Après notre matinée à Carthage, on est impatientes de rejoindre La Goulette, réputée pour ces fameuses pêches du jour.
L’épopée commence par une sacrée rencontre : Ali et son taxi!
Hélé au hasard d’une avenue vide de Carthage, il s’arrête au bord du trottoir : polo bleu, petit chapeau Borsalino en paille, un âge certainement déjà un peu avancé, on négocie ferme et il nous embarque, amusé de voir ces quatre docteurs bavardes envahir sa titine.
Ali est un coquin, il veut nous proposer des visites supplémentaires, mais on sait pertinemment ce qu’on veut : aller à la Goulette pour manger un « complet poisson », comme ils disent ici!
Ça tombe bien, il est natif de la Goulette, cette petite station balnéaire populaire prisée des Tunisois pour le déjeuner dominical.
On se fait déposer sur la jetée, où quelques cafés ont installé des chaises et des tables un peu négligemment sur le béton, face à la grande Bleue. Des pêcheurs ont lancé leurs lignes, des enfants jouent sur les rochers.
On comprend vite que les resto de poissons ne donnent pas sur la plage mais s’égrènent dans l’avenue Roosevet, parallèle au front de mer.
On jette notre dévolu sur El Mosli, avec sa terrasse populaire et son poissonnier en direct, qui tranche la pêche du jour face à nous, sur la glace.
Ce sera donc un « complet poisson » : on choisit daurade et loup, avec de la méchouia, cette garniture de poivrons marinés dans l’huile d’olive, la chorba, cette petite soupe tunisienne relevée, des bricks à l’oeuf ou au thon, et des frites!
Tout est cuit devant nous, fraîcheur garantie ! Les poissons sont écaillés, ouverts en deux, assaisonnés de sel et d’épices, et hop, sur le grill!
C’est un délice, et les serveurs sont fiers de me montrer leurs techniques de cuisine, c’est un plaisir de les admirer!
On a enfin trouvé notre resto du bon moment, authentique, délicieux, et pas cher !!
Dans la rue les vendeurs de figues de Barbarie nous donnent envie, et le serveur du resto a du voir nos airs envieux et nous propose une dégustation de fruits tout épluchés !
Repues, on file face à la mer pour un thé à la menthe un peu corsé, avant de retrouver Ali avec lequel on a conclu un marché pour aller à Sidi Bou Saïd également.
La coquinerie ne s’arrête pas, il prend plaisir à nous balader vers les ports puniques de Carthage, et est soudainement épris d’une verve photographique !!! Il s’arrête devant la mer, puis sur les trottoirs de bougainvilliers en fleurs pour nous prendre en photo, un vrai shooting de mannequins, il s’amuse de nous voir mortes de rire, il joue les galants et les Dom Juan, tellement touchant…
Mais on se quitte à Sidi Bou Saïd où il nous dépose au pied de la rue principale qui monte dans le village.
Aaaaahhhh…. Sidi Bou Saïd… Quoi que très touristique, on ne peut que se pâmer devant sa blancheur immaculée face à la Méditerranée: une architecture douce soulignée d’un festival de bleus sur les portes et les boiseries, c’est franchement magnifique.
Des vendeurs ambulants proposent des bouquets de jasmin qui exhalent, Mumu en ramasse un au sol, et c’est parti pour une promenade super agréable dans les ruelles de ce petit coin de paradis…
On commence par la visite d’une splendide maison de famille, avec ses patio, ses escaliers, ses toits-terrasses, ses coins et ses recoins, ses cactus et ses bougainvilliers qui dégringolent, un petit thé à la menthe, encore, offert à l’ombre d’une terrasse.
Puis on monte dans les rues adjacentes, si calmes une fois qu’on se déporte de la rue principale, vers le cimetière qui domine la mer, un rendez-vous des amoureux semble-t-il.
Et des chats encore et toujours, langoureusement allongés contre les murs, à se faire chauffer par le soleil, ou recroquevillés sur les pas de porte, pour les accompagner.
On redescend de l’autre côté du village, plus animé. Des musiciens ont créé un attroupement joyeux, on se pose sur les marches, et on écoute des chansons d’amour enlevées, en arabe, au rythme des percussions et de la guitare.
Nous voilà bientôt arrivés au fameux café des Délices, celui de Patriiiiiiiiick !!!!
Alors, oui, c’est touristique, il y a du monde, les serveurs sont très occupés, mais la vue est très chouette; on jette d’abord un oeil avant d’aller chercher le café des Nattes, réputé plus authentique.
Mais sur le chemin, des boutiques, de l’artisanat et des beignets bien gras et sucrés - es fameux « bambaloni » - nous font trainer! On fait nos repérages de petits souvenirs, on commence à réfléchir aux négociations!
Et voilà qu’on ne trouve pas le café des Nattes, ou plutôt qu’on le confond avec une autre terrasse, qui ne nous fait pas particulièrement craquer, alors, déçues, on retourne au café des Délices, on le veut ce thé aux amandes !!
Le soleil a bien décliné, les terrasses se sont vidées et c’est beaucoup plus agréable : on profite d’un long moment dans les lumières de fin d’après-midi qui jouent à cache-cache avec les nuages, la tête inévitablement emplie de la mélodie de la chanson éponyme !! (et qui me restera dans la tête encore plusieurs jours après!!).
Le thé à la menthe est bien bon, mais hors de prix !! (10 dinars, soit plus de 3 euros quand on le paie partout 3 à 4 dinars!), c’est la rançon du succès…
On ne peut pas se résoudre à rentrer maintenant sur Tunis, et une fois nos achats faits, on se dit qu’on aimerait bien dîner ici finalement… C’est alors, qu’à la nuit tombée, quand le rose du crépuscule éclabousse les toits, on tombe sur …. Le café des Nattes !!! Et son bel escalier recouvert de tapis de paille !! Il était dans notre dos, perché, comme pour nous narguer, et on ne l’avait pas vu au premier passage ! L’endroit est charmant et étonnamment peu fréquenté, et on se promet d’y revenir manger notre dessert.
Tout près la cour discrète et mignonnette d’un resto, le Chargui, nous accueille pour un couscous de poisson. On est presque toutes seules, les chats viennent parfaire le tableau de la quiétude qui a envahi la nuit.
On clôture le repas par un thé aux amandes et quelques pâtisseries au café des Nattes, nous voilà seules dans la grande salle intérieure, perchées sur des petites estrades.
On rentre en bus, et là encore une belle rencontre : le chauffeur nous propose de nous déposer au plus près de notre logement, après avoir fait son dernier stop pour décharger tous les passagers. Il tient absolument à ce qu’on rentre en sécurité, Mumu se retrouve dans sa cahute à l’avant à faire la conversation, lui aussi rêve de venir travailler en France!
Il stoppe sur la deux fois deux voies, met les warning, nous ouvre les portes et descend avec nous pour nous aider à traverser : épique !!
On clôt ainsi cette si belle journée d’exploration des environs de Tunis : Carthage, La Goulette, Sidi Bou Saïd, tant de choses chouettes sur de si courtes distances ! Un petit plouf final dans le bassin vert de notre Dar El Halfaouine, et on se glisse sous les draps en se disant qu’on a décidément passé trois jours charmants à Tunis : tellement dépaysants qu’on a l’impression d’être parties une semaine ! Merci les Tunisiens et les Tunisois pour votre accueil chaleureux et plein d’humour !