Pour ce dernier jour à Boukhara, nous allons faire un petit footing au lever du jour dans les rues de la vieille ville : un peu anachronique, mais un bon moyen pour profiter des belles lumières sur les bâtiments tout en se réchauffant, il fait vraiment frisquet le matin tant que le soleil n’est pas haut dans le zénith! Nous faisons le tour de la Citadelle, appelée "Ark", l’ancienne forteresse de l'Emir de Boukhara, maintes fois détruite et reconstruite, que nous visiterons de façon complète dans l’après-midi. Face à elle, à environ 300 mètres, les lumières sont superbes sur la mosquée Bolo-Khaouz, mosquée du XVIIIe siècle avec son iwan composé de 20 piliers de bois de 12 mètres de haut et ses boiseries colorées. J'avoue que je reste béate devant cette beauté. On raconte que l’émir, pour la prière du vendredi, faisait dérouler un immense tapis rouge qui reliait l’entrée de la forteresse à la mosquée ! Entre les deux se trouve la tour Sokrov, un château d’eau d'acier restauré par nos hôtes, un beau projet de longue haleine, qui permet d’avoir une jolie vue panoramique sur l’ensemble. En fin de matinée, nous sortons de la ville pour aller visiter le palais d’été de l’Emir, qui date du début du XXe siècle: l’influence russe se fait sentir, l’Emir de Boukhara est alors un vassal du tsar de Russie: c’est fastueux et très coloré. Les différentes pièces font office de musée : tenues traditionnelles, broderies d’époques magnifiques, ceintures en or massif, l’Emir était très riche! Mais il ne réussira pas à emporter tout son trésor dans sa fuite lors de l’invasion des Bolcheviks… Déjeuner dans une cantine typique du marché, où nous découvrons deux nouveaux plats populaires : les samsas fourrés à la viande et aux oignons, cuits au feu de bois, et le « haliça », un bouillon de blé et mouton bouilli pendant 24h, une sorte de petit gruau… appréciable! Le Tchor Minor sera notre dernier monument, une ancienne madrasa dont il ne reste plus que la partie centrale adorable à quatre tours et capuchons turquoises, construite dans ce quartier un peu éloigné des grands monuments, pour accueillir les enfants du quartier… On est tout seuls, c’est intime et charmant dans la lumière de l’après-midi, on peut monter sur le toit et se sentir hors du monde! On finira la journée perchés sur une terrasse pour un thé aux épices face au Poy-Kalon, en se faisant dorer par le soleil, au son de l'appel à la prière du soir par les différents muezzin de la ville: un moment suspendu qui ne finit pas de s'étirer et qu'on voudrait ne jamais voir se terminer...
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