12-13-14 novembre : Lucky Bay… un de nos graals. Un souvenir émerveillé de cette plage immense aux eaux intensément turquoises sous un ciel bleu azur, au sable immaculé crissant sous les pieds comme de la neige, aux kangourous peu farouches et aux dauphins que nous avions vu virevolter en saltos dans la baie. Mais la saison est différente et la météo nous fait un petit caprice de printemps… La nature nous prépare peut-être à la Nouvelle-Zélande ! Nous n’aurons pas les 30 degrés et le soleil resplendissant de janvier 2012 ! Pourtant les jours d’avant et ceux d’après sont assez chauds, entre 24 et 33°C, mais nous tombons pile dans les 3 jours les plus froids, un vrai temps d’île de Ré je vous dis (pour les jours de vent frais et ciel nuageux !). J’appréhende donc notre arrivée dans Cape Le Grand National Park, à 560 km d’Albany, avec l’inquiétude d’avoir imposé autant de distance au reste de la troupe pour revoir cet endroit sans le soleil… Les derniers kilomètres effacent aussitôt les angoisses : dès que nous pénétrons dans le parc national, malgré le gris du ciel que quelques timides rayons lumineux parviennent à traverser, la richesse de la végétation, ses variétés de forme et de couleurs, et les premiers kangourous qui traversent devant nous, redonnent aussitôt l’envie d’aller au bout. Lucky Bay est bien là, et l’effet est immédiat : époustouflante même dans la grisaille ! Les eaux translucides, dans un beau dégradé turquoise d’aquarelle, prennent immédiatement au cœur. La troupe est conquise, je suis soulagée ! On imagine alors à quel point les couleurs peuvent être intenses sans nuages ! Le jour tombe, nous décidons, une fois installés sur le campement (très agréable à cet endroit, avec douches solaires et WC) d’aller nous défouler sur la plage. Les émotions sont aussitôt là : les kangourous sont bel et bien au rendez-vous, une maman et son jeune trop mignon en se redressant dans son jeu d’oreilles aux aguets ; alors que nous nous émerveillons, c’est maintenant une autre créature qui traverse devant nous, nous prenant par surprise : un grand serpent noir aux motifs « panthérisée » de jaune, ondule lentement en faisant siffler sa langue, nous estimons sa taille à 1,20 mètres environ (peut-être plus ?) Nous retrouvons les sensations de ce sable saturé en sel, crissant comme la neige sous les pieds, et aux allures de poudreuse épaisse dans les zones sèches. Ciel rougeoyant derrière les nuages, la splendeur de la nature australienne continue de nous surprendre dans sa diversité, son immensité, ses couleurs. Repas dehors car il fait doux malgré tout pour ce premier soir, nous retrouvons avec bonheur cette sensation de communion avec la nature sans électricité, et ses inconvénients aussi : des centaines de papillons de nuit virevoltent autour et dans non assiettes…Le lendemain matin, plein de petites crottes de kangourous au pied des camping-cars, nous avons donc eu de la visite la nuit ! J’ai promis à Basile un petit déjeuner en tête à tête sur la plage, comme il y a 5 ans, c’est là qu’il avait pu pour la première fois caresser un kangourou, il veut revivre ses anciennes émotions ! Le ciel est toujours gris, mais je ne me lasse pas de photographier les vagues, le bleu, le blanc. Alors que Maman et Félix préfèrent rester au campement, nous partons ensuite avec Papa, Françoise, Pierre, Basile et Zoé en sac à dos, pour une petite randonnée de 2h dans la lande, à travers les énormes rochers de granit orangés, pour rejoindre la plage de Thistle Cove : fleurs à foison, le vent se lève, on respire à plein poumons ! On croise encore des kangourous, dont un couple : la mère nous tourne le dos mais je suis persuadée qu’elle porte un petit dans la poche, le mâle lui se dresse de façon impressionnante face à nous, avec son magnifique poitrail, de haute taille (1,50 m ? plus ?), il se met à bondir en cercle pour nous intimider ! Basile n’était pas tranquille mais il a adoré cette rencontre ! Des oiseaux jaunes et noirs également, sorte de colibris sautillent d’arbre en arbre. Avec Basile, nous faisons un détour par la plage pour le retour pour tenter de croiser encore et encore nos amis les marsupiaux, et cette fois c’est une maman avec son petit dans la poche que nous admirons de longues minutes : trop craquant ! On découvre avec surprise que le garnement se positionne comme il veut au fond de la poche, tantôt la curiosité ou la faim lui fait sortir la tête (il broute en même temps que la mère en restant bien au chaud !), tantôt il s’enfonce tête la première et ce sont alors les pattes arrière qui dépassent de la poche, un beau siège ! On pourrait rester sans limte à les inspecter, mais l’heure du repas a sonné. On mange encore dehors mais le vent devient vraiment frais, et nous décidons de terminer le repas par un passage sur la plage où un truck s’est installé, pour prendre cafés et chocolats chauds, avec des « dumpers » à la confiture de « quondong » (un fruit local) : des sortes de petits scones briochés faits maison, on s’est bien régalés. Belle rencontre avec Robyne, la tenancière aborigène du truck, avec qui nous avons papoté un long moment de notre voyage, du pays, de sa famille éparpillée aux 4 coins de l’Australie mais unie par la même origine tribale. Les uns vont ensuite se réchauffer dans les camping-cars, les autres poursuivent la ballade sur la plage, encore et toujours cette sensation incroyable sous les pieds, on voudrait ne plus quitter cet endroit magique. Un kangourou, occupé à brouter les algues, vient parfaire le cliché ! Repas dans le camping-car pour ce 2e soir, il fait vraiment trop froid dehors, et là encore, à la sortie pour la « vaisselle-party », on se fait surprendre par beau kangourou presque installé sur le marchepied ! La nuit est venteuse et pluvieuse à plusieurs reprises, et le ciel toujours gris au réveil, les températures ont bien baissé, 14 ou 15 degrés, pas plus, et le vent semble glacial. Dernière escapade pour moi qui voulais monter sur les gros rochers face à la baie, une famille de trois kangourous bondit en colonne à travers les bruyères, et nous levons le camp, avec cette même sensation que la dernière fois : il est impossible d’envisager de ne pas revenir ici encore une fois un jour, et qui sait, sous le soleil ?