Pour cette deuxième journée au Laos, on s'est prévu de la diversité : on a gagné ce matin, à 1h de route de Luang Prabang, les cascades de Kuang Si, une petite merveille de la nature : une grande cascade de 50 mètres chute à grand fracas dans des vasques naturelles de calcaire, qui se succèdent et dégoulinent à gros bouillons les unes dans les autres sur environ 200 mètres, particulièrement pleines en cette fin de saison des pluies. L’eau est d’un turquoise-vert pâle laiteux, lié au carbonate de calcium dont elle est très riche. Les filles se lancent dans la baignade, qui n’est pas aisée : impossible de nager en direction des petites chutes de chaque cascade, on est systématiquement repoussées par la force du courant dans un sur-place rapidement fatigant! Mais on sort avec la peau toute douce! On reste quasiment deux heures sur place avant de reprendre la route et de s’arrêter à mi-chemin dans un charmant resto… de rizière! J’avais repéré les petites cahutes à l’aller, on se dit que ça va être un spot parfait pour le déjeuner. Imaginez cette vue, le vert des rizières, une petite brise, tout seuls, tellement tranquilles… Le padthai est très bon, on se régale! De retour en début d’après-midi sur Luang Prabang, on s’accorde une petite sieste (ce sera une petite pause piscine pour Zoé et moi), avant de partir en vélos (prêtés par l’hôtel, génial, avec un super porte-bagage tout confort pour la blondinette à lunettes) visiter un peu plus le centre historique de la ville. Que c’est joli, que c’est doux, que c’est paisible malgré son évident attrait touristique… Des bâtiments datant du début du XXe partout, des traces du protectorat français (La Poste, le Service des Transports, le centre des Sciences de la Santé), de très jolies maisons de bois, c’est dans un vrai décor de cinéma qu’on a le sentiment d’évoluer! Bien que se jouant dans l’ancienne Indochine voisine (le Vietnam actuel), « l’Amant » de Marguerite Duras est ici partout dans nos têtes! On s’arrête visiter une ancienne demeure princière de bois sur pilotis, Heuanchan, restaurée, avec ses quelques objets de musée, c’est très agréable de s’y promener et d’y boire un verre. Puis on enfourche à nouveau les vélos pour gagner le temple Wat Maï, construit fin XVIIIe-début XIXe, qui était celui du patriarche suprême, que le régime actuel appelle « président des moines ». Jolie toiture à 5 pans, bas reliefs dorés représentant la faune du pays (éléphants, tigres, buffles, cerfs..), et une immense pagode faite pour 50 rameurs, sortie au moment de la course de la pleine lune de fin aout. On voit aussi sur la terrasse arrière des grands lampions de papier en cours de confection, pour la fête des lumières qui aura lieu dans quelques jours, à la pleine lune d’octobre : à quatre jours près on va rater cet événement magique qui se tient annuellement dans Luang Prabang!!! « Boun Hueua Fay » est un moment spécial qui doit être assez féérique : tous les temples s’illuminent de lampes en papier, les habitants de chaque quartier défilent avec une embarcation décorée de ces lampes qu’ils font ensuite s’élancer sur la rivière de nuit, se mêlant aux lampions maison fabriqués par les habitants, pour « emmener au loin les pêchés ». On voit d’ailleurs un peu partout sur les trottoirs de la ville des petites vendeuses de ces lumignons artisanaux, constitués de boite de conserve et d’ailerons en papier coloré. On finit la journée par le temple de Wat Phrabat Tay, un peu excentré de la ville historique - on a bien fait d’y aller à bicyclette! - qui est un peu décrépi, habité par quelques jeunes bonzes nonchalants, mais qui offre une vue de dingue sur le Mékong au coucher du soleil! Et cette fois, rien à voir avec le Mont Phousi, on est absolument seuls!
La soirée est épique: on a jeté notre dévolu sur un resto situé sur l’autre rive de la rivière Nam Khan. Pour le rejoindre, il faut dans la nuit noire, descendre un escalier scabreux pour parvenir sur la rive, monter à bord d’une barque au moteur fragile et pétaradant au milieu du son des grenouilles (le dit-moteur aura d’ailleurs lâché pour le retour, le petit monsieur terminera à la rame pendant que son compère tentera tout le trajet de ré-enclencher le capricieux à la force des bras (je ne peux m’empêcher de penser à ma mère que j’ai vu toute mon enfance galérer à mettre en route le moteur de la vieille tondeuse à essence!)), puis débarquer sur le sable de l’autre rive, et ré-escalader un autre escalier scabreux, aux marches plus incertaines encore que le précédent!! On se demande un peu dans quoi on arrive, mais finalement le charme opère dès qu’on parvient sur le site. On est conquis par un charmant restaurant d’extérieur éclairé de petits lampions rouges, et par la spécialité du lieu, une sorte de « fondue-barbecue » au bouillon, un peu difficile à manger avec les baguettes, mais d’une finesse remarquable. On est repus après une telle journée, je crois qu’on a réussi à mettre encore à Manou des étoiles plein les yeux!
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