L’île de Bohol, c’est aussi plusieurs rivières remarquables. Nous logeons au bord de la rivière Loboc, d’un superbe vert émeraude quand le soleil l'éclaire, où j’ai pris un plaisir fou à admirer un petit groupe d’enfants téméraires qui grimpaient sur un cocotier pour s’élancer dans les airs! L’un d’eux est même parvenu au sommet pour aller y décrocher des noix de coco! Ces rives de la Loboc évoquent pour moi les paysages indonésiens typiques…
Nous avons aussi profité d’une autre rivière, la rivière Abatan, pour une mémorable soirée de kayak, rien que tous les cinq avec un guide, à la recherche des lucioles! On a de gros doutes quand on arrive sur le site car une belle pluie s’abat pile pendant le briefing… on avait entendu qu’en cas de pluie, non seulement le kayak de nuit allait être beaucoup moins drôle, mais surtout les lucioles risquaient de ne pas être là… Le mauvais sort tourne et la pluie cesse quelques minutes avant notre mise à l’eau, nous offrant une soirée merveilleuse puis une nuit étoilée splendide!
On commence par naviguer dans le calme absolu du jour qui tombe : les reflets de la végétation des rives et des nuages dans le miroir de l’eau sont fascinants, on assiste au vol des aigrettes qui rasent la surface pour remonter des rizières - où elles s’activent en journée à picorer les grains de riz - vers les mangroves côtières où elles trouvent refuge la nuit.
C’est tellement beau, tellement paisible, on fait une petite pause à mi parcours pour se laisser flotter et profiter du moment. Notre guide est passionnant et nous apprend plein de choses sur l’écosystème de la rivière, il a Zoé comme « moteur » à l’avant du kayak qu’il dirige, et on a bien ri de voir la piètre efficacité du dit-moteur, qui n’a pourtant pas démérité et a pagayé patiemment presque toute la promenade! Je partage mon kayak avec Basile, c’est super confortable car il a un sacré bon coup de pagaie désormais (je ris encore de nos compétences totalement nulles à l’époque des gorges du Tarn!) Et je peux prendre toutes les photos que je veux! Félix et Pierre sont ensemble, et régulièrement des petits moments de courses s’improvisent, on sent que chacun est heureux dans son kayak! L’obscurité envahit peu à peu l’espace, notre guide allume une faible lumière rouge sur l’arrière de son dos pour qu’on puisse le suivre facilement et nous voilà en quête des « guirlandes » de lucioles qui illuminent les arbres. C’est fascinant, il nous explique tout sur ces petits bêtes lumineuses, qui se retrouvent le soir en « communauté » pour échanger : elles communiquent non pas par des sons, mais par ces clignotements lumineux! C’est féérique, on dirait ça et là des arbres de Noël illuminés. La société avec laquelle on se promène ce soir est inscrite dans une démarche éco-responsable bien démarquée de ses concurrents : l’observation des lucioles se fait en kayak et non en bateau à moteur, et elle est silencieuse…. (comme pour le tarsier)
En effet, le bruit, source de stress pour l’insecte, augmente leur luminosité transitoirement et permet de les repérer : les autres sociétés tapent dans leurs mains près des arbres pour les faire apparaître, alors que notre guide patiente dans la nuit noire et nous dirige en silence dès qu’il aperçoit les petits points lumineux. Notre silence permet de laisser les insectes communiquer, et en s’habituant à la pénombre, on les voit de plus en plus. Dans certaines communautés, au plus fort de leurs conversations lumineuses, les lucioles clignotent toutes en même temps, phénomène génial qu’on a pu observer sur l’un des arbres! L’impression de guirlande de Noël est alors décuplée! On aurait pu rester des heures à flotter sous les étoiles avec ces petits insectes scintillants au dessus de nos têtes! De temps en temps, une luciole moins farouche s’approche des kayak, frôle nos têtes, nous suit lorsqu’on pagaie, c’est étonnant!
On apprend que les lumières des lucioles tropicales sont « jaunes » (clair!) alors que les lucioles des pays tempérés à quatre saisons émettent une lumière bleutée. Les oeufs mettent une semaine à éclore, puis la larve grandit pendant 1 mois dans la boue des bords de rivière, où elle se nourrit d’escargots! Adulte, la luciole n’a que 14 jours de vie pour se reproduire, le clignotement lumineux constitue son moyen de communication avec ses congénères et permet aux mâles et aux femelles de s’attirer. Après sa courte vie adulte, elle s’éteint alors définitivement…
On gardera longtemps en mémoire cette soirée inédite qui a plu à toute la famille, éclairés par les étoiles du ciel, un croissant de lune, les lucioles des arbres et le plancton bioluminescent qui scintillait ce soir sous les coups de pagaie, dans une bonne conjonction des marées pour nous permettre d’observer ce phénomène singulier! La soirée s’est terminée par un délicieux repas philippin (comme quoi, ils savent cuisiner sain quand même!) servi au local de l’agence : Bohol a déjà mis le niveau bien haut!
(NB: inutile de préciser qu'aucune photo des lucioles n'est possible, du moins avec le matériel que je possède!)
Comentarios