croquant, c’est super bon! On a vu les locaux se précipiter sur ça en sortant du van, on s’est donc dit qu’il y avait anguille sous roche, et on a suivi! Bonne idée !
La route reprend et on s’assoupit, mais en fin de trajet le chauffeur nous ouvre la radio à fond, pour se réveiller lui-même et se donner du courage j’imagine, on en prend alors plein les tympans, vive mes chères boules-quies!!!
Il nous dépose dans un petit hôtel où j’ai réservé une chambre pour quelques heures de vrai sommeil. Il est 22h30.
Et oui, à 3h du matin, un autre van vient nous chercher pour la deuxième partie du trajet, celui qui nous mène jusqu’au port de Bulliluyan, à l’extrême sud de Palawan. Cinq heures de route supplémentaires! Mais cette fois, on est tout seuls dans ce van et on se paie le luxe de pouvoir s’allonger, quel bonheur de se rendormir dans la nuit moite, bercés par une conduite cette fois très agréable, combinée à une route qui est désormais toute droite. Le chauffeur fait des pauses de temps en temps alors qu’on continue de dormir profondément, et vers 6h, il s’arrête pour le petit-déjeuner.
Nous voilà dans un petit hôtel local improbable du bout du monde, où la déco est digne de Dali, avec piscine surveillée par la Vierge et toboggan artisanal, le tout en couleurs criardes, le rêve de Zoé en somme.
Le petit déjeuner est lui aussi local : oeuf au plat, aubergines frites, nems, et bananes! Café mais pas de thé, à partir de maintenant on va comprendre que le thé n’existe plus par ici!!!
Nous voilà repartis avec le jour qui s’est levé, on s’enfonce un peu plus dans Palawan, les paysages sont couverts de majestueux cocotiers, le ciment et les tôles ont laissé place à des petites maisons traditionnelles sur pilotis en bambou et toits de palmes, le décor est sublimé par la lumière dorée du petit matin, je me délecte…
Il est 8h30 quand nous parvenons au port de Bulliluyan.
C’est ici que les choses se compliquent un peu. L’agence locale avec laquelle j’avais organisé cette dernière partie du voyage m’avait prévenue que les garde-côtes, très présents dans la région, avaient imposé depuis quelques jours de nouvelles règles : impossible d’embarquer directement sur son bateau pour gagner les Balabac depuis ce port, mais embarquement imposé à bord d’un « boat passengers » qui transporte population et marchandises jusqu’au port de Bancalan, à une heure de navigation d’ici. Un peu alambiqué le truc, semblant surtout être un moyen de parfaitement contrôler l’enregistrement des passagers partant pour les Balabac.
Il est vrai que cette région de l’extrême sud des Philippines a fait parler d’elle il y a quelques années pour ces pirates terroristes qui ont semé la terreur avec des kidnappings en série. La sécurité a été rétablie depuis mais on imagine que les garde-côtes sont très vigilants, ils font un peu peur avec leur tenue de militaire et leur kalachnikof, mais indéniablement ils exercent un contrôle (oserais-je dire un petit abus d’autorité ??) très intense sur le secteur.
On s’enregistre donc auprès des garde-côtes, je crois qu’on nous a fait écrire nos identités sur 5 feuilles différentes! On monte à bord du dit-bateau où ont été chargées avant nous des victuailles en tous genres destinées aux autres îles de l’archipel (des sachets de nouilles par centaines, des oeufs, du riz, des chips évidemment, que ne serait pas un Philippin sans son sachet de chips!), et des passagers.
On attend encore 45 minutes les vérifications des garde-côtes qui font une tournée d’inspection complète du bateau, une grande banka traditionnelle à moteur.
Alors qu’on pense qu’on va démarrer, de nouveaux passagers nous rejoignent : le concept de places est différent en Asie, on pense toujours qu’on est complet mais on gagne encore une dizaine de places de plus : à l’aise !!!
Les eaux sont déjà assez jolies, mais malgré le grand ciel bleu, les vagues sont formées et le courant est fort et de côté, donnant du fil à retordre à notre embarcation…
Une heure plus tard, nous voilà sur la terre ferme à Bancalan, un village insulaire du bout du monde où l’on sent que le bateau est très attendu car il amène le ravitaillement. Chacun arrive récupérer sa marchandise avec sa moto ou son tricycle.
Et là, nous, personne ne vient nous chercher!!! Aucune nouvelle de l’agence qui doit nous récupérer avec notre bateau à nous…
Une petite dame qui semble gérer les arrivées et les départs sur le ponton (en total look jogging à capuche-chaussettes-claquettes parce que vraiment avec ces 30 degrés on caille un peu!) nous fait comprendre qu’il a peut-être un peu de retard, et qu’on doit attendre. « Don’t worry ».
Don’t worry mais avec Basile on a très envie de faire pipi et pas un seul toilette à l’horizon, elle demande alors gentiment à sa fille de nous charger sur son scooter pour nous amener chez elle et nous faire profiter de ses WC. Bénie soit-elle.
Ce petit trajet nous permet de découvrir le charme du village, ses maisons de bric et de broc, ses cocotiers avec cette odeur d’huile de coco qui envahit l’espace, ses pistes de sable, et bien sûr ses poules et ses coq partout. J’aime ça! Les toilettes sont à la philippine bien sûr : petite cuvette de maternelle, et saut et louche pour l’évacuation, et la maison fait domicile et épicerie sous le même toit, le tout sous une musique de karaoké tonitruante.
On scrute l’horizon tous les quarts d’heure : « Anne ma soeur Anne ne vois-tu rien venir ? »…. ben non…
Alors on sort les bouquins, et moi je commence à ronger mon frein, parce que cette petite expédition au bout de Palawan nous a couté un bras et que je commence à avoir des doutes sur la suite du programme!
Au bout d’une heure trente d’attente, et alors que la petite dame nous est restée fidèle et ne nous a pas abandonnés (la sainte, encore une fois), on voit arriver une belle banka blanche. C’est bon, ouf, c’est elle! Enfin, pas sûr. L’équipage qui débarque nous explique qu’ils sont venus chercher cinq autres touristes qui doivent arriver avec le prochain « boat passengers ». Ils travaillent pour la même agence que la nôtre, et comprennent que notre bateau à nous n’est jamais arrivé. Souci techinique ? Ils vont faire appel aux garde-côtes (les revoilà ceux-là) pour savoir ce qu'il en est.
Le guide, Willy, propose dans son anglais un peu difficile, de nous emmener une fois que les autres invités seront arrivés. Il voit que je commence à m’agacer, car nous avons payé un « tour privé », justement pour éviter ce genre de désagréments, et je crains qu’on veuille nous la faire à l’envers. Il est déjà midi et demi passés et notre tour n’a toujours pas commencé! Il décide donc de nous emmener sur l’île de Patawan, que nous aurions dû déjà avoir rejointe depuis au moins une heure pour y prendre le déjeuner, et il reviendra chercher les invités. Voilà une solution qui me convient mieux!!!
Après une trentaine de minutes de navigation sur une mer bien formée qui nous en met plein la tête (on est trempés! les garçons sont morts de rire), nous voilà débarqués sur un premier paradis qui nous fait vite oublier les précédents désagréments !!! Patawan : victoire !! (le prochain post y sera dédié).
Vers 15h30, on quitte notre petit paradis pour rejoindre notre campement, à encore une heure de navigation, sur la plage de Punta Sebaring.
La plage est très belle, le sable farineux, mais dire que je ne suis pas déçue en arrivant serait mentir… J’avais fantasmé un petit campement intime, presque seuls au monde, avec seulement quelques hébergements, et voilà que nous trouvons ici un campement assez conséquent, composé d’une quinzaine de huttes, aux abords d’un village de pêcheurs. Je me dis qu’à force de découvrir des endroits exceptionnels partout dans le monde, je commence à devenir difficile et ça ne me plait pas de réagir comme ça!
Pour autant, les huttes sont toutes mignonnes et bien organisées même si extrêmement basiques (ça je savais et ce côté aventure me va très bien, pour moi le luxe, c’est cette robinsonnade), les « sanitaires » sont très propres ( à la philippine là aussi, sur une dalle de ciment on trouve la cuvette de WC, un robinet pour le saut et la louche et un pommeau de douche : le concept : on se douche en même temps qu’on fait pipi, gain de temps incontestable;)). Je suis fan de la couleur des murs, en bleu et rose, un jour j’oserai les mêmes chez moi! Ca me redonne le sourire!
Après avoir évoqué un problème technique, on apprend finalement par la famille philippine qui gère le campement que notre bateau devait partir ce matin de l’île de Onok pour venir nous chercher, mais qu’en raison du courant puissant, les garde-côtes (décidément encore eux!) n’ont pas autorisé que le bateau quitte le mouillage là-bas.. Hum.. hum… il va falloir que je me mette en mode « négociation d’une compensation » !
Les garçons sont ravis de trouver un filet de volley-ball et de taper quelques échanges avec d’autres touristes (que des beaux jeunes hommes trentenaires, les touristes avec enfants sont inexistants ici aux Philippines, c’est assez étonnant!), Zoé ne manque pas d’aller caresser un petit chiot craquant évidemment, et moi je prends mes marques, au milieu des poules et des odeurs de poisson frit. Avec Pierre on s’est surtout précipités pour aller attraper le coucher de soleil qui s’évanouissait lentement à l’autre extrémité de la plage, progression pas facile dans ce sable si fin qu’on s’y enfonce à chaque pas comme dans de la neige, mais jolie récompense finale!
Le retour de mer le lendemain sera vécu tout à fait différemment : nous serons alors les premiers à débarquer vers 16h30, alors que le campement est désert et très paisible. Seuls quelques gamins du village nous attendent pour le volley du soir. La lumière est sublime (que je l’aime cette lumière dorée du soir!!), la douche est un pur bonheur après cette journée de sel et de plein soleil, je savoure encore et toujours le rinçage à la tasse et l’odeur du savon dans ces endroits improbables du bout du monde (ceux qui me lisent régulièrement savent que c’est mon plaisir ultime en voyage!), et on nous fait un magnifique et immense feu de joie sur la plage à la nuit tombée… J’y suis bien finalement sur ce campement!
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