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Bolivie, nous voilà!







C’est le cœur serré que nous quittons Venancio et sa bienveillance : ayant pitié de nos bagages, il nous prépare même son âne pour nous accompagner sur le chemin ! Félix est préposé à la conduite mais l’animal est super docile. Venancio nous offre des « fleurs de bon voyage » qu’il vient de cueillir pour la suite de notre périple, c’est trop mignon… Les lumières du Titicaca nous accompagnent jusqu’au bout de la presqu’île, et nous voilà embarqués avec Tito car Dulio a dû aller chercher une autre cliente à Arequipa, très malade à cause de l’altitude. Aujourd’hui nous devons rejoindre la frontière bolivienne pour passer de l’autre côté, mais avant, nous nous arrêtons sur un autre site funéraire, plus petit, sur un promontoire à 4000 mètres d’altitude : Cutimbo. On est seuls, le site est très peu touristique. La montée est une épreuve, on en bave un peu, mais on fait des pauses régulièrement. A l’arrivée, la vue est sublime, on observe des viscachas dans les ruines : ce sont des rongeurs de taille moyenne, qui ont une tête de lapin, une queue d’écureuil et qui sautent comme des kangourous ! La chullpas principale est très jolie avec ses animaux gravés : deux têtes de singe, un puma et un viscachas : nous avons droit à de belles explications de Tito sur la philosophie de vie des Incas, que les Péruviens essaient de faire perdurer aujourd’hui : le trio « serpent-puma-condor » représente la santé, dont chacun est responsable. Le serpent correspond à la colonne vertébrale, le puma au cœur et le condor au cerveau. Une fois la santé préservée, c’est ensuite l’amour qu’il faut entretenir, et la connaissance, mais pas la connaissance « intellectuelle », la connaissance pratique : l’agriculture, la pêche, ce qui permet de survivre ! Ensuite c’est l’action : on agit temps que le soleil est là, on se couche dès qu’il disparaît ! Puis on pense au passé, au présent et au futur pour guider son action. Bref, un joli cours de vie péruvienne avec une vue de fou ! Il est maintenant temps de quitter le Pérou, on longe encore pendant longtemps le Titicaca, on lui dit au-revoir, et Tito nous dépose à Desaguadero, à la frontière entre le Pérou et la Bolivie. Moment que j’appréhendais un peu, entre les démarches administratives, et les bagages à pied : finalement tout est très simple, on passe le poste frontière péruvien, vérification des passeports, un tampon sur chacun, et hop ! on traverse un pont et nous voilà au poste frontière bolivien : rebelote, passeports, tampons et « bienvenudos a Bolivia ! ». Et là, il nous faut trouver un taxi pour La Paz, à environ deux heures de route d’ici. On charge d’abord les bagages sur un petit touk-touk vélo, qui ne roulera pas longtemps car on trouve immédiatement un taxi prêt à nous emmener, pour une vingtaine d’euros pour nous cinq, c’est une bonne affaire ! Mais voilà, il y a déjà un client devant, on se demande un peu comment on va rentrer tous ici, famille et bagages. Qu’à cela ne tienne, le chauffeur bourre nos bagages dans le coffre, et y dessine une petite place supplémentaire, on croit qu’il veut qu’on y mette encore nos sacs à dos mais non : « el chico !! ». Et oui, ce qu’il veut, c’est

« le Félix dans la malletas » !!!! Félix ne se fait pas prier mais n’a pas compris qu’on partait pour deux heures de route !! on est morts de rire, mais il le prend bien, on discute un peu avec lui depuis son coffre, enseveli sous les bagages, et invisible à nos yeux. C’est vraiment cocace, et ça n’est pas fini. Alors que la véhicule roule à bonne allure depuis une vingtaine de minutes, on doit s’arrêter à un barrage militaire. On ne fait pas les malins.. Deux militaires, genre habillés en militaire qui fait peur avec le casque, la cagoule, le treillis et tout et tout, exigent de voir nos passeports. Le taxi leur explique qu’on est des Américains ( !!) mais les militaires insistent : et là, grand vide : nos passeports sont dans un sac… dans le coffre !!! Qu’il va falloir ouvrir !!! je vous raconte pas nos têtes à tous à ce moment-là. Je sors de la voiture en mode « je serre les fesses mais je fais comme si tout était normal », le chauffeur de taxi ouvre le coffre devant les deux militaires et révèle ainsi la présence de notre Félix, tout coincé, qui me dit « euh, j’ai le droit d’être là ?? », moi de lui répondre impassible « oui, oui » tout en fouillant mon sac, et les deux militaires qui n’ont absolument aucune réaction !!! Comme si finalement le chico n’était qu’un sac supplémentaire !! incroyable, les militaires vérifient les passeports et nous laissent repartir sans problème ! Quelle poilade une fois la portière refermée !! Un souvenir inoubliable ce trajet pour la Paz !! Nous arrivons à la nuit tombée dans une ville qui a l’air surréelle : la ville la plus haute du monde, qui s’étage entre 3200 et 4000 mètres d’altitude, entourées de sommets à 6000 mètres ! On devine les téléphériques, et la vie grouillante. Le lendemain matin, nous avons rendez-vous avec Edwin et sa femme Mirtha, qui seront notre guide et notre cuisinière pour dix jours de road-trip à travers le pays. On charge tous les bagages sur le toit et nous voilà partis. Enfin, partis… il nous faudra plus de deux heures pour parvenir à sortir de la Paz, voilà une ville qui grouille d’habitants, de voitures, de collectivos aux allures de camionnettes de cirques, de marchés, nous sommes véritablement coincés dans cet imbroglio de vie colorée et en pente ! Et comme nous fait ironiquement remarquer Edwin (hispanophone uniquement, ça va nous obliger à travailler notre espagnol !), « la Paz » signifie « tranquillité » ! Les femmes ici portent en plus de la jupe plissée très évasée qui leur fait un bassin énorme, un petit chapeau melon à peine posé sur la tête, c'est adorablement désué... et toujours ce baluchon en tissu des Andes coloré dans le dos, en commun avec le Pérou. Un petit almuerzo plus tard dans les faubourg de la ville haute, « El Alto », et nous voilà vraiment en route sur l’altiplano bolivien… La route défile dans la torpeur de l’après-midi, nous faisons une petite pause pour aller voir la très jolie Iglesia Curahuara de Carangas, datant de 1610 avec son superbe campanile blanc qui contraste magnifiquement dans le bleu du ciel de seize heures, et nous attendrons vingt minutes le curé pour qu’il vienne nous ouvrir l’église : surnommée « la chapelle Sixtine de l’Altiplano », rescellant des trésors de peintures. Malheureusement retenu dans un autre village, on n’en aura jamais la clé ! Nous arrivons en fin de journée, alors que la lumière baisse et le vent se lève, dans le si rêvé parc national de Sajama : mon graal… Nous sommes entre autres au pied du volcan Sajama, le plus haut sommet de la Bolivie avec ses 6540 mètres, et des volcans jumeaux "Payachatas", qui marquent la frontière avec le Chili : le Parinacota (6348 mètres, oui ça me fait délicieusement penser à « panacotta » avec son sommet tout blanc) et le Pomerape (6282 mètres), je vous laisse imaginer le panorama dans ce village western du bout du monde, où il n’y a personne, ou si peu !!! L’hôtel est étonnamment plutôt mignonnet en déco, même si on y est gelés ! Et oui, les hôtels et auberges en Bolivie ne sont pas chauffés, et si les températures de midi atteignent les 19 à 20 degrés, celles de la nuit peuvent tomber à plusieurs degrés en dessous de zéro en août! On y est seuls avec deux jeunes copains français qui partent dans la nuit « se faire un 6200 », et oui… très rigolos ils nous racontent leur expérience dans le Sud Lipez, où, au matin du troisième jour de leur tour, ils ont trouvé leur guide en coma éthylique dans sa voiture : ils l’ont couché dans l’auberge et… ont décidé de prendre eux-mêmes le volant pour leur dernière journée, sans connaitre le trajet ni le fonctionnement du véhicule ! Y en a qui sont culottés et qui ont bien raison !! On sort les sacs de couchage grand froid prévus par Edwin et Mirtha, à glisser sous les triples couvertures, et on découvre les talents de cuisinière de Mirtha : les enfants sont conquis ! Une bouillotte dans le sac de couchage et hop, c’est parti pour notre première nuit à plus de 4000 mètres d’altitude (4200..)… Sajama, mon rêve, nous sommes à toi !











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