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"Africat", le centre de soins, de recherche et d'éducation sur les félins de la réserve d'Okonjima: une visite passionnante




Pour notre dernière journée en Namibie, on va être sacrément gâtés : elle sera consacrée à l’observation des guépards et des léopards!

Le rendez-vous est donné en fin de matinée pour la visite du centre de soins, d’éducation et de recherche sur les félins hébergé par la réserve, Africat.

On a donc le temps de savourer le début de la journée, entre petit déj lent, dernières petites lessives, réorganisation des valises, et piscine !

Pour la première fois depuis le début du séjour, en dehors des zones côtières, on voit arriver des nuages dans ce ciel si bleu : serait-ce l’amorce d’une fin de saison sèche ?

La visite du centre Africat s’avère passionnante : c’est Gideon qui sera notre guide pour la journée, et il a des tas de choses à nous apprendre. On revit, Basile et moi, nos rêves de documentaires animaliers!

La fondation est née en 1992, son rôle premier était de soigner les bébés guépards ou léopards, recueillis après que les mères aient été tuées par des fermiers.

Guépards et Léopards sont deux félins, d’allure semblable mais avec des différences essentielles.

Le guépard est le plus vulnérable de tous les grands félins: pourvu de petites dents, il s’attaque à du gibier de petite taille, a besoin de viande fraîche et doit donc manger tous les jours. Plus fin et plus léger que le léopard, il a la particularité d’avoir les griffes dehors en permanence, qu’on peut repérer dans son empreinte au sol, ce qui lui permet une accroche de qualité lors de sa course, la plus rapide du monde ! Sa vitesse de pointe peut monter jusqu’à 110 km/h mais il s’épuise dès 300 mètres, il ne peut donc tenir cette vitesse que sur de très courtes distances.

Le léopard, lui, est plus massif, plus lourd, plus puissant, avec des dents plus longues, et s’attaque au gros gibier. 

Le problème de taille rencontré par la fondation depuis 20 ans est le constat d’un échec majeur sur la réhabilitation du guépard: en effet, le principal prédateur du guépard est … le léopard!!! Pas pour des raisons alimentaires, mais par compétition de territoires: un léopard cherche à tuer systématiquement un guépard qui évoluerait sur le même territoire, même si la chaine alimentaire n’est pas la même… Au fur et à mesure des années, la fondation a fait un amer constat : tous les guépards orphelins recueillis par le centre de soins pour être élevés puis relâchés dans la réserve, n’ayant eu aucun apprentissage social par leur mère, se sont faits tuer par les léopards dans une guerre de territoire. Faute d’une éducation maternelle aux dangers des prédateurs, un guépard est une proie facile, et est voué à mourir… La fondation a donc été contrainte de stopper le recueil de bébés guépards orphelins, a dû parquer les derniers guépards recueillis dans une zone sécurisées par de hautes barrières pour les protéger des léopards jusqu’à leur fin de vie (une maison de retraite en somme!), et a décidé de tout miser sur l’éducation des populations locales pour que les mères ne soient plus tuées. C’est un travail immense qu’a enclenché la fondation il y a plusieurs années, en commençant par les écoles pour que les enfants puissent aider leurs parents à changer leurs comportements. Ils reçoivent également les fermiers, les villageois et leur proposent des solutions simples pour que le bétail ne soit pas attaqué, comme expliquer quels types de barrière sont efficaces, juste par plus de hauteur, et non artisanales en barbelé enroulé, que les félins peuvent facilement contourner.

Ils expliquent aussi qu’une mère tuée, ce n’est pas faire disparaître un seul individu de l’espèce, mais plusieurs spécimens, en comptant les foetus ou les futurs foetus qu’aurait pu porter la femelle, ainsi ils ont des foetus de lion en bocaux pour aider les populations à réaliser cette notion.

Africat ne recueille donc plus de bébés guépards orphelins mais reste un centre de soins. Depuis le Covid, il n’y a plus de vétérinaire à demeure, il vient de Windhoek, à 2h30 de route, pour chaque appel. Les félins blessés sont le plus souvent soignés sur le lieu de l’accident - comme un SMUR, pour animaux!, une notion qui m’est bien familière ;)-, pour limiter les stress liés au transport.

D’autres mammifères sont soignés, en fait toute vie animale qui en a besoin : oiseaux, pangolins, cervidés…

Lors de notre visite, le vétérinaire de Windhoek a été appelé pour un aigle africain qui a été retrouvé sur la route, totalement déshydraté.

Une équipe de volontaires est sur place pour le réhydrater et il vient gentiment nous chercher pour nous montrer l’animal, énorme, se laissant totalement nourrir et hydrater à la seringue.

Gideon nous fait visiter la clinique, nous montre le matériel : colliers de suivi pour les léopards disséminés dans la réserve, qui permet leur étude attentive sur les comportements et les territoires par le centre de recherche; seringues hypodermiques pour les anesthésies, type de soins dispensés : fractures, soins dentaires, soins des yeux.

Une pièce ressemblant à un mini-muséum d’histoire naturelle avec des bêtes empaillées permet de poursuivre le travail d’éducation : ne jamais mettre la main dans un trou de termitière !!! Une termitière en activité ne présente pas d’anfractuosités; seules les termitières abandonnées, soumises à la pluie et à l’érosion, vont se creuser par endroit, devenant alors la cachette favorite des serpents, en particulier le Black Mamba, un serpent mortel de Namibie capable de vous tuer en 15 minutes !!! Avec une longueur de 2 à 2, 50 mètres, la bestiole est impressionnante et nous avons la chance de voir une dépouille de peau complète, dont la taille est … glaçante !!

Le centre de recherche étudie aussi particulièrement les pangolins, mais nous n’en verrons pas.

Gideon nous présente également les léopards les plus étudiés de la réserve, que nous aurons peut-être la chance de rencontrer ce soir lors de notre virée en safari : poids, taille, territoire, généalogie, c’est passionnant.

On finit la visite en voiture, on a l’honneur de pouvoir pénétrer dans l’enclos (2000 hectares tout de même!) des guépards restants. Il s’agit d’individus âgés de 14 ans, pour une durée moyenne de vie en milieu sauvage de 8 à 12 ans, ce sont donc des papys, qui passent leur douce fin de vie à manger et dormir… On comprend bien en les voyant que le centre de soins a stoppé cette activité de recueil des orphelins puisqu’elle ne permettait pas leur survie en milieu 100% sauvage et naturel. Mais c’est fou de se trouver à moins de trois mètres de ces félins si impressionnants, ces grands chats graciles magnifiques avec leurs deux traces noires, qui, telles un élégant trait de khôl, partent de l’angle des yeux jusqu’aux coins des babines…

Ce soir, on repart avec Gideon dans la réserve à taille réelle, la vraie de vraie, pour traquer Vamos, une femelle léopard : ça promet d’être sacrément excitant !





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