Nous abordons maintenant la deuxième partie de notre périple dans le Nord de Madagascar, un voyage de 6 jours en boutre traditionnelle le long des côtes vers l’archipel des Radamas : dans cette région où aucune route n'arrive, la vie de brousse est très présente, nous aurons donc à faire à des villages encore très préservés. Nos copains de toujours, Alice , Stéphane et leurs "triplettes de Belleville" nous ont rejoints pour cette partie du voyage. Navigation le matin, installation du bivouac l'après-midi sur des plages sauvages, exploration des environs, nuit sous les étoiles, c'est une expérience assez hors du commun qui nous attend! Koh Lanta nous voilà! Ca va être roots, ça va être beau, ça va être grand !
Alefa, c'est le nom de l'agence locale à Nosy Be qui s'est lancée dans cette grande aventure du voyage en boutre traditionnelle depuis 30 ans maintenant, qui connait le coin comme sa poche, et avec qui j'échange depuis 6 mois pour l'organisation de cette croisière hors norme.
Nous embarquons à 7h du matin à bord de « Mahatsara » ("bien fait" en malagasy), magnifique boutre de bois de 15 mètres de long et de 7 mètres de large. C’est une annexe, en bois elle aussi, qui nous emmène au mouillage. Lorsqu’on enjambe le bastingage et qu’on découvre le décor, on est soufflés ! C’est véritablement magique, tout est en bois, la table est dressée au centre de l’espace de vie pour le petit déjeuner, vaisselle en métal, paniers tressés de fruits, on se sent transportés dans un monde hors du temps, on est remontés de 200 ans comme de 50 ans… L’équipage malgache est composé de sept gars qui vont rendre ce voyage incroyable : Jacky le chef guide, Serge le capitaine, Simon le cuisinier, Sylvano le tout jeune mécanicien, Jojo (ses-rastas-et-ses-biscotos-qui-font-baver-les-adolescentes-et-leurs-mères (ce thorax en V, j’vous raconte pas, Basile est fan absolu)), Jamil et Mando les polyvalents. Simon est déjà à l’œuvre en train de faire cuire des beignets (hum ces beignets !) sur les feux de bois de la zone de cuisine, les bananes, les oranges, les citrons verts s’entassent, des poules sont stockées dans des cages en osier ! On hallucine quand on les voit installer sur les cordages des guirlandes de viande de zébu à sécher!! On n’en revient pas, tout semble conçu pour y vivre parfaitement en autonomie ! Le miel est un délice, on s’en met plein les doigts, on déroule d’immenses tapis, on se love sur des coussins, et après s’être régalés de fruits et de thé, on s’allonge et on profite du moment, en voguant vers la côte ouest de Madagascar.
Vers le milieu de la matinée on fait une pause snorkeling sur une très belle zone de corail poissonneuse, où pour la premère fois de ma vie, je me fais squatter par un remura ! Ce petit poisson pilote qui ressemble à un mini requin d’une vingtaine de centimètres, vient me poursuivre sous les cuisses, en me chatouillant de façon coquine, impossible de m’en débarrasser, pour les plus grands fous rires de tous ! Je crois qu’il m’a prise pour une tortue, je ne sais pas si je dois en être vexée ou flattée ! Un véritable pot de colle ! Une fois que Jacky m’a expliqué que je ne craignais rien, je me fais une raison et je profite des fonds qui s’offrent à nous ! Les enfants sautent du bateau à qui mieux-mieux. On remonte à bord, on se régale de crevettes magnifiquement cuisinées par Simon, et on navigue encore un peu pour atteindre le mouillage du premier soir, certains gagnent la plage à la nage, d’autres dans l’annexe, et l’équipage nous installe rapidement le campement : ils sont impressionnants d’efficacité ! D’immenses nattes tapissent le sol, la zone de cuisine avec les feux de bois est mise en place, les enfants profitent de la baignade, d’autres vont explorer les WC ! Pas de toilettes ici, c’est la mer qui fait office de chasse d’eau géante ! Il faut marcher un peu pour aller trouver des rochers où la mer va et vient pour subtiliser nos gentils déchets ! On instaure un code pour savoir si c’est « occupé » : on plante un grand bâton en amont dans le sable ! Puis on part explorer les environs avec Jacky : on grimpe sur une colline de sable orange et rose, puis on redescend vers l’arrière du village qui jouxte notre campement : Marotony. La vie s’y écoule tranquillement, les enfants appellent « Vaza Vaza ! » (les blancs, c’est nous !), et ont toujours autant de plaisir à poser pour les photos du moment qu’on prend le temps de leur montrer leurs portraits en retour : des bouilles à croquer, des regards profonds,… Certains enfants pilent le riz, on est bercé par les coups répétés du pillon comme une mélodie qui envahit la brousse… C’est maintenant l’heure de la douche : on va au lavoir du village se laver à la tasse, l’eau douce est fraîche et tellement bienfaitrice pour rincer le sel et les peaux moites, le plaisir du savon les pieds dans l’herbe ! A notre retour les tentes sont installées, les lampes à pétrole sont disséminées de façon super poétique sur les nattes autour des tasses pour le rhum au citron vert, on nous amène du poisson grillé en apéro (de la carangue achetée une heure avant au pêcheur qui rentrait de sa sortie en mer) avec du guacamole (décidément un délice ces avocats !), puis le repas s’enchaîne avec du riz et un bouillon de zébu aux épinards et aux haricots, délicieusement parfumé. On finit la soirée par une partie de Loup Garou et on va se coucher tôt : on s’endort sous les étoiles et le bruit des vagues, cette première journée a donné le ton ! On a véritablement quitté la civilisation et son monde moderne : quel luxe ! Mais comment vont-ils pouvoir faire mieux demain ???
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