

Dans notre méchante expérience, nous avons aussi touché du bon.
Une famille marseillaise, ayant voyagé au Japon en juin et ayant appris notre mésaventure, a tenu à nous offrir une matinée de visite avec un guide Japonais passionné de français, Daisuke, alias Monsieur A.
D'abord difficile à accepter, avec cette impression étrange qu'on ne mérite pas tant d'attention, on s'est finalement laissé convaincre, c'était un geste admirable, touchant, émouvant, doublé d'une très belle opportunité d'en apprendre plus sur le thé car c'est sa spécialité.
Uji est une petite ville discrète à vingt minutes au nord de Kyoto, et pourtant, c'est la capitale du thé, berceau historique de la naissance de sa culture au Japon, sur ses collines au doux climat. C'est aussi la ville de naissance de Daisuke.
On retrouve notre charmant guide à 9h à la gare de Kyoto après avoir mis les bagages en lockers (super pratique), on est tout de suite séduits par son français parfait, sa douceur, son sourire! Il nous explique qu'il a étudié 4 ans le français au Japon, puis 1 an en France à Angers, en 2011! Nous qui lui donnions 25 ans, on comprend qu'il a aisément dépassé les trente ans, quelle jeunesse éternelle ces visages japonais! Il nous emmène d'abord voir les plantations, nous explique les différents types de thé au Japon, dépendant de la maturation et du processus d'oxydation. La chaleur est toujours aussi cuisante sous ce soleil de plomb, on le préfère à la pluie bien sûr mais on cherche l'ombre en continu! On visite ensuite un sanctuaire shinto, Daisuke nous en apprend beaucoup plus sur les codes, comment différencier temples et sanctuaires, comment faire la prière shinto, la purification à l'eau (non non les fontaines des sanctuaires ne sont pas faites pour s'asperger le visage, et pourtant c'est très tentant!!), le sens des statuettes, c'est passionnant.
On traverse la rivière et on découvre que les habitants pratiquent ici encore la pêche au cormoran, une étonnante technique de pêche qui ne se tient qu'en été, en soirée, sur des barques : on allume des feux et des torches suspendues au dessus de l'eau pour attirer le poisson, on tient en "laisse" des cormorans élevés pour ça, et depuis la barque, les oiseaux s'envolent et plongent pour attraper le butin, et le ramener sur les barques!
Vient alors la cérémonie du thé, que toute la famille a adorée! On nous fait entrer dans une pièce (climatisée, oh bonheur de la fraîcheur!), recouverte de tatamis de paille de riz, et on s'installe à genoux tout autour d'une zone délimitée par un ruban noir. Des dames élégantes en kimono viennent alors nous préparer le thé matcha, et Daisuke nous explique tous les codes, minutieusement enchainés. On doit ensuite manger la petite pâtisserie de haricot rouge sucré, garder le sucre en bouche pour ensuite réussir à adoucir l'amertume du matcha... pas facile!! Mais le moment est très chouette, voir comment on peut perpétuer ces traditions ancestrales, c'est magique! Photos des préparations interdites, mais autorisées pour le thé lui-même et le groupe!
On continue la visite de Uji par son temple Byodo-In, construit en 1053! On le retrouve sur les pièces de 10 yens, il est rendu célèbre par ses deux phénix qui trônent sur son toit, et ses magnifiques décorations d'origine (dont 26 statuettes de buddha aux instruments de musique) sont conservées dans un superbe musée attenant.
Daisuke est toujours tout sourire, et répond volontiers aux questions dont l'assaille Félix sur la vie quotidienne au Japon, ses héros préférés de manga, comment réussir en machine à pinces pour capturer les peluches, etc ! Ils ont bien accroché, on parle de son vécu en France, voilà qui donne une dimension encore plus chouette à ce moment passé avec lui.
Nous partons désormais vers Hiroshima, et on n'oubliera pas ce moment fort du voyage, offert par une famille qui ne nous connait pas, mais qui a ici montré que les Japonais ne sont pas seuls à savoir montrer leur empathie et leur solidarité!
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